27 août - 21ème dimanche du temps ordinaire - "Je te donnerai les clés du royaume des Cieux" — Paroisse de Gray

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27 août - 21ème dimanche du temps ordinaire - "Je te donnerai les clés du royaume des Cieux"

"Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise" (Matthieu, 16, 18)

DIMANCHE 27 AOÛT - 10h00 - MESSE - BASILIQUE NOTRE-DAME

CLÉS DE LECTURE DIMANCHE 27 AOÛT 2023 - PRIONS EN ÉGLISE

Lier et délier
Le pouvoir que Jésus confie à Pierre de lier et de délier incombe en fait à toute l’Église.
Quelle merveilleuse et redoutable responsabilité
que celle de rendre possible sur terre le pardon que Dieu veut donner « dans les cieux » !
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PREMIÈRE LECTURE | Isaïe 22, 19-23
Isaïe intervient au moment où l’ennemi assyrien arrive dans la région de Jérusalem et menace d’assiéger la ville. Le moment est grave, et les options politiques sont minces. L’oracle qu’il prononce désavoue complètement Shebna, principal conseiller politique du roi Ézékias, et promet des jours meilleurs avec celui qui le remplacera, Éliakim. Le prophète se veut rassurant, mais la suite des choses ne le surprendra pas : Éliakim ne fera pas mieux que son prédécesseur! Isaïe reviendra à la charge plus tard, en mettant l’accent, comme toujours, sur la foi en Dieu et sur le respect de son alliance.

Lecture du livre du prophète Isaïe (22, 19-23)
« Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David »
Parole du Seigneur adressé à Shebna le gouverneur : « Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place. Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils d’Helcias. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ; il sera un trône de gloire pour la maison de son père. »
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PSAUME | Psaume 137
Dans la Bible, l’action de grâce est exprimée par un verbe hébreu qui peut se traduire par « célébrer » ou « confesser ». Plus qu’une simple expression de remerciement, elle est une véritable confession de foi, qui passe par le témoignage d’un individu sur l’intervention favorable de Dieu, au milieu de circonstances difficiles. Exceptionnellement, le psaume ne fait aucune mention explicite de la communauté, l’assemblée, les frères. Mais le langage du psalmiste s’inscrit dans une longue tradition qui lui fournit les mots pour célébrer-confesser le nom de Dieu, son amour, sa vérité et sa compassion envers les humbles. Le psalmiste devient lui-même une inspiration pour la communauté.

Psaume 137 
Refrain: Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne. 
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force. 
Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ; de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains. 

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DEUXIÈME LECTURE | Romains 11, 33-36
Paul conclut ici sa longue discussion sur le « mystère » d’Israël (son élection, son péché et son retour en grâce) et l’appel des païens au salut. Il sait reconnaître les limites de sa propre réflexion théologique et l’heure est venue pour lui de s’extasier devant les profondeurs du mystère et des « chemins » de Dieu. Il le fait d’ailleurs en empruntant les mots d’un psalmiste (Ps 138), d’un sage (Sg 17, 1) et d’un prophète (Is 40, 13). Paul se trouve donc en terrain solide pour célébrer l’altérité et la transcendance de Dieu. Il ne lui reste plus qu’à s’incliner devant le mystère par un « Amen » retentissant. La discussion théologique a cédé le pas à la contemplation et les lecteurs de Paul se voient invités à en faire autant.

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (11, 33-36)
« Tout est de lui, et par lui, et pour lui »
Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen.
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ÉVANGILE | Matthieu 16, 13-20
La profession de foi de Pierre (« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ») est remarquable et exemplaire. Pierre parle au nom des disciples, la béatitude que Jésus prononce à son sujet vaut pour tous. On pourrait parler d’une illumination soudaine : Pierre a eu la bonne réponse. Mais combien de questions subsistaient encore dans la tête des disciples! Jésus les invite justement à se prononcer sur les opinions qui courent à son sujet et surtout à prendre position personnellement : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je? » La foi ne saurait se figer dans une seule formule, si juste soit-elle. Elle est cheminement, recherche et redécouverte du Jésus des Évangiles.


