13 NOVEMBRE - 6ème JOURNEE MONDIALE DES PAUVRES, suivie LE DIMANCHE 20 NOVEMBRE par la JOURNEE NATIONALE DU SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE (Collecte nationale) — Paroisse de Gray

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Paroisse de Gray Paroisse de Gray

13 NOVEMBRE - 6ème JOURNEE MONDIALE DES PAUVRES, suivie LE DIMANCHE 20 NOVEMBRE par la JOURNEE NATIONALE DU SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE (Collecte nationale)

La journée Mondiale des Pauvres, voulue par le pape François, revient cette année pour sa sixième édition, “comme une saine provocation pour nous aider à réfléchir sur notre style de vie et sur les nombreuses pauvretés actuelles”. Il peut paraître provoquant à premier abord de célébrer le pauvre… mais dans la proposition de l’Église se retrouve une certaine vision de l’humanité.
Cette journée mondiale a été promulguée par l'Eglise Catholique en 2017 et, en ce 13 novembre 2022 nous célébrons donc la 6ème édition, le thème en est " Jésus Christ s'est fait pauvre à cause de nous"

6ème Journée mondiale des pauvres
sur le thème : "Jésus-Christ s’est fait pauvre pour vous" (2Co 8,9)
DIMANCHE 13 NOVEMBRE 2022
Journée nationale du Secours catholique Caritas France
DIMANCHE 20 NOVEMBRE 2022
_________________________

« Jésus-Christ [...] s’est fait pauvre à cause de vous » (cf. 2 Co 8, 9).
C’est par ces paroles que l’Apôtre Paul s’adresse aux premiers chrétiens de Corinthe,
pour donner un fondement à leur engagement de solidarité envers leurs frères dans le besoin.
La Journée Mondiale des Pauvres revient cette année encore comme une saine provocation
pour nous aider à réfléchir sur notre style de vie et sur les nombreuses pauvretés actuelles.
__________________________

LA DIGNITÉ CONTRE LA PAUVRETÉ
Mgr Jean-Paul Gusching évêque de Verdun, accompagnateur du Secours catholique - Caritas France et membre du Conseil national pour la solidarité et la diaconie

Chaque être humain est créé par amour, à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26).
Cette affirmation nous montre la dignité de toute personne humaine que nous avons à estimer et à respecter.
La Journée mondiale des pauvres nous provoque et nous invite à réfléchir sur notre style de vie et sur les nombreuses pauvretés actuelles. Notre monde traverse des crises importantes. L’épidémie de Covid-19, le confinement et ses conséquences économiques et sociales, la violence qui frappe les personnes les plus faibles ont créé une nouvelle précarité et accentué la pauvreté. L’aide matérielle, évidemment nécessaire, n’a de sens que si elle s’accompagne d’une écoute attentive et respectueuse de la personne aidée. La lutte contre la pauvreté ne peut être l’acte d’apitoiement nourri d’un sentiment de supériorité ou de suffisance. Elle passe par une action d’envergure pour éliminer les causes de la misère. Elle ne peut se limiter à une aumône, aussi consistante soit-elle, si elle n’est pas guidée par l’obsession de la dignité de chacune et de chacun.
Être pauvre, c’est ne pas avoir en suffisance ce qui est nécessaire au développement intégral de la personne humaine. Cela passe, en effet, par l’aspect financier, mais aussi par un minimum d’éducation, de liberté, de connaissance, de relation, d’amitiés et d’amour bien entendu. Comment relever la tête dans cette situation pour éviter de périr et pour ouvrir un avenir autre ? Les énormes inégalités qui existent entre nous devraient nous exaspérer particulièrement, parce que nous continuons à tolérer que les uns se considèrent plus dignes que les autres. Nous ne nous rendons plus compte que certains croupissent dans une misère dégradante, alors que d’autres ne savent même pas quoi faire de ce qu’ils possèdent et laissent derrière eux un niveau de gaspillage qu’il serait impossible de généraliser sans anéantir la planète. Nous continuons à admettre en pratique que les uns se sentent plus humains que les autres, comme s’ils étaient nés avec de plus grands droits (Laudato si’, n° 90). La pauvreté qui libère est celle qui se place devant nous comme un choix responsable pour s’alléger du lest et se concentrer sur l’essentiel, dit le pape François.
La crise sanitaire a aussi rappelé combien notre pays est capable de solidarité, de générosité et de fraternité. Lutter contre la pauvreté, c’est aussi essayer, ensemble, de mieux se rendre compte de ce qu’elle implique au quotidien dans la vie de celles et ceux qui la subissent, de comprendre les mécanismes qui la provoquent pour mieux mobiliser notre pouvoir, notre puissance d’agir de citoyens. Tout ceci appelle à vivre en cohérence dans l’attention aux plus pauvres avec nos manières d’agir.
Plus grandira notre fraternité, plus se développera la solidarité.

