LE TEMPS ORDINAIRE — Paroisse de Gray

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LE TEMPS ORDINAIRE

Le temps ordinaire se déploie à 2 périodes distinctes de l’année liturgique. En effet, entre le baptême du Seigneur et le mercredi des Cendres, puis entre la Pentecôte et l’Avent, se déroule le temps dit « Ordinaire », au sens d’habituel (ordinarius) familier, proche du déroulement quotidien de l’existence. Il est jalonné d’un certain nombre de fêtes et solennités.

Par Paul De Clerck, Curé d’une paroisse bruxelloise, professeur honoraire de l’Institut Catholique de Paris 

ORDINAIRE, QU'EST-CE À DIRE ?

Est ordinaire, dans le langage courant, une chose dont se sert habituellement, quotidiennement, à la différence de réalités extra-ordinaires, comme le sont les fêtes, qui « sortent de l’ordinaire ». « D’ordinaire » signifie : habituellement, à la différence de ce qui est plus particulier, spécifique, réservé à telle catégorie de personnes ou à telle circonstance plus exceptionnelle.

Dans l’usage liturgique, qui nous intéresse plus particulièrement ici, le Temps ordinaire désigne les 33 ou 34 semaines situées en dehors des temps forts que sont l’Avent et le temps de Noël, le Carême et le Temps pascal. Ces derniers comportent des particularités (pas de Gloria en Carême ; Alleluia au Temps pascal, etc.), alors que durant le Temps ordinaire on célèbre la liturgie « normale », si l’on peut dire, sans particularité. Même si l’on fait bien évidemment la différence entre la semaine et les dimanches !
C’est en ce sens-là que l’on parle aussi de « l’Ordinaire de la messe », c’est-à-dire des parties invariables, à la différence des particularités dues à tel ou tel temps fort.

Le terme « ordinaire » qualifie le quotidien, à la différence du festif. Il ne faudrait pas y voir une disqualification ; quelqu’un n’a-t-il pas écrit un Éloge du quotidien ? (Tzvetan Todorov, Éloge du quotidien, 1998)

Le Temps ordinaire est donc celui où nous pouvons vivre à l’aise les richesses de la liturgie, les approfondir et les ruminer, pour qu’elles produisent en nous tous leurs fruits. Il nous offre l’occasion de laisser descendre en nos cœurs tout ce dont les temps forts nous ont comblés. Il ne faut donc pas les considérer comme des « temps morts » !

Chaque dimanche nous est servi un plateau à trois lectures bibliques, et durant la semaine on parcourt, au long de deux années, les richesses des livres bibliques que l’on n’a pas toujours l’occasion d’entendre durant les temps forts. La couleur liturgique du Temps ordinaire est d’ailleurs le vert, couleur de la croissance et de la vitalité dans le quotidien. Si les temps forts peuvent être considérés comme ceux des semailles, le Temps ordinaire est celui de la croissance, en nos existences, des richesses semées au printemps pascal. Le temps de l’Église.

Par différence, on mesure alors aussi l’importance des fêtes, qui sont là « pour nous sortir de l’ordinaire » et stimuler notre quotidien.

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Par Serge Kerrien, diacre du diocèse de Saint-Brieuc-Tréguier et conseiller pastoral au SNPLS

L’année liturgique présente, dans sa structure, une alternance de temps forts, nettement caractérisés, et de temps dits « ordinaires ». Ces temps ordinaires n’ont cependant rien de quelconque. On n’y célèbre pas un aspect particulier du mystère chrétien, mais on y chemine au fil des jours vers le Père, dans la lumière du Christ, accompagnés par l’Esprit. Alors, même si ces temps ne comportent pas d’invitation forte à la conversion, comme le font le carême et, à un degré moindre, l’Avent, ils n’en sont pas moins une invitation à la conversion.

On pourrait penser que l’année liturgique est un cycle fermé qui se répète d’année en année. Il n’en est rien parce que, si elle se répète, ce n’est jamais de façon identique. Mémorial qui célèbre, au cours des trois années, les merveilles du salut accompli par Dieu en Jésus Christ, l’année liturgique ne regarde pas seulement vers le passé. Elle est orientée vers un terme : la venue du Seigneur dans la Gloire, à la fin des temps. Toute la vie chrétienne est orientée vers le retour du Christ et ce désir de la rencontre du Christ et du face à face avec Dieu demande au chrétien un enrichissement progressif de sa foi, de son lien avec Dieu, c’est-à-dire une conversion permanente. Le temps ordinaire offre cette possibilité et invite, dans la fidélité à l’Évangile, à mourir à tout ce qui entrave la liberté que le Christ a inauguré au matin de Pâques. Même célébré plus globalement dans le temps ordinaire, le mystère du Christ est un appel permanent à la conversion et à l’accueil de la grâce qui, seule, peut nous convenir.

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POURQUOI UN TEMPS "ORDINAIRE" ?

