23 juin - Les religions pendant et après l'épreuve : Quels constats ? Quels regards sur l'avenir ? — Paroisse de Gray

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23 juin - Les religions pendant et après l'épreuve : Quels constats ? Quels regards sur l'avenir ?

« Un avertissement », « une crise du système » : les cultes confrontent leurs lectures de l’épidémie de Covid-19 (La Croix - 24 juin 2020)

Les représentants français des cultes catholique, protestant, juif, musulman et bouddhiste ont échangé mardi 23 juin au soir au Collège des Bernardins à Paris sur le sens de l’épreuve vécue pendant le confinement. L’occasion pour eux de confronter leur lecture spirituelle de la crise.
Pas de « front des religions » mais assurément quelques combats et des idéaux communs. Ils étaient cinq représentants français du culte - quatre hommes et une femme - à dialoguer et s’écouter délivrer leurs enseignements de la crise sanitaire du Covid-19, mardi 23 juin au Collège des Bernardins, pour une soirée organisée par l’Institut des hautes études du monde religieux (IHEMR)

Catholique, protestant, juif, musulman, bouddhiste, comment ont-ils vécu cette période éprouvante, à la lumière de leurs traditions respectives ? (2) « Un avertissement sur nos modes de vie », pour le président de la Conférence des évêques de France (CEF), « une pause nécessaire », pour la représentante bouddhiste, « une révélateur de la crise des systèmes de solidarité et de santé » pour le président de la fédération protestante…

Le deuil empêché, une indignation commune

Si les différentes sensibilités se sont affirmées pendant cet échange nourri, c’est d’une même voix que les représentants religieux ont, d’entrée, alerté sur la rupture majeure et inédite causée par la forte limitation des rites funéraires et de la restriction de la présence des aumôniers auprès des malades, au plus fort de l’épidémie : « Les familles touchées n’ont pas pu faire leur deuil dans des conditions qui permettaient de surmonter la souffrance et le chagrin. La société n’a pas apporté une réponse suffisante à ces situations d’urgence », a regretté Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

« En empêchant les rites funéraires de se tenir, on préparait un choc post-traumatique à la société dans son ensemble. Il en allait de la santé morale de la société et je crois qu’on a été entendu sur cette question », a abondé le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui a souligné « l’extraordinaire réactivité du gouvernement » vis-à-vis des cultes pendant la crise.

Justement, dans cette expérience de dialogue avec les autorités civiles, le ressenti a été différent selon religions. Chez les catholiques, dont certains évêques ont réclamé la possibilité de se rassembler dans les églises rapidement après le déconfinement, des froissements sont encore présents : « Les catholiques ont eu le sentiment que les autorités publiques ne savaient plus très bien comment nous traiter comme partenaire à ce moment-là, a exposé Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Sur la liberté de culte, la réponse est claire, elle a été donnée dans le droit par le Conseil d’État », a tranché l’archevêque de Reims.

La polémique de la reprise des cultes

« J’ai un immense respect pour la justice, mais le Conseil d’État n’est pas parole d’évangile », a répondu, espiègle, Haïm Korsia, qui a, lui, décidé de laisser fermer les synagogues malgré la possibilité de s’y retrouver à nouveau fin mai. « C’est une polémique qui n’aurait pas dû avoir lieu, estime Mohammed Moussaoui. La configuration de nos cultes n’est pas la même », juge le professeur de mathématiques. Chez les musulmans, les prières individuelles, il vaut mieux les faire chez soi qu’à la mosquée, donc le problème ne se posait pas de la même manière pour nous ».

Les représentants des religions font-ils la même lecture de cette épreuve ? Pour Minh Tri Vô, présidente déléguée de l’Union bouddhiste de France, le confinement a été « une pause obligatoire collective qui a permis de toucher ce que Bouddha a offert comme vision profonde : la possibilité de toucher l’impermanence (rien ne dure), l’interdépendance des hommes, et la pleine conscience du monde alentour ». « Ce temps a été profondément intense pour nos communautés, des choses incroyables ont émergé, mais il n’y a rien de formidable dans cette période où la distanciation physique s’est imposée, il ne faut pas romantiser », met pour sa part en garde Haïm Korsia.

« Cette crise constitue un avertissement »

« La souffrance était là » souligne à son tour François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), dont la complicité intellectuelle et amicale avec le grand rabbin de France a vivifié toute la discussion. « J’ai cette impression d’appartenir à une humanité boiteuse, qui sort fatiguée d’une nuit de plusieurs mois. Est-ce qu’un malheur mondialisé va produire une intelligence collective commune ? Je n’en suis pas certain. En revanche, là où la religion peut être décisive, c’est dans l’expérience que nous avons faite de la vacuité et de la fragilité de nos existences. C’est là qu’interviennent l’espérance, la volonté de choisir positivement la vie contre la mort, dans l’épreuve ».

« Chacun des confinements dans la Bible a débouché sur la possibilité d’une vie nouvelle rappelle Mgr Éric de Moulins-Beaufort, citant Noé, Jonas… Pour moi, cette crise constitue un avertissement. Nous devons changer nos modes de consommation, à cause de la contrainte écologique… La question importante est : allons-nous saisir ce moment pour nous convertir ? Tout le monde a l’air bien pressé de faire redémarrer le monde d’hier », relève, lucide, le président des évêques de France.

Pour revivre cet évèvement unique réunissant tous les représentants des cultes en France pour une relecture de ce temps extraordinaire que nous venons de vivre et de ce que nous pouvons en faire pour notre plus grand bien commun :
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Serons-nous croyants comme avant, selon que l’on soit juif, musulman ou chrétien ?  Lire article de la Croix ici