Mgr Jean-Paul Gusching évêque de Verdun, accompagnateur du Secours catholique - Caritas France et membre du Conseil national pour la solidarité et la diaconie

____

« La Journée Mondiale des Pauvres revient cette année encore comme une saine provocation pour nous aider à réfléchir sur notre style de vie et sur les nombreuses pauvretés actuelles » nous dit le Pape François en nous proposant de tourner nos regards vers « Jésus Christ [qui ] s’est fait pauvre à cause de [nous] » (2 Co 8, 9) Le Pape nous rappelle en effet qu’il existe une pauvreté qui détruit et qu’il faut combattre : la misère, et une pauvreté qui enrichit, qui libère, à l’image de celle qu’a vécue par le Christ.

  • Combattre la misère ? Comment faire ?

Le Pape n’y va pas par quatre chemins : « Face aux pauvres, on se retrousse les manches et on met la foi en pratique par une implication directe qui ne peut être déléguée à personne » car c’est un « signe de l’amour, comme Jésus lui-même en a témoigné. » C’est avant tout une question de justice : « il ne s’agit pas d’avoir un comportement d’assistance envers les pauvres (…), il faut au contraire s’engager pour que personne ne manque du nécessaire. »

À l’inverse, la pauvreté du Christ, celle qu’ont voulu suivre saint François d’Assise ou Saint Charles de Foucauld, est une pauvreté qui nous rend riches : « riches d’un amour qui ne se ferme à personne et va à la rencontre de tous, en particulier de ceux qui sont marginalisés et privés du nécessaire. » L’attitude intérieure qui nous est demandée est à l’image du Christ, « partageant la vie par amour, rompant le pain de son existence avec les frères et sœurs, en commençant par les derniers, ceux qui manquent du nécessaire, pour que l’égalité soit faite, pour que les pauvres soient délivrés de la misère et les riches de la vanité, toutes deux sans espérance. » Je me rappelle à ce sujet cette remarque d’une amie du Quart Monde après une rencontre diocésaine à laquelle elle avait participé : « J’ai été très surprise de découvrir que les riches avaient peur… de devenir pauvres ! »

  • Quelques idées pour vivre cette journée

Tout d’abord prendre contact avec les groupes ou personnes de la paroisse qui rencontrent régulièrement des personnes connaissant ou ayant connu la précarité et proposer à ces dernières de témoigner, non de la difficulté de leur vie, mais au contraire de leur espérance, de ce qui les aide à tenir debout.
En vue de l’eucharistie, demandons à ces personnes ou à leurs groupes de rédiger les intentions de la prière universelle.
Une autre suggestion serait de mettre en valeur le geste de Paix : prenons le temps de nous offrir la Paix du Christ les uns aux autres, avec un beau sourire, un beau regard, et sans précipitation, comme un cadeau entre frères et sœurs…
Et enfin, osons la rencontre, en invitant largement après la messe, à un temps convivial : apéritif sur le parvis de l’église, repas partagé, promenade, temps fraternel autour de jeux de société, de chants, de danses… Tout le monde est invité !

