Méditation pour le dimanche des rameaux — Paroisse du Pays de Pontarlier

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Méditation pour le dimanche des rameaux

Station Chemin de Croix de Montbenoit

Pascal Huguenin, Diacre, nous propose une méditation pour le dimanche des rameaux.

Silence et paroles…

En lisant la passion selon Saint Matthieu, on est étonné de constater que, tout au long de ce qui lui arrive, Jésus demeure quasiment silencieux. On a beau l’accuser ouvertement et à tort ; il se tait devant le sanhédrin, devant Pilate, face à ceux qui se moquent et l’insultent.

Ce silence s’explique parce qu’une prise de parole serait alors inutile. Les forces de haine et de violence déchaînées contre l’envoyé de Dieu sont d’une extrême intensité. Elles sont devenues insensées et incontrôlables.

Le silence de Jésus est le signe d’un très grand amour. Par ce silence – plus et mieux que par tout ce qu’il aurait pu dire - Jésus manifeste la profondeur de son attachement à ceux et celles pour qui il consent à souffrir et mourir.

Que de parents, de familles, de communautés ont vécu et vivent cette façon d’aimer, dans des épreuves acceptées en silence ! D’inutiles paroles seraient vaines.

A quelques reprises cependant, Jésus prend la parole. Ses interventions sont brèves mais combien révélatrices de ce qui l’habite, à l’instant où il vit ce moment essentiel pour lequel il est venu sur terre.

« Prenez, mangez, ceci est mon corps », « Buvez-en tous, ceci est mon sang ». Ces mots expriment ce don de lui-même que Jésus réalise en faveur de ceux qu’il aime. Le geste qu’il pose en offrant le pain, puis la coupe, est celui d’un homme qui n’a qu’un seul but : vivre pour ceux et celles que Dieu lui a confiés. Incompris, il ira jusqu’au don total de sa vie, jusqu’à l’acceptation de la mort. Ce geste est motivé par l’amour. Accompli sans amour, il serait incompréhensible. L’amour exprimé est total et se concrétisera dans les larmes et les douleurs de la passion.     

« Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.» Aujourd’hui aussi, ce temps de pandémie à Covid-19 permet à beaucoup de manifester de l’amour autour d’eux : solidarité d’immeuble ou de quartier de la part de jeunes pour les plus âgés, appels téléphoniques aux personnes isolées, commerçants au service inconditionnel, chauffeurs de poids-lourd assurant les livraisons dans des conditions extrêmement difficiles, entreprises qui offrent généreusement des équipements de protections individuelles dans les hôpitaux, gendarmes, policiers, épiciers, boulangers, bouchers, enseignants qui font leur possible pour assurer des cours, les services publics divers, et je ne peux les nommer tous…

Quand vient le temps de la passion, Jésus est abandonné par les siens. Triste spectacle. A trois reprises, il est renié par celui qui, trois fois, avait bombé le torse en disant : « Tous les autres t’abandonneront peut-être. Moi, jamais ! J’irai jusqu’à la mort, s’il le faut, pour demeurer avec toi. »

Et il y a Judas dont on aimerait ne pas devoir parler. Or, comment Jésus traite-t-il Judas ?  Face à son attitude, n’aurait-il pas été normal qu’il se révolte, hausse le ton et force le traître à regarder en face son geste ignoble ? Rien de cela chez lui. Pas de jugement. Simplement cette parole déconcertante : « Mon ami, fais ta besogne ».

« Mon ami » ! Un terme affectueux et inattendu qui traduit combien l’amour de Jésus était indéfectible. Il l’est aussi pour chacune et chacun d’entre nous.

Les quelques paroles que Jésus adresse à son Père durant sa passion sont les plus révélatrices de ce qu’il vit profondément et humainement.

Au début de son agonie, il l’implore : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux ».

Ne minimisons pas l’intensité des atroces souffrances que le Christ a endurées. L’évangéliste Saint Matthieu n’hésite pas à parler « d’angoisse » et de « tristesse à en mourir ». Cette extrême tristesse et cette angoisse ne vont cependant pas détourner Jésus de sa mission. Il est au service de son Père depuis le matin de son Incarnation.

Il est venu pour faire non pas sa propre volonté, mais celle de celui qui l’a envoyé sur terre. Il sera fidèle à lui-même et fidèle à son Père jusqu’au bout. Ce qui ne l’empêche pas d’implorer de tout son être : « S’il est possible… »… Mais ce n’est pas possible.

Une autre parole de Jésus attire notre attention. Elle a été prononcée sur la croix : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Ces mots expriment la pénible et lourde solitude dans laquelle est le Christ au moment de mourir. Le Père est là, mais il ne se manifeste pas.

Ce cri me semble être celui de beaucoup en ces jours de pandémie à Covid-19. Celui de tous ceux qui perdent un être cher sans avoir pu l’accompagner, le voir depuis des semaines, et sans pouvoir réunir la famille et les amis pour sa sépulture. Celui de toute une population devant le décès de médecins, de personnels soignants contaminés en secourant des malades.

Celui de ceux qui voient leurs efforts de plusieurs années détruits par la crise économique. Ceux pour qui la vie en confinement à plusieurs dans un tout petit espace devient un enfer. Et tant d’autres… Sur notre planète se lève un cri. Celui du « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Combien de fois avons-nous, nous aussi, trouvé ce Dieu vers lequel nous tendons les bras, trop discret, trop lointain, trop silencieux ? Absent ? 

C’est après et par le rejet, la souffrance, la solitude et la mort que le Christ a pu renaître à la résurrection par le Père. Ce chemin de résurrection est aussi le nôtre. Nous avons été prévenus : avant de partager la gloire du ressuscité au matin de Pâques, il nous faudra prendre part à son humilité, son abaissement. « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître. ». « Moi, je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra … »

Il est grand le mystère de la Foi ! Heureux sommes-nous de le connaître, d’y croire et de pouvoir en vivre dès maintenant et pour toujours.

Pascal Huguenin, diacre.