Les 400 ans du 1er miracle de ND de Gray — Paroisse du Val de Pesmes

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Les 400 ans du 1er miracle de ND de Gray

LES MIRACLES DE NOTRE-DAME DE GRAY

Conférence de M. Michel Mauclair Basilique Notre-Dame de Gray 19 janvier 2020

Origine : Montaigu en Belgique (entre Louvain et Liège) dès le 13ème siècle.

Des phénomènes bizarres se déroulent sur la colline du Mont-Aigu autour d’un chêne plusieurs fois centenaire. Les foules viennent voir ce qu’il se passe et laissent, pour ceux qui s’estiment guéris, un souvenir (image, bâtons de pèlerins, bourdons, statuettes (les ex-voto de l’époque). Parmi ces objets se trouve une statue de la Vierge, accrochée au tronc du chêne. Un jour, un jeune berger la trouve tombée au sol. Il la ramasse avec l’intention de l’emporter. Mais aussitôt, il est cloué sur place. Il reste là toute la journée jusqu’à ce que, le soir venu, le fermier se mette à sa recherche et finisse par le trouver toujours dans la même situation. Après avoir écouté les explications du jeune berger, le fermier replace la statue à sa place sur le tronc de chêne et aussitôt le jeune berger retrouve sa liberté de mouvement. L’histoire circule parmi les populations environnantes qui accourent en grand nombre auprès du chêne où plusieurs faits exceptionnels sont recensés. Chaque pèlerin voulant emporter un souvenir, le chêne est petit à petit grignoté, d’autant plus que de nombreuses guérisons sont constatées. Fragilisé, le chêne menace de s’écrouler jusqu’à ce que les Archiducs Albert et Isabelle, qui fréquentent eux aussi le lieu, décident, avec l’archevêque de Malines, de mieux organiser les pèlerinages et surtout d’abattre le chêne pour protéger son bois. Il est découpé en trois morceaux. Le plus beau est envoyé à Isabelle à Bruxelles ; les deux autres et les branches sont déposés dans l’église du village d’à-côté : Zichem.

C’est dans ce bois que vont être taillées des dizaines de statuettes, car tout le monde en veut (rois, princes, pauvres gens….). Apparaissent des faussaires ce qui conduit à la désignation d’un fournisseur officiel.

Comment une de ces statuettes s’est-elle retrouvée à Gray ?

En 1613, Jeanne Bonnet (Salins)(surnommée sœur Sigolette) part en pèlerinage à Montaigu où elle reste 9 jours (elle est âgée de 70 ans). En quittant ce lieu, elle passe par Bruxelles (elle y reste 7 mois) avant de revenir en Franche-Comté, avec une arrière-pensée bien précise, se procurer un morceau de chêne. A Bruxelles, elle rencontre le pâtissier de l’Archiduc. Ce pâtissier lui remet un morceau de chêne de Montaigu, attesté par un notaire. Heureuse de ce cadeau, elle reprend le chemin de Salins, s’arrêtant dans les auberges pour dormir. Dans l’une d’elles, elle se fait voler son morceau de chêne par des hommes qui le jettent dans le feu. Tristesse, désolation….Le lendemain matin, dans l’âtre froid, elle retrouve intact le morceau de bois qui donc n’a pas brûlé. (fait constaté par un procès-verbal).

Arrivée en Franche-Comté, elle se rend à Saint-Claude (autre lieu de pèlerinage fréquenté), et demande à un sculpteur de faire une statuette dans le morceau de chêne de Montaigu. Après avoir proposé la statuette à plusieurs personnes de Salins et d’ailleurs qui la refusent, elle la fait bénir par l’archevêque de Besançon, Monseigneur de Rye,  (voir vitrail en bas à gauche). Elle porte cette statuette aux Cordeliers de Gray qui ne croient pas un mot de ce qui se passe à Montaigu et de l’histoire que raconte Jeanne Bonnet. Elle fait alors don de sa statuette à Rose de Beauffremont, épouse de Jérôme d’Achey, gouverneur de Gray. Dans un premier temps, elle la refuse car elle ne croit pas qu’elle provient du chêne de Montaigu. 