Belle Journée Mondiale des Pauvres à tous !
Bien fraternellement,
Pascale Jousset, déléguée diocésaine pour le service Diaconie et Solidarité

« La vérité de l’Église, l’Église de Jésus,
nous avons à la chercher dans une écoute renouvelée des pauvres et des petits,
de celles et ceux qui sont les victimes ou les laissés-pour-compte de notre vie collective. »
Mgr Éric de Moulins-Beaufort

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
VIe JOURNÉE MONDIALE DES PAUVRES

Jésus Christ s’est fait pauvre à cause de vous (cf. 2 Co 8, 9)

1. « Jésus-Christ […] s’est fait pauvre à cause de vous » (cf. 2 Co 8, 9). C’est par ces paroles que l’Apôtre Paul s’adresse aux premiers chrétiens de Corinthe, pour donner un fondement à leur engagement de solidarité envers leurs frères dans le besoin. La Journée Mondiale des Pauvres revient cette année encore comme une saine provocation pour nous aider à réfléchir sur notre style de vie et sur les nombreuses pauvretés actuelles.

Il y a quelques mois, le monde sortait de la tempête de la pandémie en montrant des signes de reprise économique qui aurait soulagé des millions de personnes appauvries par la perte de leur emploi. S’ouvrait une perspective de sérénité, qui, sans faire oublier la douleur de la perte des proches, promettait de pouvoir enfin revenir aux relations interpersonnelles directes, de se rencontrer à nouveau sans contraintes ni restrictions. Et voici qu’une nouvelle catastrophe s’est présentée à l’horizon, destinée à imposer au monde un scénario différent.

La guerre en Ukraine est venue s’ajouter aux guerres régionales qui, ces dernières années, ont semé mort et destructions. Mais ici, le cadre se présente de manière plus complexe à cause de l’intervention directe d’une “superpuissance” qui entend imposer sa volonté contre le principe d’autodétermination des peuples. Des scènes de tragique mémoire se répètent et, une fois de plus, les chantages réciproques de certains puissants couvrent la voix de l’humanité qui appelle à la paix.

2. Combien de pauvres l’absurdité de la guerre engendre- t-elle ! Partout où l’on regarde, on constate combien la violence frappe les personnes sans défense et les plus faibles ; déportations de milliers de personnes, surtout des garçons et des filles, pour les déraciner et leur imposer une autre identité. Les paroles du Psalmiste face à la destruction de Jérusalem et à l’exil des jeunes juifs redeviennent actuelles : « Au bord des fleuves de Babylone / nous étions assis et nous pleurions/ nous souvenant de Sion. / Aux saules des alentours / nous avions pendu nos harpes, /c’est là que nos vainqueurs / nous demandèrent des chansons, / et nos bourreaux, des airs joyeux / […] Comment chanterions-nous un chant du Seigneur / sur une terre étrangère ? » (Ps 137, 1-4).

Des millions de femmes, d’enfants et de personnes âgées sont contraints de braver le danger des bombes en cherchant refuge pour se mettre à l’abri dans les pays voisins, en tant que personnes déplacées. Ceux qui restent dans les zones de conflit vivent chaque jour avec la peur et le manque de nourriture, d’eau, de soins médicaux et surtout d’affection. Dans ces circonstances, la raison s’obscurcit et ce sont les personnes ordinaires qui en subissent les conséquences, et qui viennent s’ajouter au nombre déjà élevé de pauvres. Comment donner une réponse adéquate capable d’apporter soulagement et paix à tant de personnes laissées à la merci de l’incertitude et de la précarité?

3. La 6ème Journée Mondiale des Pauvres se place dans ce contexte si contradictoire, avec l’invitation – reprise de l’Apôtre Paul – à garder le regard fixé sur Jésus qui, « de riche, s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Co 8, 9). Lors de sa visite à Jérusalem, Paul avait rencontré Pierre, Jacques et Jean qui lui avaient demandé de ne pas oublier les pauvres. La communauté de Jérusalem, en effet, se trouvait dans de graves difficultés à cause de la famine qui avait frappé le pays. Et l’Apôtre s’était immédiatement occupé d’organiser une grande collecte en faveur de ces pauvres. Les chrétiens de Corinthe se montrèrent très sensibles et disponibles. Sur les indications de Paul, chaque premier jour de la semaine, ils rassemblaient ce qu’ils avaient pu économiser et tous étaient très généreux.