Évangile selon saint Matthieu (16, 13-20)
En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ.


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LE « PETIT NOM » DE SIMON

Commentaire du dimanche, Vincent Leclercq, prêtre assomptionniste, Prions en Église

Pourquoi aller si loin ? Césarée-de-Philippe est une ville excentrée, peuplée de Grecs et de Syriens et… païenne. Un bon endroit, finalement, pour s’interroger sur Jésus. Aux réponses habituelles – Jean le Baptiste ou Élie – Matthieu ajoute Jérémie qui a prophétisé la ruine de Jérusalem. Mais Jésus n’est pas un de ces prophètes sur le retour. « Tu es le Fils de Dieu. l’Envoyé du Père qui nous donnera la vie éternelle. » Simon n’énonce pas le résultat d’un sondage. Il a parlé en son nom propre. Mais sa foi ne vient pas de lui. Elle est une grâce de l’Esprit Saint. La véritable identité de Jésus constitue une révélation nouvelle que le disciple accueille dans l’humilité et en dehors de sa zone de confort. La confession de Simon fait également l’objet d’une ­promesse. Jésus lui donne un nouveau nom pour lui dire sa confiance et lui confier une mission. Il sera le roc sur lequel il bâtira son « Église ». Jusqu’à présent, Matthieu n’avait jamais employé ce terme qui, après Jésus, désignera la communauté qui se rassemble au nom du Christ. Certes, l’Église n’est pas encore le Royaume. Ce sera précisément le rôle de Pierre de discerner ce qui appartient à l’Évangile et ce qui contredit l’enseignement de Jésus. Mais pour l’instant, le silence est de règle pour que chacun puisse accueillir le mystère de l’Incarnation et mieux comprendre qui est Jésus.


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UNE QUESTION PRIMORDIALE

Méditation biblique - 21ème dimanche du temps ordinaire - Évangile selon saint Matthieu 16, 13-20
Marie-Laure Durand, bibliste, Prions en Église

Le temps de l’observation
Dans la Bible, la confirmation ou l’éclairage sur ce que l’on pressent de soi-même vient de la confrontation au regard de l’autre. Comme pour Marie lors de la Visitation, comme la Samaritaine dans sa conversation avec Jésus, la rencontre vient conclure ou préciser ce qui était en construction ou en germe. Jésus ne fait pas exception. Il pose la question à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? » À cette interrogation directe et sans ­détour, Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Le dialogue se réduit à quelques mots. Pourtant, dans ce bref échange, Pierre témoi­gne que seule une relation qui prend sa source dans le Dieu vivant peut générer ce qu’il constate chez la personne qu’il a en face de lui. À son tour, Jésus témoigne que la réponse faite par Pierre le dépasse. Seule une relation intime au même Dieu vivant peut générer un tel témoi­gnage, une telle perception de la réalité.

Le temps de la méditation
L’échange entre Jésus et Pierre aboutira à lui confier les clés du royaume des Cieux. Pierre ne ­devient pas roi pour autant. Comme Jésus le lui dit, c’est sa capacité à être connecté au Dieu vivant qui lui donne d’hériter de cette fonction. Les clés ne sont donc pas disjointes d’une capacité à entendre, à vivre et à se ressourcer du Père, unique autorité. Jésus donne vie à une Église où tous sont appelés à se recevoir les uns des autres, chacun à être confirmé dans son chemin propre par les rencontres. La commu­nauté et le rôle particulier qu’y joue Pierre n’ont de sens que dans un questionnement, un doute, une recher­che formulée devant le regard bienveillant de l’autre. Avant d’être bâti sur de la pierre, l’Église est bâtie sur un échange toujours risqué, une mise en danger de soi. « Pour vous, qui suis-je ? » est une question délicate et dangereuse, mais qui garan­tit que personne ne peut se donner à lui-même un titre ou une identité puis croire la posséder.