Jeanne Bonnet présente un papier avec des noms et des signatures inconnus attestant que le bois provient du chêne de Montaigu. Finalement, elle l’accepte et la dépose dans son oratoire. Son mari, Jérôme d’ACHEY est malade, souffre terriblement. Après avoir posé ses lèvres sur  la statuette, ses douleurs disparaissent et il meurt paisiblement le 6 janvier 1616. 

Entrent alors en scène les Capucins et particulièrement le Père Gabriel Jolyot qui rend visite à Rose de Beauffremont et voit la statuette. Il pose des questions et déclare que cette statuette serait mieux dans leur chapelle où elle pourrait être vénérée par tous que dans l’oratoire de Rose de Beauffremont. Il lui faudra beaucoup de patience et de force de persuasion pour y parvenir, car Rose de Beauffremont ne veut pas se séparer de la statuette. Mais elle finira par céder après la mort de son mari.

Très vite la nouvelle se répand de la présence de la statuette dans l’église des Capucins et les populations accourent en masse. On retrouve le même phénomène qu’à Montaigu. Et comme à Montaigu, on ne va pas tarder à constater la manifestation extraordinaire de la Vierge.

Les personnes qui vont obtenir une réponse favorable à leur demande sont issues de toutes les classes sociales, de tous âges, hommes, femmes ou enfants. Ce qui est commun à toutes ces personnes c’est leur foi profonde, convaincue et pas seulement de circonstance,  condition essentielle pour être entendus par la Vierge.

Il n’est pas question d’évoquer tous les miracles connus. Cela serait long et fastidieux. On peut simplement essayer de les classer en tenant compte des résultats obtenus :

1) Les miracles liés à la santé sont, de loin, les plus nombreux : handicapés, estropiés, aveugles, fièvre continue, convulsions... 2)  Les miracles relatifs à la protection des villes  (Gray, Dole, Arbois, Salins, Besançon,….) 3) Les épidémies de peste et de choléra 4) Les incendies 5) Les guerres 6) Les conversions 7) Joseph Fimbel et le Père Lamy.

Nous avons la chance d’avoir un ensemble exceptionnel des procès-verbaux rédigés par les Pères Capucins. Ces derniers ont consigné scrupuleusement ce qu’ils ont vu, de 1620 jusque 1691. On y trouve aussi les dépositions des témoins (de quelques-uns à plusieurs dizaines, tous émanant de personnes dignes de confiance). On trouve de nombreux témoignages de médecins qui devant la gravité des maladies ou des infirmités, et devant l’impuissance de la médecine,  conseillaient à leurs patients de faire le pèlerinage à Notre-Dame de Gray. Ces témoignages ont été reliés en 7 registres et paginés (1107 pages et il en manque) en 1890 par le curé de GRAY  le chanoine Villerey.

Le premier miracle

 

Le premier miracle se produit le 17 février 1620. Un enfant, Cléry Voisin, fils d’un soldat en garnison à Gray, âgé de 10 ans, est atteint d’étisie (amaigrissement extrême). Sa maigreur est telle qu’il ressemble à un squelette et ne peut se déplacer seul. C’est lui qui demande à ses parents de le conduire dans la chapelle des Capucins. Comme nous sommes en hiver il est enveloppé dans une grande fourrure. C’est ainsi que son père le dépose devant l’autel. L’enfant récite un Ave Maria et entend la messe. Dans les premiers instants, l’enfant sent son corps se mettre en mouvement, d’abord doucement, puis plus nettement. Après quelques minutes, le jeune garçon s’écrie « Je suis guéri ». C’est la bousculade dans l’église car tous les présents veulent voir le miracle et le miraculé. (Voir le vitrail en bas à droite)

Aussitôt la nouvelle se répand. La statuette est bien comme celle de Montaigu, miraculeuse. Ce n’est que le début de longs cortèges de foules nombreuses venant chercher une guérison, une protection.

Pour marquer dignement ce premier miracle, la municipalité décide d’organiser chaque année une procession à la chapelle des Capucins en action de grâces. 