Comme si le temps ne s’était jamais écoulé depuis lors, chaque dimanche, nous aussi, au cours de la célébration de la sainte Eucharistie, nous accomplissons le même geste en mettant en commun nos offrandes afin que la communauté pourvoie aux besoins des plus pauvres. C’est un signe que les chrétiens ont toujours accompli avec joie et sens de responsabilité, pour qu’aucun frère ou sœur ne manque du nécessaire. Le récit de saint Justin, qui, au deuxième siècle, décrivait à l’empereur Antonin le Pieux la célébration dominicale des chrétiens, en témoignait déjà :« Le jour qu’on appelle “le jour du soleil”, tous, dans les villes et à la campagne, se réunissent dans un même lieu : on lit les mémoires des apôtres et les écrits des prophètes, autant que le temps le permet. […] Puis a lieu la distribution et le partage des choses consacrées à chacun et l’on envoie leur part aux absents par le ministère des diacres. Ceux qui sont dans l’abondance, et qui veulent donner, donnent librement chacun ce qu’il veut, et ce qui est recueilli est remis à celui qui préside. Il assiste les orphelins, les veuves, les malades, les indigents, les prisonniers, les hôtes étrangers, en un mot, il secourt tous ceux qui sont dans le besoin » (Première Apologie, LXVII, 1-6).

4. Revenant à la communauté de Corinthe, l’engagement commença à faiblir après l’enthousiasme initial, et l’initiative proposée par l’Apôtre perdit de son élan. C’est la raison qui poussa Paul à écrire avec passion pour relancer la collecte : « Allez jusqu’au bout de la réalisation : comme vous avez mis votre ardeur à prendre cette décision, ainsi vous irez jusqu’au bout, selon vos moyens » (2 Co 8, 11).

Je pense en ce moment à la disponibilité de populations entières qui, ces dernières années, ont ouvert leurs portes pour accueillir les millions de réfugiés des guerres au Moyen-Orient, en Afrique centrale et maintenant en Ukraine. Les familles ont ouvert largement leurs maisons pour faire de la place à d’autres familles, et les communautés ont accueilli avec générosité nombre de femmes et d’enfants pour leur offrir la dignité qui leur est due. Cependant, plus le conflit se prolonge, plus ses conséquences s’aggravent. Les peuples qui accueillent ont de plus en plus de mal à assurer la continuité du secours ; les familles et les communautés commencent à ressentir le poids d’une situation qui va au-delà de l’urgence. C’est le moment de ne pas faiblir et de renouveler la motivation initiale. Ce que nous avons commencé doit être achevé avec la même responsabilité.

5. La solidarité, en effet, c’est précisément ceci : partager le peu que nous avons avec ceux qui n’ont rien, afin que personne ne souffre. Plus grandit le sens de la communauté et de la communion comme style de vie, et plus la solidarité se développe. D’ailleurs, il faut considérer qu’il y a des pays où, au cours de ces décennies, s’est réalisée une croissance significative de bien-être pour de nombreuses familles, qui ont atteint une sûreté de vie. C’est un résultat positif de l’initiative privée et des lois qui ont soutenu la croissance économique, associées à une incitation concrète aux politiques familiales et à la responsabilité sociale. Le patrimoine de sécurité et de stabilité atteint peut maintenant être partagé avec ceux qui ont été contraints de quitter leur maison et leur pays pour se sauver et survivre. En tant que membres de la société civile, maintenons vif l’appel aux valeurs de liberté, de responsabilité, de fraternité et de solidarité. Et comme chrétiens, retrouvons toujours dans la charité, dans la foi et dans l’espérance le fondement de notre être et de notre agir.

6. Il est intéressant d’observer que l’Apôtre ne veut pas contraindre les chrétiens en les obligeant à une œuvre de charité. Il écrit en effet : « Ce n’est pas un ordre que je donne » (2 Co 8, 8). Au contraire, il entend « vérifier l’authenticité » de leur amour dans l’attention et la sollicitude aux pauvres (cf. ibid.). Le fondement de la demande de Paul est certainement la nécessité d’une aide concrète, mais son intention va plus loin. Il invite à réaliser la collecte afin qu’elle soit signe de l’amour, comme Jésus Lui-même en a témoigné. En somme, la générosité envers les pauvres trouve sa motivation la plus forte dans le choix du Fils de Dieu qui a voulu se faire pauvre Lui-même.

