23 avril - 3ème dimanche de Pâques - Apparition aux disciples d'Emmaüs — Paroisse de Gray

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23 avril - 3ème dimanche de Pâques - Apparition aux disciples d'Emmaüs

Reconnaître Dieu dans nos vies.
L’évangile nous met en présence d’un récit de reconnaissance – très progressive puisqu’elle se déroule le temps d’un chemin, celui de nos vies. Notons l’importance des Écritures et de la fraction du pain dans ce processus, l’importance également du partage vrai : de ses espérances, de ses doutes, de sa joie. Un récit qui nous incite à ne pas nous étonner de nos lenteurs ni de nos lourdeurs, tout en nous appelant à saisir les opportunités que Dieu nous offre jour après jour. (Sœur Emmanuelle Billoteau, ermite bénédictine Prions en Eglise)

23 AVRIL - 10h00 - MESSE-  BASILIQUE NOTRE-DAME 

CLÉS DE LECTURE DIMANCHE 23 AVRIL 2023
 

PREMIÈRE LECTURE | Actes 2, 14. 22b-33
Résurrection et Pentecôte sont deux facettes du même mystère, comme l’étaient jadis, pour le peuple hébreu, la sortie d’Égypte et l’alliance au Sinaï. C’est la résurrection du Christ qui a valu le don de l’Esprit aux disciples de Jésus et au monde. Réconfortés et guidés par l’Esprit, les disciples ont scruté et approfondi les Écritures. Ils ont su dès lors trouver la force et les mots pour témoigner de l’Évangile du Christ, devant les Juifs d’abord et, très tôt aussi, auprès des païens.

1ère lecture
Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem, sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, homme que Dieu a accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume : Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche : il est à ma droite, je suis inébranlable. C’est pourquoi mon cœur est en fête, et ma langue exulte de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance : tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption. Tu m’as appris des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, il est permis de vous dire avec assurance, au sujet du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous. Comme il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui. Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez. »

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PSAUME | Psaume 15
Bien que l’au-delà de la mort soit demeuré longtemps indéfini dans la foi d’Israël, les psaumes n’ont cessé de professer une confiance inébranlable au Dieu « refuge » et protecteur des justes. Non seulement il ne peut les « abandonner à la mort », mais il leur apprend « le chemin de la vie ». Pierre avait donc raison d’invoquer la figure de David et de citer longuement le psaume 15 : Dieu a ressuscité Jésus le juste, et ce chemin de la vie nous est ouvert à tout jamais pour « une éternité de délices ».

Psaume 15 
Refrain: Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge. J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. » 
Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable. 
Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. 
Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices ! 

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DEUXIÈME LECTURE | 1 Pierre 1, 17-21
La lettre de Pierre est une catéchèse baptismale. L’auteur rappelle à ses auditeurs qu’ils ont été « rachetés [...] par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ ». Pour les premiers chrétiens, l’image était transparente : Jésus est l’agneau pascal par excellence, porteur d’un salut encore plus grand que celui de l’agneau immolé par les Hébreux au soir de la première Pâque (Ex. 12). Ce rachat marque le point culminant d’une histoire du Salut conçue par Dieu « dès avant la fondation du monde », et qui se poursuivra jusqu’« à la fin des temps ». Notre « foi » nous enracine ici et maintenant dans une très longue et belle histoire de salut, et notre « espérance en Dieu » nous projette vers un avenir des plus glorieux.

2ème lecture
Bien-aimés, si vous invoquez comme Père celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre, vivez donc dans la crainte de Dieu, pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers. Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. C’est bien par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.
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ÉVANGILE | Luc 24, 13-35
Le parcours et l’expérience des disciples d’Emmaüs sont uniques et leur rencontre avec le Ressuscité demeure l’une des plus inspirantes des évangiles. « Les événements » des derniers jours à Jérusalem les ont complètement bouleversés et la mort de Jésus sur la Croix a mis fin brutalement à toutes leurs espérances. Trois jours après le drame, il fallait se rendre à l’évidence : leur Maître n’avait pas pu « délivrer Israël ». Mais lorsque Jésus les rejoint incognito sur la route et se met à interpréter, « dans toute l’Écriture, ce qui le concernait », un nouveau bouleversement se produit en leurs cœurs. Ils peuvent ainsi mieux comprendre le Christ, et c’est au moment où celuici prononce une bénédiction et rompt le pain pour le partager avec eux que l’illumination ultime des disciples se produit.