Ce premier miracle va être suivi de nombreux autres aussi remarquables et extraordinaires. Les guérisons individuelles sont sans conteste les plus fréquentes, surtout les infirmités. Un père Capucin, chargé de retranscrire ce qu’il voit, précise qu’avec toutes les béquilles abandonnées en ex-voto, on aurait pu remplir deux charrettes. D’autres retrouvent la vue. Des ulcères sont guéris. Dans les témoignages on trouve aussi des cas désespérés, au point que dans les charrettes qui  conduisent les malades  à Gray, on trouve aussi les linceuls nécessaires à leur ensevelissement s’ils devaient trouver la mort en cours de route. Car on venait de loin, de toute la Franche-Comté bien sûr, mais aussi de bien au-delà, y compris de l’étranger. On a même vu des mères apporter des enfants mort-nés espérant un simple petit souffle de vie permettant de baptiser l’enfant. Les comptes rendus sont classés selon l’origine géographique  des personnes exaucées. Ainsi pour le diocèse de Besançon, on trouve les doyennés de Gray, Luxeuil, Faverney, Traves, Granges, Salins et Lons-le-Saunier. Les autres diocèses cités sont ceux de Dijon, Châlons-sur-Saône, Lyon, Langres et Troyes, mais encore le Duché de Lorraine et de Bar.

Second phénomène extraordinaire

Le 23 août 1622, le feu se déclare dans la ferme d’un maître de poste, dans le bas de la ville, à proximité de l’hôpital du Saint-Esprit. Très vite, le feu s’étend aux maisons voisines, au clocher de l’église de l’hôpital et aux habitations du recteur et des pauvres. La violence de l’incendie est telle que l’on craint pour toute la ville. C’est alors que les Pères Capucins apportent la statuette sur le lieu de l’incendie et le curé apporte le Saint-Sacrement. Avec l’accord du vicomte-mayeur, le curé fait le  vœu d’organiser une procession entre l’église paroissiale et celle des Capucins si le feu cesse. Aussitôt, le feu perdit de son intensité et cessa rapidement. Tous les Graylois attribuent cette fin favorable à Notre-Dame.

Le cas de Pierre Mignot

Pierre Mignot habite Autun. Atteint de plusieurs ulcères qui le font terriblement souffrir, il se rend à Paris vers sa Majesté Très Chrétienne pour être touché par elle, le roi étant capable de guérir les écrouelles. Cela se passe dans la galerie du Louvre le jour de Pâques 1619. Il constate une certaine amélioration, mais la guérison est loin d’être totale. On lui conseille plus tard de venir prier Notre-Dame de Gray. Cinq à six semaines après, les ulcères disparaissent, mais il ressent toujours une grande et véhémente douleur. Le conseil est alors de continuer à prier N-D ; Il est guéri après un deuxième pèlerinage de trois jours.

L’impression des procès-verbaux

En 1623, les Capucins souhaitent imprimer le texte des premiers témoignages et miracles. L’archevêque refuse mais nomme un docteur en droit canon connu, Claude Jobelot, pour effectuer une enquête complète auprès de celles et ceux qui prétendent avoir été miraculeusement guéris. Il s’agit d’un travail plus que conséquent. Un jésuite, recteur du collège de Dole, affirme qu’il y aurait eu 2500 guérisons après un pèlerinage à Notre-Dame de Gray en 9 ans. Dans la conclusion finale de ses travaux, Jobelot  considère que la plupart des  guérisons obtenues à Gray sont authentiques.

Jobelot est envoyé en mission le jeudi 14 septembre 1623. « Il est envoyé à la recherche de preuves et vérification des miracles faits et opérés par l’intercession de la Vierge Marie ». Cette mission lui est confiée devant l’église du couvent des Capucins par l’archevêque de Besançon, Mgr. Ferdinand de RYE. Bien des autorités sont présentes comme Clériadus de Vergy, Comte de Champlitte et Gouverneur de Bourgogne, mais aussi un nombre impressionnant de prêtres et de religieux. Dans un premier temps, il s’agit de s’assurer que la statuette détenue par les Pères Capucins est bien celle de Montaigu. Il faut donc le vérifier.

« La statuette est sortie du grand tabernacle de bois de noyer doré et coloré dans lequel est enclos un autre petit d’ivoire qui est enfermé dans un cristal où repose ladite Image. Elle est posée sur le grand autel de la chapelle ». Une reconnaissance précise de la statuette est faite en présence de religieux mais aussi de menuisiers. Toutes les dimensions sont précisées. 