L’Apôtre, en effet, ne craint pas d’affirmer que ce choix du Christ, son “dépouillement”, est une « grâce », voire « la libéralité de notre Seigneur Jésus-Christ » (2 Co 8, 9), et ce n’est qu’en l’accueillant que nous pouvons donner une expression concrète et cohérente à notre foi. L’enseignement de tout le Nouveau Testament trouve son unité autour de ce thème qui se reflète également dans les paroles de l’apôtre Jacques : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Car si quelqu’un écoute la Parole sans la mettre en pratique, il est comparable à un homme qui observe dans un miroir son visage tel qu’il est, et qui, aussitôt après, s’en va en oubliant comment il était. Au contraire, celui qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté, et qui s’y tient, lui qui l’écoute non pour l’oublier, mais pour la mettre en pratique dans ses actes, celui-là sera heureux d’agir ainsi » (Jc 1, 22-25).

7. Face aux pauvres, on ne fait pas de rhétorique, mais on se retrousse les manches et on met la foi en pratique par une implication directe qui ne peut être déléguée à personne. Parfois, une forme de relâchement peut prendre le dessus, conduisant à des comportements incohérents, comme l’indifférence envers les pauvres. Il arrive aussi que certains chrétiens, par attachement excessif à l’argent, s’enlisent dans le mauvais usage des biens et du patrimoine. Ce sont des situations qui manifestent une foi faible et une espérance molle et myope.

Nous savons que le problème n’est pas l’argent lui-même, car il fait partie de la vie quotidienne des personnes et des relations sociales. Ce sur quoi nous devons réfléchir, c’est plutôt la valeur que l’argent a pour nous : il ne peut pas devenir un absolu, comme s’il était le but principal. Un tel attachement empêche de regarder de manière réaliste la vie de tous les jours et brouille le regard en empêchant de voir les besoins des autres. Rien de plus néfaste ne peut arriver à un chrétien ou à une communauté que d’être ébloui par l’idole de la richesse qui finit par enchaîner à une vision de la vie éphémère et défaillante.

Il ne s’agit donc pas d’avoir un comportement d’assistance envers les pauvres, comme c’est souvent le cas ; il faut au contraire s’engager pour que personne ne manque du nécessaire. Ce n’est pas l’activisme qui sauve, mais l’attention sincère et généreuse permettant de s’approcher d’un pauvre comme d’un frère qui tend la main, me faisant sortir de la torpeur dans laquelle je suis tombé. Par conséquent, « personne ne devrait dire qu’il reste loin des pauvres parce que ses choix de vie lui font porter davantage d’attention à d’autres tâches. Ceci est une excuse fréquente dans les milieux académiques, d’entreprise ou professionnels, et même ecclésiaux. […] Personne ne peut se sentir exempté de la préoccupation pour les pauvres et pour la justice sociale » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 201). Il est urgent de trouver de nouvelles voies qui puissent dépasser l’idée de ces politiques sociales « conçues comme une politique vers les pauvres, mais jamais avec les pauvres, jamais des pauvres, et encore moins insérée dans un projet réunissant les peuples » (Enc. Fratelli tutti, n. 169). Il faut plutôt tendre à adopter l’attitude de l’Apôtre qui pouvait écrire aux Corinthiens : « Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité » (2 Co 8, 13).

8. Il y a un paradoxe difficile à accepter, aujourd’hui comme hier, car il se heurte à la logique humaine : il y a une pauvreté qui rend riche. Rappelant la “grâce” de Jésus-Christ, Paul veut confirmer ce qu’il a lui-même prêché, à savoir que la vraie richesse ne consiste pas à accumuler « de trésors sur la terre, là où les mites et les vers les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler » (Mt 6, 19), mais se trouve dans un amour mutuel qui fait porter les fardeaux les uns des autres afin que personne ne soit abandonné ou exclu. L’expérience de faiblesse et de limitations que nous avons vécue ces dernières années, et maintenant la tragédie d’une guerre aux répercussions mondiales, doivent nous enseigner une chose de décisive : nous ne sommes pas au monde pour survivre, mais pour qu’une vie digne et heureuse soit permise à chacun. Le message de Jésus nous montre la voie et nous fait découvrir qu’il existe une pauvreté qui humilie et tue, et qu’il existe une autre pauvreté, la sienne, qui libère et rend serein.

