Redonnez-nous la messe Emmanuel Barsu 24 avril — Paroisse du Val de Pesmes

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Redonnez-nous la messe Emmanuel Barsu 24 avril

Redonnez-nous la messe !

« Redonnez-nous la messe » c’est la demande des catholiques autrichiens alors que la sortie du confinement a commencé le 14 avril dernier dans leur pays. Mais pourquoi est-ce si important pour nous ?

  L’évangile nous fait réentendre aujourd’hui le récit de la multiplication des pains. Si nous n’avions pas l’habitude de nous retrouver pour célébrer ensemble la messe le dimanche, et en semaine, il nous manquerait quelque chose pour bien accueillir cette parole proclamée. Au fond, on pourrait en rester à y voir un acte de puissance accompli par Jésus : il a vu le besoin de la foule et comme il peut tout, il les a nourris. Mais pour celui qui a été bercé par les paroles, toujours semblables prononcés par le prêtre à la consécration, la succession des trois verbes « il prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives » ne manque pas de lui rappeler ce sommet de la messe.

  Bien plus qu’un simple rassasiement de la foule (qui n’a rien demandé), l’évangile nous précise que l’on est proche de la fête de la Pâque, que Jésus est assis avec ses disciples, que cette nourriture est suffisamment précieuse pour ne surtout pas la laisser perdre, malgré l’abondance, et enfin que la foule veut faire de Jésus son roi. Autant d’éléments qui nous transportent vers les trois actes du mystère pascal : un repas le jeudi, le procès (« voici votre roi ») et la mort sur la croix le vendredi, le tombeau vide et les apparitions du dimanche.

  Ces trois actes, c’est précisément ce que nous avons vécu pendant le Triduum et ce que nous venons revivre de façon ramassée quand nous venons à la messe. Et nous les vivons de façon toute particulière, puisque le Christ est présent à la messe de la façon la plus complète qui soit. En effet lorsque nous vivons ensemble la messe, le Christ est présent de quatre façons qui se complètent et s’enrichissement mutuellement, sans s’opposer :

 Jésus est d’abord présent dans le peuple des baptisés et des catéchumènes réunis ; ensemble nous rendons visible son corps.
 Ensuite il est présent par sa Parole qui naît de la proclamation de l’Écriture Sainte.

Nous voilà donc avec un corps qui parle, mais ce corps a aussi une tête visible !

  C’est la place délicate qu’occupe le prêtre qui s’exprime alternativement au nom de tous (prions ensemble,…), en son propre nom (lave-moi de mes fautes,…) et en la personne du Christ lui-même (ceci est mon Corps,...).
 Enfin, de façon toute particulière, le Christ est réellement présent dans le pain et le vin devenus son Corps et son Sang par l’imposition des mains du prêtre.

  À ces quatre modes de présence peuvent s’en ajouter d’autres : lorsqu’un diacre est présent, c’est le Christ Serviteur qui est rendu particulièrement visible. Si l’évêque vient c’est le grand prêtre du troupeau que nous voyons à travers lui. La lumière, les œuvre d’art, les fleurs, le chant font voir les beautés de la Création et annoncent la création nouvelle accomplie en Jésus. On peut multiplier les compléments, mais la messe reste le seul lieu où se réalisent toujours les quatre dimensions fondamentales que nous avons décrites. La célébration eucharistique est donc « œuvre du ‘Christus totus’ » (Benoît XVI, Sacramentum Caritatis, n. 36).

 On peut alors dire avec le Saint Père qu’en ces temps-ci notre perception de l’Église est imparfaite : « Et cela n'est pas l'Église : c'est l'Église dans une situation difficile, que le Seigneur permet, mais l'idéal de l'Église est toujours avec le peuple et avec les sacrements. Toujours. » (homélie du 17 avril 2020).

  Saint Augustin ne disait pas autre chose : « Le Christ n'est pas dans la tête sans être dans le corps, le Christ est tout entier dans la tête et dans le corps » (Commentaire de l’évangile de Jean). Mais soyons rassurés, Jésus n’abandonne donc jamais son Église qui est son corps et continue de la nourrir et de la soutenir dans ces moments difficiles. Entendons l’avertissement prophétique de Gamaliel : « Mais si [l’entreprise des disciples] vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. » (Ac 5, 39). Tenons bons !

Emmanuel Barsu, prêtre