Rose de Beauffremont comme Jeanne Bonnet sont là pour confirmer que c’est bien la statuette originale. Le gardien du couvent interrogé reconnaît que de nombreuses hautes personnalités sont venues « tant de France, d’Allemagne, Lorraine que de ce Pays ». Jobelot demande de replacer la statuette dans son tabernacle et de ne plus la faire sortir sinon à la demande de l’archevêque.

Le même problème se retrouve en 1681. Les Capucins demandent une nouvelle autorisation pour imprimer les procès-verbaux qu’ils détiennent. L’archevêque (Mgr de Grammont) délègue deux chanoines pour les vérifier. Mais l’un d’eux ne veut pas reconnaître tous les miracles. Les Capucins récupèrent tous les documents et envisagent une impression ultérieure. Les Capucins n’apprécient pas non plus la position de l’archevêque qui considère que, de toutes façons, les procès-verbaux sont nuls et ne comptent pas assez de preuves et de témoignages. Pour l’archevêque, les Capucins n’ont aucun pouvoir juridique pour rédiger de tels procès-verbaux.

Deux guérisons vont être considérées par les Graylois comme une réponse divine au refus de l’archevêque d’imprimer les procès-verbaux des Capucins, d’autant plus qu’ils concernent deux religieuses : l’une est religieuse ursuline à Besançon. En s’approchant de la statuette, elle retrouve l’usage de ses membres.

La seconde est religieuse ursuline à Gray. Elle est issue d’une famille de notables Graylois. C’est sœur Pierrette Béatrice Hugon. Elle est atteinte de fièvre permanente et de paralysie des jambes. Les soins des médecins n’y font rien. Au contraire, le mal s’aggrave. La religieuse fait alors le vœu de se rendre à l’église des Capucins pour prier devant la statuette de Notre-Dame. Son père met une calèche à sa disposition. Au cours du voyage, elle perd connaissance, tant et si bien  qu’à son arrivée chez les Capucins on la considère comme morte. Néanmoins, elle assiste à la messe. Lorsqu’à la fin, le père Capucin lui fait embrasser la statuette, ses yeux s’ouvrent ; elle parle pour dire « Sainte Vierge que vous êtes belle ! » et retombe dans son état maladif et convulsif. On essaie de la réconforter et soulager ses douleurs, elle crie de plus en plus fort. Quelque trente minutes plus tard, elle demande de vénérer à nouveau la statuette. Un père Capucin la lui apporte et lui fait toucher plusieurs parties de son corps. Alors sœur Hugon s’écrie : « Sainte Vierge vous m’avez guérie, je veux vous suivre ! ». Puis elle se lève et marche jusqu’à l’autel. Pendant 9 jours, elle est revenue remercier la Vierge.

Après avoir tout contrôlé et vérifié, l’archevêque fait imprimer le récit de cette guérison pour la donner en exemple aux fidèles. Un ex-voto est fixé sur le pilier à droite de l’entrée de la chapelle de Notre-Dame de Gray et sur la verrière dans la chapelle (en haut à gauche). 

Des phénomènes comme celui-là ne se produisent pas tous les jours. Mais quotidiennement, on peut constater des faveurs ou des grâces obtenues par l’intercession de la Vierge. Dans les registres, on trouve des dizaines de cas de guérisons inexplicables pour les médecins, en particulier des handicapés ou paralysés qui retrouvent l’usage de leurs membres, des guérisons de nombreux ulcères, des aveugles qui retrouvent la vue. Les exemples ne manquent pas. La plupart des malades guéris le sont à l’issue d’une neuvaine de prières,  mais parfois il faut insister, deux voire trois neuvaines. Aucun cas n’est de ce point de vue identique. Ainsi cette femme, atteinte de trois ulcères à la jambe en voit un guéri au bout de 3 jours, le second au bout de 6 jours et le troisième au bout de 9 jours. Lorsque des guérisons sont immédiates, elles sont plus spectaculaires et impressionnantes pour les foules. 