Évangile
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le r
etenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
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LE DYNAMISME DE LA RÉSURRECTION
Commentaire du dimanche, Anne Da, xavière, Prions en Église

Au soir de sa résurrection, Jésus prend soin de chacun selon une modalité particulière. Au disciple bien-aimé, il donne de voir le Christ vivant dans le signe du tombeau ouvert. À Marie Madeleine, il donne d’entendre la voix du Bien-Aimé et la sort de sa détresse pour l’envoyer vers ses frères et sœurs. À Thomas, il laisse toucher les marques de son corps livré par amour. Et le voici maintenant à la rencontre de deux hommes fuyant Jérusalem, enfermés dans la tristesse et l’amertume d’un rêve brisé par le scandale de la Croix. Patiemment, Jésus commence un dialogue tout en faisant route avec eux. Il les écoute, s’adapte au point où ils en sont, pour que, peu à peu, leurs oreilles s’accordent à sa parole. Sur la route de ­Jérusalem à Emmaüs, deux hommes – Cléophas et un disciple dont on ne connaît pas le nom –, deux figures représentent les lecteurs que nous sommes. Le goût du pain bénit, rompu, partagé ; les yeux ouverts, le cœur brûlant, l’ouverture des Écritures ; l’urgence de retrouver une communauté de frères et de sœurs pour partager, attester, annon­cer la victoire de la vie sur toute forme de mort ; proclamer le Christ Ressuscité, vivant, offert comme un pain de fraternité : tel est le dynamisme de la Résurrection, la saveur d’une vie donnée en abondance, chaque jour, pour toujours. Le Christ Ressuscité vient consoler ses frères et ses amis. Il leur donne de goûter sa présence et de se lever pour aimer et servir le monde d’aujourd’hui.

POURQUOI LES DISCIPLES NE RECONNAISSENT-ILS PAS JÉSUS ?
Méditation biblique, Évangile selon saint Luc 24,13-35
Marie-Laure Durand, bibliste, Prions en Église

Le temps de l’observation
« Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. » Qu’est-il arrivé à ces deux disciples faisant route vers Emmaüs pour croiser la route de Jésus ressuscité sans pour autant le reconnaître ? Comment expliquer un tel empêchement ? Émotionnellement, les disciples sont bouleversés. Ils viennent de perdre leur maître et ami. Leur sidération et leur tristesse les empêchent d’être totalement présents à leur propre vie. Rationnellement, les morts sont morts et le restent. Il n’est donc pas possible de rencontrer Jésus sur le chemin quelques jours après sa crucifixion. De plus, physiquement, Jésus ne semble plus être tout à fait le même. Passé par la mort, son être s’est modifié, le rendant méconnaissable y compris à ses proches. Enfin, il y a dans toute vie humaine cette difficulté à voir la vie ressurgir au moment où l’on s’y attend le moins.

Le temps de la méditation
Les raisons pour lesquelles les disciples ne reconnaissent pas le Christ quand ils le croisent sont les mêmes nous concernant. Les émotions nous ballottent d’un affect à un autre et se jouent de notre stabilité intérieure. Les arguments rationnels, logiques, les schémas mentaux, les habitudes de pensée molles et paresseuses dirigent­ notre vie et nous empêchent de regarder autrement ce qui nous arrive­. Tout cela nous rend impossible de reconnaître le Christ ailleurs que dans les représentations ou dans l’histoire de Jésus de Nazareth. Nous aussi avons des difficultés à voir la vie là où elle est. Pour toutes ces raisons, seul Dieu peut venir à notre rencontre. Lui seul est en capacité de bousculer nos représentations et de fracturer nos calculs. C’est ce qui arrive aux disciples sur le chemin d’Emmaüs. Un acte de générosité, une invitation, ouvre la porte à la plus belle surprise de leur existence.