Les Rogations - 15, 16 et 17 mai — Paroisse de Gray

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Les Rogations - 15, 16 et 17 mai

Fête des Rogations
Les 3 jours avant l’Ascension.
C’est Saint-Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné, qui, en 474, institua la fête des Rogations les lundi, mardi et mercredi précédant le jeudi de l’Ascension.
Il demanda aux fidèles d’organiser pendant ces trois jours des processions pour demander à Dieu de bénir les travaux des champs et de garder hommes et bêtes en bonne santé.
Le pape Léon III rendit les Rogations obligatoires dans toute l’Eglise au IXe siècle.

Mardi 16 mai - 18h00 - Messe des Rogations à Fahy-lès-Autrey (Statue Notre-Dame), suivie de la procession
Mercredi 17 mai - 18h00 - Messe des Rogations à Ancier, suivie de la procession

QUI SAURAIT DIRE AUJOURD'HUI CE QUE SONT LES ROGATIONS ?

Du mot latin rogatio : « action de demander », « supplication », « prière ». L’origine des Rogations remonte au Ve siècle : elles furent instituées en Gaule en un temps tragique : afin d'obtenir la fin des calamités qui menacaient la région à cette époque,  saint Mamert, évêque de Vienne, en Dauphiné, institua un jeûne et des processions chantées pendant les trois journées qui précèdent l’Ascension.
Le péril passé, la coutume persista et se répandit dans d’autres diocèses ; on demandait principalement, en ces suppli­cations solennelles, la bénédiction divine sur les travaux des champs, en vue des récoltes à venir.
Le chant des litanies constitue la part principale des prières chantées lors de la procession des Rogations. 
Les rogations ont 3 axes : pour notre saint Père, le pape, pour la paix dans le monde, pour le monde agricole

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Un dimanche matin du mois de mai, à Druras, un joli village rural ensoleillé de Haute-Garonne. C’est l’époque des Rogations, le Père François, à l’issue de la messe, fait la bénédiction du matériel agricole, du bétail et des semences. « Par temps de famine, cette messe était vitale pour les agriculteurs, explique le Père François, aujourd’hui, c’est la reconnaissance du travail agricole. Instaurer et conserver cette messe est un retour nécessaire à nos racines. Sans les agriculteurs, nos champs seraient des champs de ronce, ils nourrissent les hommes et entretiennent le patrimoine rural qu’est la terre.». Cette bénédiction se clôture par un repas champêtre sur la place du village.

Depuis l’après-Guerre, avec la mécanisation de l’agriculture (qui faisait ses miracles toute seule !) et l’exode rural qui a largement appauvri les paroisses de campagne, la prière des « rogations » avait disparu, parfois vue comme une superstition (« peut-on vraiment prier pour demander la pluie ? »). Mais voilà qu’un peu partout en France, en Bretagne, en Bourgogne, en Languedoc, en Alsace, depuis quelques années, la pratique des Rogations, timidement mais sûrement, refait surface.

C’est une prière très ancienne qui a accompagné dans nos pays, pendant des siècles, l’évangélisation du monde rural. Elle aurait été inventée par saint Mamert, évêque de Vienne en Gaule méridionale au Ve siècle. C’était une époque de calamités, à la conquête de la province par les Burgondes s’ajoutaient des incendies, des tremblements de terre, et Mamert voulait relever le courage de son peuple. Il décréta trois jours de prières, juste avant l’Ascension, pendant lesquels on marcherait en procession dans la campagne en chantant des psaumes ! Toute la Gaule se passionna pour cette prière des « rogations » (littéralement, des demandes) et elle devint universelle. Tous les habitants de chaque village processionnaient, demandant à Dieu de protéger les semences, les récoltes, de bénir les travaux des hommes par sa pluie et son soleil. Au VIe siècle, saint Césaire raconte que la procession, en Arles, durait six heures entières et que le clergé, fatigué par la longueur des chants, faisait chanter les femmes pour respirer un instant !

Aujourd’hui, les rogations n’ont plus n’ont plus une place fixe dans le calendrier liturgique postconciliaire, mais dès 1969, mission avait été donnée aux conférences épiscopales de chaque pays d’en organiser le déroulement en fonction des besoins. Chaque pasteur peut donc se montrer inventif. En France actuellement, lorsque des évêques, des curés de paroisses rurales, des communautés, proposent à nouveau des « rogations », c’est souvent sous la forme d’une messe suivie de procession (ou de processions conclues par une messe). Les « trois jours » d’autrefois dans le même lieu sont répartis sur trois lieux différents d’une même paroisse, offrant aux gens la possibilité d’une bénédiction plus proche de leurs lieux de travail. Dans pas mal de cas, la messe est le moment de bénir les fruits de la terre, blé, vigne, ou toutes sortes de fruits, que les gens apportent.