On trouve même des guérisons au cours de processions organisées spécialement dans ce but. Que dire encore du cas de ce jeune garçon, infirme, qui se met à marcher avant même d’arriver aux Capucins et qui dit : « J’ai vu une grande dame, revêtue d’un riche manteau dont les bords étaient tenus par des enfants. Elle m’a ordonné de marcher et me voici ». 

Les épidémies de peste

Il s’agit dans ce cas d’obtenir une protection collective contre le fléau apparu lors de plusieurs épisodes dans les années 1628-1631. Mais pour éviter la contagion du mal, l’église des Capucins est fermée. De même, l’accès à la ville de Gray est interdit aux étrangers. Les villes et villages de la région sont informés de ne laisser partir aucun pèlerinage en direction de Gray. La statuette, d’abord cachée dans la sacristie des Pères Capucins, est apportée dans la ville pour lui faire faire lors d’une procession le tour des remparts. La ville de Gray n’est pas touchée par l’épidémie. Alors les Graylois font une procession avec un plus bel éclat que les années précédentes.

La ville de Dole cherche aussi la protection de Notre-Dame. D’abord contre la guerre et les risques d’invasion des Français. Les Dolois font le vœu de venir aux Capucins, d’apporter une lumière ardente devant la statuette et de l’entretenir à perpétuité. La peste se manifestant, ils font le vœu d’envoyer un estaud (paquet de bougies torsadées) à Gray. Ils l’apportent en procession le 13 mai 1629. Le cortège compte près de 2000 personnes. De même à Besançon. Quatre membres du magistrat sont envoyés à Gray pour prier Notre-Dame afin que la ville soit épargnée. En février 1629, la peste disparaît.

La ville de Salins est aussi frappée par la peste. Les Salinois font le vœu de venir à Gray et d’offrir un calice richement décoré. (29 juillet 1629). Mais le mauvais temps oblige au report de la procession qui n’a lieu que le 23 août 1631 et rassemble 700 personnes. La réception à Gray est grandiose. Un tableau et des cierges aux armes de Salins sont offerts.

La ville de Seurre viendra à Gray le 20 mai 1630.

En 1636, les chanoines de Besançon font le vœu de venir à Gray pour faire cesser le fléau de peste.

En 1637, la peste revient à  Gray. Nouvelle procession générale autour des remparts avec Pierre Fourier. Tous les Graylois sont là, agenouillés, en prières. Pierre Fourier bénit plusieurs fois la ville. Le fléau perd de son intensité. Pierre Fourier ajoute une pénitence supplémentaire aux Graylois : trois jours de jeûne. Aussitôt la peste cesse. Pour les Graylois, à qui faut-il attribuer ce miracle : à la Vierge Marie, à Pierre Fourier (considéré comme un saint vivant), aux deux ????? Pierre Fourier disait que toutes les grâces obtenues n’étaient dues qu’à la Vierge.

La guerre de Dix Ans

A partir de 1635, commence la guerre de Dix Ans. Dès les premiers bruits de bottes, craignant une attaque française, une procession est organisée de l’église des Capucins à la ville. Il est décidé de mettre la statuette en lieu sûr. On la dépose donc chez les religieuses Tiercelines. L’une d’elles, atteinte de tremblement à la main, touche la statuette. Quelques minutes après, sa main retrouve un usage normal.

Le 28 mai 1636, le prince de Condé commence le siège de Dole. Face à cette menace, les Dolois font le vœu d’offrir un estaud à Notre-Dame de Gray.  Le 15 août, les Français lèvent le camp. Mais les Graylois s’inquiètent, car ils pensent qu’après son échec devant Dole, Condé va venir à Gray. Le tocsin signale la présence de cavaliers français jusque sous les murailles. Les Graylois se précipitent à la recherche de Pierre Fourier qui leur dit qu’il n’y a rien à craindre, car la ville est sous la protection de la Vierge.