Après les fêtes de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte, le « temps ordinaire » redémarre dans le calendrier liturgique à partir du dimanche de la Sainte Trinité. Un temps pour lire et méditer les textes de l’Ancien et du Nouveau Testaments, et goûter dans la durée l’histoire du salut.

Béatrice Bazil-la Croix (supplément Religion et Spiritualité)

Le calendrier liturgique s'est élaboré progressivement au fil des siècles. Son dernier remaniement date de 1969, dans le prolongement de la réforme liturgique décidée au concile Vatican II.
Dans ce calendrier, le temps dit ordinaire désigne les périodes autres que les deux temps forts célébrés par l'Église : d'une part, l'Avent et le temps de Noël ; d'autre part, le Carême, la fête de Pâques et le temps pascal jusqu'à la Pentecôte.

Le "temps ordinaire" n'a d'ordinaire que le nom. En dehors de Noël et du temps pascal, c'est l'ensemble du temps liturgique qui permet aux fidèles de vivre sur une année complète tout le mystère du salut accompli par Jésus-Christ. Le temps ordinaire (tempus per annum,en latin, ou le temps le long de l'année) comprend donc les 33 ou 34 semaines couvrant le reste de l'année : la première période va du lundi suivant la fête du Baptême de Jésus (célébré le dimanche après l'Épiphanie) au mercredi des Cendres (non compris) ; la seconde période s'étend de la Pentecôte au premier dimanche de l'Avent (non compris), qui ouvre la nouvelle année liturgique. Ainsi, le 25 septembre 2011 est le 26e dimanche du temps ordinaire. Petite curiosité : les semaines du temps ordinaire sont toujours numérotées de 1 à 34, même si l'on ne compte que 33 semaines cette année-là ; on saute dans ce cas une unité entre les deux périodes.

  • À quoi sert ce temps?

Dès les origines, l'Église a voulu que les fidèles revivent sur une année entière les événements de l'histoire du salut accomplis par Jésus-Christ. Pendant le temps ordinaire, lorsqu'on ne commémore pas un fait précis de la vie du Christ, de la Vierge Marie ou d'un saint, c'est le dimanche lui-même, "Pâque hebdomadaire", qui est valorisé comme "jour de fête primordial qu'il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles". Le temps ordinaire donne aussi aux fidèles l'occasion de progresser dans leur connaissance et leur compréhension des grands textes bibliques. Pendant les dimanches "ordinaires", en effet, à l'inverse des temps forts de l'année où les lectures sont choisies de façon thématique, on fait une lecture continue des textes (Épîtres et Évangile) de l'année en cours, selon un parcours conçu sur trois années A, B et C (on est actuellement dans l'année A, consacrée à l'Évangile de saint Matthieu). En semaine, on lit les quatre Évangiles en une année et des passages importants d'autres livres de la Bible en deux ans.

  • Comment fonctionne-t-il?

L'année liturgique comprend en fait deux cycles qui se superposent. Le temps ordinaire s'insère dans le cycle liturgique de base, dit "temporal". Axé sur les événements de la vie du Christ, ce cycle a prééminence sur le cycle "sanctoral", consacré aux fêtes des principaux saints. La mobilité de la fête de Pâques et du temps liturgique qui en dépend, le fait que d'autres fêtes à date fixe tombent parfois le dimanche ont conduit à fixer des règles précises qui permettent de combiner ces deux cycles. Au fil des siècles, on avait ajouté dans l'année de très nombreuses fêtes de saints qui finissaient par éclipser la célébration du mystère pascal lui-même. Pour éviter cette dérive, Vatican II a largement revalorisé la célébration du dimanche, et a par ailleurs réduit le nombre des saints devant être fêtés par l'Église universelle, en confiant à chaque Église locale, nation ou ordre religieux la liberté de fêter les autres.

Aujourd'hui, pendant le temps ordinaire, les dimanches sont toujours célébrés, sauf s'ils coïncident avec une grande fête dite "solennité" du Seigneur, de la Vierge ou des saints (leur nombre est limité à onze dans l'année). En semaine, on célèbre toujours les fêtes et les mémoires "obligatoires" des saints ; les autres jours de la semaine, on a le choix entre les messes du temps ordinaire, les mémoires "facultatives" et les messes consacrées à des dévotions diverses (dites "votives").

  • Les protestants, les orthodoxes ont-ils un temps ordinaire?

Chez les protestants, l'année liturgique est rythmée d'une façon proche de celle des catholiques, hors les fêtes de la Vierge Marie et des saints. Comme les autres temps de l'année, le temps ordinaire a des "spontanés" spécifiques ; ce sont les courts chants ou "répons" que l'assemblée reprend avec l'orgue et qui ponctuent les différentes parties du culte. Les lectures bibliques des dimanches sont désormais communes aux protestants et aux catholiques, avec toutefois une certaine liberté laissée au pasteur protestant pour choisir les textes sur lesquels il fera sa prédication. Quant aux couleurs liturgiques, l'Église luthérienne et quelques Églises réformées utilisent les mêmes que les catholiques, en plaçant par exemple une bande de tissu de couleur sur la Bible ouverte. Mais cette pratique n'est pas majoritaire dans le monde réformé.