Dans un monde rural en difficulté (pour ne pas dire en grande souffrance), il est bien évident que les prières de bénédictions de la terre, des moissons, des vignes etc. peuvent être une belle manière pastorale d’accompagnement et une marque d’intérêt de l’Eglise pour les agriculteurs. A l’heure écologique et aussi à l’heure de « l’Eglise verte », bénir la terre et ses fruits, c’est penser la Création et la vie spirituelle ensemble, très concrètement. Cinq ans après Laudato Si’, les rogations… s’imposent !

Le missel romain offre des formulaires de messe pour le temps des semailles (n°27), ou pour les récoltes (n°30). Le livre des bénédictions contient aussi de belles prières que chacun, prêtres ou laïcs peut prier sur les lieux de son travail. Par exemple : Dieu, qui dans ta providence dès le commencement du monde as prescrit à la terre de produire l’herbe et des fruits de toute sorte, toi qui donnes au semeur la semence et le pain pour la nourriture, nous t’en prions : permets que cette terre, enrichie par ta largesse et cultivée par le travail des hommes, produise du fruit en abondance pour que ton peuple se réjouisse des biens que tu lui accordes, et qu’il te rende grâce ici et dans l’éternité. Par Jésus, le Christ notre Seigneur. Amen

Frère Dominique-Marie Dauzet,
Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle

(​Source : Eglise catholique en France, 2020)
 


La bénédiction des blés en Artois, 1857, Jules Breton, Musée des Beaux-Arts Arras

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Les jours des Rogations sont, dans le calendrier romain tridentin, les trois jours précédant immédiatement le jeudi de l'Ascension, c'est-à-dire les 37e, 38e et 39e jours après Pâques. Ce terme est encore utilisé aujourd'hui par les Églises catholique, anglicane et quelques Églises orthodoxes. Les Rogations consistent à l'origine en des rituels apotropaïques et propitiatoires (chants religieux, prières d'intercession, processions) pour favoriser la prospérité des moissons. Analogues aux anciens rituels printaniers de fécondité adressés aux dieux du feu et aux déesses de la fertilité, et ayant lieu dans diverses sociétés de subsistance de par le monde, ces pratiques consistent à implorer la pluie, le mûrissement et la moisson des grains, ou la protection contre des maladies des céréales qui provoquent depuis l'époque néolithique de grands dégâts sur les plantes cultivées. Au Moyen-Âge, les aléas climatiques et les attaques de ravageurs de plantes favorisent cette pratique religieuse issue de la christianisation de la fête religieuse romaine des Robigalia, et qui perdure dans les campagnes jusqu'à la seconde moitié du xxe siècle1.

Le mot « rogation » est un emprunt au latin rogare, qui signifie « demander ». Il est à noter que, dans les régions de langues d'oïl en France, le mot Rogations cohabite avec voire est supplanté par les appellations traditionnelles Rouvaisons ou Rouaisons, ces derniers mot étant, quant à eux, des descendants naturels du même étymon latin rogatione(m) via l'ancien français rovaison, roaison. Rogations sert à qualifier cette période de l'année car l'Évangile du dimanche précédent comprend le passage « demandez ce que voudrez et cela vous sera accordé » (Jn 15,7). Le terme rogation, en latin rogatio, signifiait originellement « demande » et a pris le sens de « prière, supplique » en bas latin et de « prière accompagnée de processions » en latin ecclésiastique.

  • Historique de l'usage et des prières rogatoires

Cette fête, encore appelée les Litanies Mineures, fut introduite par l'évêque de Vienne, saint Mamert en 474 dans la vallée du Rhône et en Dauphiné. Le récit de l'institution de Saint Mamert nous est connu par une homélie de Saint Avit, successeur de Mamert à la tête de l'évêché2.

Grégoire de Tours rapporte :
« Il (Avitus) rapporte, dans une homélie sur les Rogations, que ces mêmes Rogations que nous célébrons avant le triomphe de l’ascension du Seigneur, furent instituées par Mamertus, évêque de Vienne[ci], dont Avitus était alors lui-même le pontife, à l’occasion d’un grand nombre de prodiges qui épouvantaient cette ville. Il y avait souvent des tremblements de terre, et les loups et autres bêtes féroces, entrant par les portes, erraient, sans rien craindre, par toute la ville. Comme ces choses se passaient dans le cours de l’année, l’arrivée de la fête de Pâques fit espérer au peuple fidèle que la miséricorde de Dieu mettrait, le jour de cette grande solennité, un terme à leur épouvante. Mais la veille même de cette glorieuse nuit, pendant qu’on célébrait les cérémonies de la messe, tout à coup le palais royal, situé dans la ville, fut embrasé du feu divin. Tous furent saisis de terreur, et abandonnèrent l’église, craignant que cet incendie ne consumât toute la ville, et que la terre ébranlée ne s’entrouvrît. Le saint évêque, prosterné devant l’autel, supplia, en gémissant et pleurant, la miséricorde de Dieu. Que dirai-je ? la prière de l’illustre pontife pénétra jusqu’aux cieux, et le fleuve de larmes qu’il répandait éteignit l’incendie du palais. Pendant que ces choses se passaient, le jour de l’ascension du Seigneur approchant, comme nous l’avons dit plus haut, il prescrivit un jeûne aux peuples, et régla la forme des prières, l’ordre des lectures pieuses, ainsi que la manière de célébrer les Rogations. Tous les sujets d’épouvante s’étant alors dissipés, la nouvelle de ce fait se répandit dans toutes les provinces, et porta tous les évêques à imiter ce qu’avait inspiré à Mamertus sa profonde foi. On célèbre encore aujourd’hui, au nom de Jésus-Christ, ces cérémonies dans toutes les églises, avec componction du cœur et contrition d’esprit. »