 

La peste est aussi revenue à Dole. Nouvelle promesse de pèlerinage à Notre-Dame de Gray si la peste disparaît.  Aussitôt, l’épidémie cesse (13 octobre 1636). A cause des évènements, le pèlerinage se déroulera plus tard, le 1er mai 1649. L’accueil est toujours aussi chaleureux de la part des Graylois. Un incident toutefois aurait pu engendrer la mort d’un chanoine professeur à l’université de Dole. Pourquoi ? Des coups de canon sont tirés à blanc, sauf un qui propulse un boulet qui atterrit aux pieds de ce chanoine sans le blesser. En reconnaissance à la Vierge, il offre un cœur d’argent. (Ce sera aussi le cadeau de la ville pour le 1er centenaire du 1er miracle, donc en 1720). De même, la ville d’Arbois fait en 1637 le vœu d’un pèlerinage à Notre-Dame de Gray, vœu qui ne sera réalisé qu’en 1648.

La peste s’estompe puis disparaît, mais la guerre est toujours là. Ainsi, en 1640, les Français veulent brûler les moissons pour affamer les Graylois. On invoque alors Notre-Dame de Gray et Pierre Fourier fait exposer le Saint-Sacrement. Après avoir incité les habitants à prier et à jeûner, il annonce que la moisson sera excellente.

Les alertes continueront, mais la paix revient. Les Français reconnaissent la neutralité de la province. On décide alors de reporter la statuette, toujours chez les Tiercelines, dans l’église des Capucins.

Les processions reprennent alors leur rythme d’avant la guerre de Dix Ans. On invoque la Vierge pour obtenir un temps plus favorable pour les cultures (manque d’eau ou inondations). Lors de la signature du traité des Pyrénées (7 novembre 1659), entérinant la paix entre la France et l’Espagne, une procession part aux Capucins chercher la statuette dans l’église paroissiale pour un Te Deum. Deux processions viennent de Dijon pour remercier la Vierge de cette paix revenue.

Louis XIV

La situation évolue à la mort du roi d’Espagne, Philippe IV, beau-père de Louis XIV. Ce dernier réclame la Franche-Comté. Pour y parvenir, il assiège les villes comtoises. Aussitôt, les magistrats de Gray organisent une procession sur les remparts avec la statuette et font le vœu d’une cérémonie solennelle à l’église paroissiale pour pouvoir rester sous la tutelle de l’Espagne. Les évènements en ont voulu autrement…….jusqu’à la paix d’Aix-la-Chapelle (2 mai 1668). Les Français partent pour revenir le 27 février 1674, ce qu’entérine le Traité de Nimègue le 17 septembre 1678.

Les incendies

Entre-temps, le 2 mai 1676, entre 22 et 23 heures un violent incendie se déclare dans les écuries de la maison Paguelle, derrière l’hôtel-de-ville. Le foin qui s’embrase en projetant des flammes très haut dans le ciel et le vent qui attise le feu, font craindre une extension de l’incendie aux maisons voisines et même davantage. Très vite, les Capucins arrivent en procession avec la statuette jusque sur la place de l’hôtel-de-ville. Avec la statuette, un père Capucin bénit la ville, tandis que le curé fait vœu de jeûner tous les premiers samedis du mois. Instantanément, le feu faiblit puis s’éteint. Dix jours après, une procession de remerciement est organisée. Voir vitrail en haut à droite.

On trouve le récit d’un autre cas d’incendie à Baume-les-Dames, en 1623. Un incendie dans une grange et une étable se propage très vite aux maisons environnantes. Une femme qui détient une image qui avait été en contact avec la statuette de Notre-Dame de Gray, demande qu’on jette cette image dans le feu. Quasi instantanément, le feu faiblit et l’incendie s’arrête. On retrouve, intacte, l’image jetée dans le feu.

Les cas d’hérésie

Dans les tous premiers registres on trouve des cas de rejet de l’hérésie. Ainsi, le 22 mars 1623, cet habitant de Montbéliard qui entend un appel de venir à Gray et de se convertir au catholicisme pour obtenir sa guérison. Ou bien ce religieux, en 1621,  qui a rejeté le catholicisme et y revient après être venu en pèlerinage aux Capucins.

Vers 1760, les Capucins cessent de rédiger les procès-verbaux de ce qui se passe dans leur église et de ce qu’on leur rapporte. Mais la ville sera reconnaissante à la Vierge pour les Grâces qu’elle a accordées à la ville et à ses habitants. Pour le concrétiser, elle ajoute à sa traditionnelle devise  celle-ci : « Faveat Deipara urbis tutella » (que la mère de Dieu, protectrice de la ville, nous favorise). Cette devise est encore visible sur une bannière offerte par la ville en 1887.