Pour les orthodoxes, "le temps de l'Église n'est jamais ordinaire !",affirme avec conviction l'archiprêtre Serge Sollogoub. "On ne vit pas le temps d'une manière banale,confirme le théologien Michel Evdokimov, il y a toujours quelque chose à dire, on est toujours en chemin vers une fête du Christ, de la Vierge Marie, d'un saint…"

Le monde orthodoxe compte en effet de très nombreuses fêtes de saints, quatre temps de Carême : le Carême de Noël, le Grand Carême de Pâques, le Carême précédant la fête de saint Pierre et saint Paul et le Carême de la Dormition (Assomption). La notion de temps ordinaire est donc peu employée. Dans la liturgie orthodoxe, deux cycles se chevauchent : le premier, qui comprend notamment les fêtes fixes, s'ouvre le 1er septembre sur la fête de l'"Indiction" ou Nouvel An ecclésiastique (le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople en a fait une fête de la protection de l'environnement). Le second cycle commence après le dimanche de Pentecôte, il ouvre le temps eschatologique, le temps du Royaume.

On compte les semaines à partir du dimanche de Pentecôte. Les couleurs des vêtements et ornements liturgiques sont plus variées que chez les catholiques. Leur emploi est relativement codifié dans les Églises dépendant du Patriarcat de Moscou. En revanche, dans le reste du monde orthodoxe, deux directives seulement prévalent : utiliser des couleurs sombres pendant le grand Carême pascal et des vêtements lumineux le jour de Pâques.

Fêtes liturgiques pendant le TEMPS ORDINAIRE

la fête de la Sainte Trinité (1er dimanche après Pentecôte)
la fête du Saint Sacrement, dite Fête-Dieu (2e dimanche après Pentecôte)
la fête du Christ-Roi (34e et dernier dimanche du temps ordinaire)
la Présentation de Jésus au Temple (dite fête de la Chandeleur)
l'Assomption de Marie
la nativité de Marie
la fête de Toussaint
la commémoration des fidèles défunts

La grâce du temps ordinaire ?
Quand reprend le temps ordinaire, aussitôt après la fête du Baptême du Christ ou après la Pentecôte, on est en général saisi par une sorte de nostalgie : qui se sent attiré, en effet, par l'«ordinaire» ? On range la crèche et ses santons, et avec elle l'odeur chaude et dorée de Noël... La fin du temps pascal signifie aussi le retour du cierge pascal à la sacristie... Les signes s'estompent et l'on se sent poussé au désert de la banale répétition des jours... Vraiment ?

Non pas vraiment. Car ordinaire, cela veut d’abord dire « ordonné » ; dans l’ordre. Le Maître des cérémonies (Dieu !) a tout disposé dans l’ordre de façon à ce que nous puissions jouir de l’harmonie qu’il a voulue et prévue pour nous. Le temps ordinaire, c’est le temps où toutes les réalités trouvent leur juste place selon le cœur de Dieu. Il ne s’agit pas de quitter le temps de la fête pour retrouver la grisaille du quotidien mais de vivre pleinement d’un mystère de salut (incarnation et rédemption, Noël et Pâques) qui s’inscrit jusque dans l’ordinaire de nos vies.

On pourrait croire alors qu’il s’agit d’une sorte de pause : on ne peut pas vivre intensément tout le temps, il faut parfois s’arrêter pour goûter, pour méditer, pour reprendre et savourer, pour ne pas se laisser dépasser par la liturgie… Ça n’est pas faux, mais ça n’est pas suffisant ; car ordonné veut aussi dire « tourné vers », « orienté » : le temps ordinaire, c’est donc aussi le temps orienté. Orienté vers quoi ? Orienté vers le Christ, tout simplement, lui l’Orient des Orients, la lumière sans couchant, le vrai Soleil de Justice. Le temps ordinaire, c’est le temps du marcheur, le temps du disciple qui se sait appelé à mettre ses pas dans ceux du Christ pour « marcher à sa suite ». C’est un temps qui un début – le baptême – et une fin – la Pentecôte. Renés en Christ dans la grâce de Noël, nous cheminons avec lui pour nous ouvrir à la grâce la plus grande qui soit : le don de son Esprit.

(Source : Fraternités Monastiques de Jérusalem – http://jerusalem.cef.fr)

Non, le temps ordinaire n’est pas le temps du « moins » ou du « moins bien »
mais le temps de se mettre en route… et c’est maintenant !

En savoir plus : Qu'est-ce que l'année liturgique ?