La pauvreté qui tue, c’est la misère, fille de l’injustice, de l’exploitation, de la violence et de l’injuste répartition des ressources. C’est la pauvreté désespérée, sans avenir, parce qu’elle est imposée par la culture du rejet qui n’offre ni perspectives ni issues. C’est la misère qui, pendant qu’elle impose une condition d’extrême indigence, affecte aussi la dimension spirituelle, laquelle, même si elle est souvent négligée, existe cependant et compte. Quand la seule loi devient celle du calcul du gain au final, il n’existe plus de freins à la logique d’exploitation des personnes : les autres ne sont que des moyens. Le juste salaire, le juste horaire de travail n’existent plus, et de nouvelles formes d’esclavage sont créées, subies par des personnes qui n’ont pas d’alternative et qui doivent accepter cette injustice empoisonnée afin de grappiller un minimum pour leur subsistance.

La pauvreté qui libère, en revanche, est celle qui se place devant nous comme un choix responsable pour s’alléger du lest et se concentrer sur l’essentiel. En fait, on rencontre souvent ce sentiment d’insatisfaction que beaucoup éprouvent car ils sentent leur manquer quelque chose d’important, et partent à sa recherche comme des personnes errantes, sans but. Désireux de trouver ce qui peut les satisfaire, ils ont besoin d’être orientés vers les petits, les faibles, les pauvres pour comprendre finalement ce dont ils ont vraiment besoin. Rencontrer les pauvres permet de mettre fin à beaucoup d’anxiétés et de peurs inconsistantes, d’atteindre ce qui compte vraiment dans la vie et que personne ne peut nous voler : l’amour vrai et gratuit. Les pauvres, en réalité, avant d’être objet de notre aumône, sont des sujets qui nous aident à nous libérer des liens de l’inquiétude et de la superficialité.

Un père et docteur de l’Église, saint Jean Chrysostome, dans ses écrits où l’on rencontre de fortes dénonciations contre le comportement des chrétiens envers les plus pauvres, écrivait : « Si vous ne croyez point que la pauvreté produise la richesse, pensez à votre Maître, et vous n’aurez plus de doute. Car s’il n’était pas devenu pauvre, vous ne seriez pas devenu riche. Chose étonnante pourtant, que la pauvreté ait enrichi la richesse ! C’est qu’ici, par le mot “richesse”, Paul entend la science de la piété, la purification de nos péchés, la justice, la sanctification, et les biens innombrables que Dieu nous a procurés » (Homélies sur la Deuxième Lettre aux Corinthiens, 17, 1).

9. Le texte de l’Apôtre auquel se réfère cette 6ème Journée Mondiale des Pauvres présente le grand paradoxe de la vie de foi : la pauvreté du Christ nous enrichit. Si Paul a pu donner cet enseignement – et l’Église le diffuser et en témoigner au fil des siècles – c’est parce que Dieu, en son Fils Jésus, a choisi et suivi cette voie. S’il s’est fait pauvre pour nous, alors notre vie elle-même en est illuminée et transformée, et acquiert une valeur que le monde ne connaît pas et ne peut donner. La richesse de Jésus c’est son amour qui ne se ferme à personne et va à la rencontre de tous, en particulier de ceux qui sont marginalisés et privés du nécessaire. Par amour, il s’est dépouillé et a assumé la condition humaine. Par amour, il est devenu un serviteur obéissant, jusqu’à mourir et mourir sur la croix (cf. Ph 2, 6-8). Par amour, il s’est fait « le pain de vie » (Jn 6, 35), afin que personne ne manque du nécessaire et puisse trouver la nourriture qui nourrisse pour la vie éternelle. Encore de nos jours, il semble difficile, comme ce l’était alors pour les disciples du Seigneur, d’accepter cet enseignement (cf. Jn 6, 60) ; mais la parole de Jésus est claire. Si nous voulons que la vie l’emporte sur la mort et que la dignité soit délivrée de l’injustice, le chemin c’est le sien : il consiste à suivre la pauvreté de Jésus-Christ, partageant la vie par amour, rompant le pain de son existence avec les frères et sœurs, en commençant par les derniers, ceux qui manquent du nécessaire, pour que l’égalité soit faite, pour que les pauvres soient délivrés de la misère et les riches de la vanité, toutes deux sans espérance.