Pendant la Révolution, la statuette est enlevée de l’église des Capucins qui ne résiste pas aux pioches des démolisseurs. La statuette est déposée en lieu sûr avant d’être à nouveau visible dans l’église paroissiale. Les processions se rendent toujours aux Capucins où l’on dresse un reposoir.

Le choléra

Le XIXème nous donne de nouveaux exemples de faits extraordinaires attribués à la Vierge. Les différentes épidémies de choléra vont montrer le rôle de la Vierge dans l’éloignement de la maladie. D’abord en 1832, l’épidémie se manifeste dans quelques villages voisins mais pas à Gray même. Néanmoins, les Dames de Gray font le vœu d’offrir à la Vierge de beaux ornements d’autel si la ville est épargnée et cela sera le cas.

Ensuite en 1849. Menaçant depuis quelques semaines, le choléra s’abat sur la ville le 1er novembre. Monseigneur Mathieu, archevêque de Besançon, fait le vœu d’offrir à Notre-Dame de Gray une statue d’argent si le fléau épargne le diocèse. Il vient même passer trois jours à Gray pour soutenir les malades. Il fait alors un deuxième vœu sans y mettre de conditions. Le mal se stabilise et disparaît. La statue offerte par l’archevêque (avec l’aide des Graylois) est inaugurée le 4 mai 1851. La procession parcourt la ville sous des trombes d’eau. (voir vitrail, bandeau du haut).

Enfin, en 1854, une nouvelle attaque du choléra frappe (14 juillet). En deux mois, on compte 582 morts dont 78 militaires du 5ème Dragons. Pendant l’épidémie, la Vierge a été quotidiennement sollicitée.

La guerre de 1870-71

Arrive la guerre de 1870. Face à l’invasion prussienne, l’église est pleine à craquer. Les Dames de Gray font un nouveau vœu, à savoir d’offrir un magnifique vitrail si la région n’est pas envahie ou à tout le moins ne subit pas de dommages. Bien que la ville ait été occupée militairement, elle n’eut pas à souffrir des exactions des soldats, des pillages ni des incendies. (voir le vitrail)

 Le vœu de 1914

Le dimanche 13 septembre 1914, le chanoine Louvot, fait le vœu, en son nom personnel et au nom de la paroisse, d’élever un monument en l’honneur de Notre-Dame de Gray dans le but d’obtenir la victoire des armées françaises et la protection de la ville et de ses habitants. Le vœu sera accompli le 11 juin 1922, dans le quartier des Capucins. Le monument représente fidèlement la statuette originale.

L’action de grâce de Joseph Fimbel

Maire de Gray pendant la seconde Guerre Mondiale, Joseph Fimbel est arrêté par la Gestapo le 1er mai 1944, puis déporté à Buchenwald. Il sera de retour à Gray le 23 mai 1945. Sa première démarche sera de se rendre au pied de l’autel de Notre-Dame de Gray, en tenue de prisonnier. Il passe la nuit à rendre grâce à Notre-Dame de l’avoir soutenu et protégé. (voir l’ex-voto).

La guérison du Père Lamy et les apparitions de la Vierge

Jean-Edouard Lamy est né le 22 juin 1853 à Le Pailly (52). Il sera prêtre à Troyes, Guéret, SaintOuen (vicaire) et La Courneuve (curé).

Guérison miraculeuse à Gray le 2 septembre 1883

Jean-Edouard Lamy est alors militaire dans la réserve en manœuvres, en garnison à Langres, où les conditions d’hygiène sont déplorables et contracte un eczéma qui se développe sur tout son corps et le fait beaucoup souffrir. Au programme des militaires, un exercice entre Langres et Gray à pied, sac et fusil sur le dos. Arrivé à Gray, il demande la permission de s’absenter et se rend à l’église qu’il connaît pour y être déjà venu à plusieurs reprises. Là, il passe la soirée à prier la Vierge. Soudainement, il est guéri tout à fait : plus de douleur et l’eczéma disparu. De retour à son cantonnement, il se présente au médecin  qui n’en croit pas ses yeux et lui demande comment cela avait pu se produire. Réponse : en faisant une petite prière. Alors il décide de revenir à Gray sa vie durant autant qu’il le pourrait.

