Méditation pour le Jeudi Saint — Paroisse du Pays de Pontarlier

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Méditation pour le Jeudi Saint

Pascal Huguenin, Diacre, nous propose une méditation pour le Jeudi Saint

Jeudi Saint, Jean 13,1-15

Pour être disciple, se faire serviteur…

Le Jeudi Saint est le jour du repas eucharistique : la Cène. Mais ce repas s’accompagne – on l’oublie trop souvent – d’un geste qui en complète le sens : le lavement des pieds.

Le soir où Jésus s’est levé de table au beau milieu du repas puis s’est mis à laver les pieds de ses disciples, il a causé tout un émoi.

Tous étaient là, bouche bée, se demandant ce qui se passait. Le geste était si contraire aux usages !

L’apôtre Pierre n’a pas mis beaucoup de temps à exprimer ce qu’il ressentait. A ses yeux, ce qui survenait était tout simplement inacceptable : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? ».

C’était il y a près de 2000 ans. En ce Jeudi Saint que nous vivons cette année d’une manière inédite, nous nous rappelons le geste de Jésus. Mais ce geste ne nous étonne plus. Il nous paraît même normal. Il ne nous bouscule pas. Il n’y a personne parmi nous qui, en lisant cet évangile, a eu l’idée de se lever pour s’exclamer : « Ce que Jésus fait là, ça n’a pas de sens ! Il faut arrêter cela tout de suite ! ».

Il y aurait pourtant de bonnes raisons de s’étonner, de réagir et de se scandaliser un peu face à l’attitude de Jésus. Sa façon de se comporter envers nous est vraiment étonnante ; elle devrait nous intriguer, nous interpeller et nous donner à réfléchir. Réfléchissons un peu.

Jésus se présente à nous comme celui qui veut servir et non pas être servi. Le contraire serait pourtant tout à fait légitime. Le récit du lavement des pieds précise comment Jésus se met à notre service. Il s’humilie. Il prend la condition de serviteur, lui qui est le maître. Il s’abaisse, en signe du don complet de lui-même fait à ceux qu’il aime. Cette façon d’être à notre service dépasse tout ce que nous aurions pu imaginer. Le seul fait que le Christ nous serve est déjà très étonnant. Qu’il le fasse en se jetant à nos pieds est tout simplement stupéfiant.

Il faut donc nous poser ces questions :

Pour quelle raison Jésus va-t-il aussi loin dans sa volonté de servir, de nous servir ?

Pourquoi se fait-il serviteur non seulement de quelques-uns, de ses amis, mais serviteur de l’humanité entière ?

Serviteur non seulement de ceux et celles qui sont beaux, aimables, intelligents, spirituels, croyants et vertueux, mais serviteur de tous et de toutes, avec une prédilection manifeste pour qui n’a ni beauté, ni richesse, ni prestige, ni attirance.

Il n’y a qu’une seule réponse, toute simple, à donner à cette question. Cet homme-là aime. Il aime comme jamais on n’a aimé. Selon nos vues humaines, un tel amour est inexplicable, il apparaît même déraisonnable. Mais il y a du divin dans cet amour. C’est pourquoi cet amour-là va jusqu’à un pareil abaissement, jusqu’à la croix.

Ne nous y trompons pas, le geste que Jésus pose le soir du Jeudi Saint inaugure celui qu’il accomplira le lendemain quand il étendra les bras sur le bois de la croix. Jésus se fait notre serviteur jusque dans la mort, signe du plus grand des amours.

Au point où nous en sommes dans notre réflexion, nous serions peut-être tentés de nous arrêter ici afin de commencer dès maintenant à rendre grâce à Dieu qui nous a donné son Fils, qui est devenu notre serviteur. Ne passons pas à l’action de grâce trop rapidement ! Pas avant d’avoir lu attentivement l’évangile jusqu’au bout, car sa finale est essentielle à la compréhension de l’ensemble.

Rappelons-nous cette finale : « C’est un exemple que je vous ai donné, dit Jésus, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Il est donc insuffisant d’admirer le geste de Jésus. Ce geste est à imiter. Il est insuffisant de se dire heureux d’être disciple du Christ- Serviteur, il y a à se faire soi-même serviteur, comme lui, par amour, dans l’humilité et jusqu’en étendant les bras sur une croix, si cela nous est demandé.

Je ne peux terminer cette méditation sans évoquer plus particulièrement, ceux et celles qui depuis le début de la pandémie Covid-19 se mettent d’une manière ou d’une autre en tenue de service et gardent leur lampe allumée, sans relâche, auprès de leur frères et sœurs en humanité…à la suite de Jésus Serviteur.

Accueil, entraide, partage, service, initiatives. Chaque jour les médias nous en font l’écho.

« Comme Jésus Serviteur, sachons dresser la table, comme Lui, nouons le tablier. Levons-nous chaque jour et servons par amour, comme Lui ! »

Pascal Huguenin, diacre.

Jeudi Saint 2020