16 mars - communiqué de Mgr Bouilleret

Besançon, le 16 mars 2020

Chers diocésains,

Nous sommes tous conscients que notre pays, gravement touché par le coronavirus, vit une situation exceptionnelle. La plupart des pays de la planète sont touchés par ce virus qui fragilise toutes les sociétés. C’est la plus grave crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés depuis un siècle. Nous avions perdu la mémoire qu’un virus mortel pouvait nous atteindre gravement. Les mesures de précaution que nous sommes invités à prendre entrent peu à peu dans nos habitudes de vie. Nous ne savons pas combien de temps durera cette crise sanitaire. Avec sagesse, nous nous préparons à vivre des semaines, des mois avec une extrême prudence. Les systèmes sanitaires font face à un nombre de victimes sans cesse en augmentation. Les autorités nous invitent à rester chez nous autant que possible. Notre économie est fortement secouée. Ce sont toutes nos relations sociales qui sont touchées. L’interdiction de tout rassemblement nous a conduits à ne plus nous rassembler pour célébrer ensemble la mort et la résurrection de Jésus Christ.

Mes pensées vont vers les victimes. Les personnes les plus vulnérables sont touchées de plein fouet par cette pandémie. L’inquiétude et l’angoisse traversent les malades et leurs proches. Je pense à tous les aînés et aux personnes atteintes de pathologies qui les rendent plus vulnérables. J’ai une infinie reconnaissance envers les soignants. Ils font preuve d’une disponibilité remarquable. Qu’ils soient vivement remerciés de leur dévouement qui est au-delà de leur compétence professionnelle. Merci à ceux qui se sont proposés pour garder les enfants des soignants.

Je pense à toutes les personnes qui doivent réorganiser leur quotidien. Je pense également aux parents dont les enfants restent à la maison. Ils doivent s’organiser pour assurer leur enseignement. Ils sont soutenus par les enseignants qui assurent un suivi à distance.
Je pense à tous ceux qui doivent s’organiser pour travailler autrement. Le télétravail se met en place peu à peu. Je pense à tous les acteurs politiques qui doivent prendre des décisions difficiles en fonction des informations qu’ils reçoivent.

Notre Eglise diocésaine est solidaire de l’effort de notre pays pour conjurer ce fléau. Nous avons été invités à cesser toute célébration communautaire. Les prêtres célèbrent désormais l’eucharistie en toute intimité s’associant ainsi à la prière de chacun d’entre-nous. Par mesure de précaution, je demande aux prêtres de ne plus célébrer avec quelques fidèles mais individuellement. Toutes les réunions et rencontres n’auront donc plus lieu.

La plupart d’entre nous vont avoir davantage de temps pour se retrouver en famille. Je vous invite à partager des temps spirituels : pour méditer la Parole de Dieu, lire, écouter des émissions proposées par RCF, regarder KTO, Le jour du Seigneur. Vous pouvez consulter diverses applications proposées en ce temps de carême, à retrouver sur notre site internet.

Les funérailles se tiendront dans la plus stricte intimité familiale en respectant les consignes de distances. Même si nous ne pouvons plus nous réunir pour prier, nous intensifions notre prière envers les malades et leurs familles et nous sommes en communion les uns avec les autres. Nous portons dans notre prière tous ceux qui luttent pour réduire au plus vite cette épidémie.

Depuis quelques semaines, nous sommes entrés dans le temps de Carême. C’est un temps de purification de nos vies. Cette année nous ne choisissons pas comment vivre le Carême. Ce que nous vivons, nous fait entrer davantage dans ce chemin de désert et d’incertitude. Nous sommes entrés en exode ou en exil à la manière du peuple de Dieu dans le désert ou loin de son pays. Nous sommes conscients que nous changeons radicalement de mode de vie. Mais, gardons les liens vitaux à notre vie commune : appels téléphoniques, courriel, etc. Notre solidarité s’exerce autrement maintenant. Au terme de cette catastrophe, nous aurons à tirer les leçons de cette pandémie. Gardons en nos coeurs que le Seigneur a toujours accompagné son peuple dans les épreuves qu’il a traversées. Notre espérance est en Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous.

Nous ne savons pas encore comment nous pourrons célébrer la Semaine Sainte. Le pape célébrera cette grande semaine sans la présence physique du peuple de Dieu. Dans notre diocèse, nous vous informerons dès que possible de l’organisation mise en place pour vivre ce temps liturgique qui est le coeur de notre foi.

A ce jour, les églises demeurent ouvertes. Nous pouvons prendre un temps de prière en leur sein pour laisser le Seigneur transformer nos coeurs.

Soyez assurés de ma prière pour chacun d’entre vous. Jésus le Christ a traversé le désert des tentations. Il chemine avec nous aujourd’hui comme hier et sera toujours avec nous comme il nous l’a promis.

+ Jean-Luc BOUILLERET
Archevêque de Besançon