Au Moyen Âge, ce rite propitiatoire vise à immuniser le territoire rural contre les puissances infernales, souvent ridiculisées par des représentations de dragons empaillées. Trois jours durant, le clergé et les fidèles font en procession le tour du finage dont les limites sont signalées par des croix temporaires ou fixes. Prières, formules de bénédiction et gestes de purification permettent de garantir les trois récoltes majeures, le premier jour étant réservé aux prés, le deuxième aux champs et le troisième à la vigne ou aux cultures secondaires. Des haltes sont prévues aux chapelles et aux croix de carrefour. Des arrêts, décorés comme des reposoirs avec des guirlandes de fleurs printanières, sont souvent l'occasion de collations, a priori frugales, même si ces fêtes sont prétexte à réjouissances3.

Lors du concile d'Orléans (511), les évêques réunis décident que les Rogations seront célébrées en Gaule pendant trois jours avant l'Ascension (canon 27) et, un peu plus tard, Gontran, un des petits-fils de Clovis, en ordonne la célébration dans tout le royaume de Bourgogne. En 567, les décisions du concile d'Orléans sont confirmées par les conciles de Lyon et de Tours qui rendent aussi fériés ces trois jours. Entre le viie et le xe siècle, les rogations s'étendent dans tout l'Occident. La diffusion de la fête dans les campagnes accompagne l'ancrage territorial croissant de la paroisse, permettant de sacraliser l'espace communautaire. La pratique s'étend peu à peu aux paroisses urbaines4.

  • Pratiques traditionnelles

La Bénédiction des blés en Artois de Jules Breton (1857).

Ce dimanche lui-même était appelé « dimanche des Rogations ». Ce jour marquait, avant le concile Vatican II, le début d'une période de trois semaines pendant laquelle la célébration des mariages était interdite par les Églises catholique et anglicane. Jusqu'au début du xxe siècle, des processions étaient organisées dans les chemins parcourant les champs dans tous les pays catholiques, une pratique immortalisée par différents peintres naturalistes, comme Jules Breton (Bénédiction des blés en Artois, Arras, musée des Beaux-Arts, 1857). Les fidèles observaient traditionnellement pendant les Rogations un jeûne afin de se préparer à la célébration de l'Ascension et les prêtres bénissaient les cultures. Les croix de station au bord des chemins des campagnes en rappellent aujourd'hui le souvenir.

À Salamanque, au 17e siècle, « [les rogativas sont] une cérémonie officielle et encouragée par l’Église qui voit là le meilleur moyen de guider les fidèles sur le chemin de la foi en conformité avec les normes tridentines »5.

  • Depuis Vatican II

Lors de la réforme liturgique catholique en 1969, le nouveau Calendarium romanum a maintenu les prières des Rogations, mais en précisant qu'elles pouvaient ne pas être célébrées à la même date sur toute la terre. Il donnait tâche aux conférences épiscopales pour en fixer « la discipline ». Les Églises anglicanes supprimèrent les Rogations en 1976. Pour la francophonie, il n'en est fait nulle mention dans les missels « ordinaires » ; cependant, le cérémonial des évêques de 1984 (aux chapitres 381 à 384) y fait nettement référence : « Il est bon que, dans chaque diocèse, compte tenu des circonstances et des coutumes locales, l'évêque veille avec soin à ce que l'on trouve un bon moyen d'observer la liturgie des Rogations... » (chapitre 383). En France, la Conférence épiscopale française n'a, depuis Vatican II, rien fixé. La plupart des pays continuent de suivre l'ancien usage selon le calendrier romain tridentin qui prévoit que les rogations soient célébrées les trois jours précédant l'Ascension. Néanmoins, en l'absence de règle, chaque diocèse et chaque paroisse est libre de célébrer quand bon lui semble.

  • Évocations

Dans son récit autobiographique, Les Terres froides, publié en 2000, l'écrivain français Yves Bichet évoque la fête des Rogations dans un petit village de la région naturelle des Terres froides, non loin de Voiron, dans le département de l'Isère.