Grande vision (apparition) de la Vierge.

Au cours d’une de ses visites à Gray, en compagnie du curé de Violot et la présence d’un enfant de chœur, le 9 septembre 1909 (4 mois après le couronnement), il célèbre la messe dans la chapelle, lorsque brusquement la Vierge lui apparaît (avec le démon par derrière). Le Père Lamy raconte : « Elle est descendue de la voûte, assise dans une grande gloire, tout doucement, tout doucement, les mains jointes ». Elle est restée pendant une bonne partie de la messe.

Elle lui a annoncé la guerre qui « embrasera toute l’Europe » et fera 5 millions de morts. Elle lui demande aussi une nouvelle congrégation (qui sera autorisée le 25 juin 1930 sous le nom des « serviteurs de Jésus et de  Marie ». Enfin elle lui demande un pèlerinage et lui désigne avec une extrême précision le lieu de Violot dans les bois. Alors la Vierge disparaît. Il lui a fallu un bon moment pour reprendre le cours de la messe. Il n’en a parlé qu’un an après (entre autres à l’évêque de Langres). Il connaîtra deux nouvelles grandes visions à la Courneuve le 18 mai 1912 et à Violot le 20 avril 1914.

Un jour les Anges lui annoncent une catastrophe à la Courneuve. Celle-ci se produit le 15 mars 1918. Une explosion fait 14 morts et 1500 blessés. Lui- même avait eu le pressentiment de devoir quitter son église juste avant l’explosion. L’église fut en grande partie détruite (toit et voûte écroulés) mais le tabernacle est resté suspendu intact. (comme à Faverney).

Récit extraordinaire reconnu par les autorités ecclésiastiques.

Conclusion

Grosso modo depuis 1760, nous ne connaissons plus de récits aussi concrets et détaillés que ceux rédigés par les Pères Capucins ou par des magistrats ou notaires par exemple.

Pour autant, sans peut-être parler de miracles, des grâces ont été obtenues en s’adressant à Notre-Dame de Gray. La preuve nous en est donnée par ces ex-voto qui tapissent les murs de la basilique des deux côtés. C’est la preuve que les bénéficiaires de ces grâces ont tenu à remercier  Notre-Dame, certainement plus discrètement qu’à l’époque des grandes processions, mais aussi plus anonymement. Si nous regardons de plus près ces ex-voto, nous trouvons pour la plupart des formules très lapidaires : Merci, reconnaissance, deux initiales et une date. Ainsi, à droite, un ex-voto indique une grâce obtenue le 9 mai 1909, jour du couronnement de Notre-Dame de Gray.

On trouve aussi :

1) A Marie et Joseph, reconnaissance et confiance. Mai 1873 2) A Notre-Dame de Gray, une mère pour ses deux fils préservés. Octobre 1918. 3) A Notre-Dame de Gray, Hommage et reconnaissance pour deux grâces obtenues par son intercession. Mai 1872. 4) Reconnaissance à Notre-Dame de Gray pour une guérison obtenue. Avril 1898, 21 mai 1899, 27 mars 1916. 5) Merci de nous l’avoir donnée. Protégez-la toujours. 9 juin 1896. 6) Action de grâces à Notre-Dame de Gray. Septembre 1902. 7) Amour et reconnaissance à Notre-Dame de Gray et au Sacré-Cœur pour une grande faveur obtenue. 28 octobre 1882. 8) Gloire, Amour et Reconnaissance à la très Sainte-Vierge qui a guéri notre mère. 23 juin 1883.

C’était sûrement suffisant pour les personnes concernées, mais insuffisant pour les prêtres de la paroisse (le chanoine Villerey le regrettait déjà à la fin du XIXème siècle) et pour les historiens avides de savoir à quel type de grâces ou de miracles cela peut correspondre.

Malgré cette perte d’information, soyons assuré que la Vierge continue encore aujourd’hui à se manifester. En témoignent les dires d’un ancien curé de Gray qui m’avait indiqué avoir eu connaissance de deux grâces extraordinaires lors de son ministère à Gray.

Ayons donc confiance et continuons à prier Notre-Dame de Gray.