10. Le 15 mai dernier, j’ai canonisé Frère Charles de Foucauld, un homme qui, né riche, a tout abandonné pour suivre Jésus et devenir avec lui pauvre et frère de tous. Sa vie d’ermite, d’abord à Nazareth puis dans le désert saharien, faite de silence, de prière et de partage, est un témoignage exemplaire de pauvreté chrétienne. Il nous sera bon de méditer ses paroles : « Ne méprisons pas les pauvres, les petits ; non seulement ce sont nos frères en Dieu, mais ce sont ceux qui imitent le plus parfaitement Jésus dans sa vie extérieure : ils nous représentent parfaitement Jésus, l’Ouvrier de Nazareth. Ils sont les aînés parmi les élus, les premiers appelés au berceau du Sauveur. Ils furent la compagnie habituelle de Jésus, de sa naissance à sa mort. Honorons-les, honorons en eux les images de Jésus et de ses saints parents […]. Prenons pour nous [la condition] qu’il a prise pour lui-même […].Ne cessons jamais d’être en tout pauvres, des frères des pauvres, des compagnons des pauvres, soyons les plus pauvres des pauvres comme Jésus, et comme lui, aimons les pauvres et entourons-nous d’eux » [1]. Pour Frère Charles, ce ne furent pas seulement des mots, mais un style de vie concret l’amenant à partager avec Jésus le don même de la vie.

Que cette 6ème Journée Mondiale des Pauvres devienne une occasion de grâce pour faire un examen de conscience personnel et communautaire et nous demander si la pauvreté de Jésus-Christ est notre fidèle compagne de vie.

Rome, Saint-Jean-du-Latran, 13 juin 2022, Mémoire de saint Antoine de Padoue. François

Le 20 novembre, le Secours Catholique-Caritas France lance sa collecte annuelle.
Les dons recueillis à cette occasion financeront ses actions auprès des plus démunis.
En tant que service d’Église, le Secours Catholique-Caritas France a plus que jamais besoin de la générosité de tous
pour remplir la mission qu’il mène contre la pauvreté et l’exclusion en France et dans le monde.

À l’occasion de cette journée nationale, des enveloppes-dons seront mises à disposition dans votre paroisse.
En complément des enveloppes, la quête de ce dimanche sera destinée au Secours Catholique.
Les dons recueillis serviront à financer leurs actions auprès des sans-abris, des familles précaires, des personnes isolées, mal logées, sans emploi, des enfants et des jeunes en difficulté. Merci de votre soutien.

La Journée de Collecte Nationale dans le cadre de la quête impérée aura donc lieu à l’occasion des messes des 19 et 20 novembre 2022. C’est une journée d’appel aux dons et aussi de sensibilisation sur le projet et les actions menées par le Secours Catholique - Caritas France. Ce sera un temps fort de témoignage sur les actions locales menées, les projets (ponctuels ou permanents) des équipes locales. Cette journée a lieu une semaine après la journée mondiale des Pauvres. Dans la lignée de l’appel du Pape François à « s’opposer à la culture de l’indifférence et de l’injustice avec lesquelles on se place visà-vis des pauvres », les équipes du Secours Catholique veulent témoigner des relations de fraternité vécues et du fait que « Personne n’est si pauvre qu’il ne puisse pas donner de lui-même dans la réciprocité. Les pauvres ne peuvent pas être seulement ceux qui reçoivent ; ils doivent être mis dans la condition de pouvoir donner, parce qu’ils savent bien comment le faire ». C’est ensemble, acteurs du Secours Catholique-Caritas France, avec les communautés paroissiales, avec les citoyens, que nous voulons vivre la fraternité pour construire ensemble « Un monde Juste et Fraternel