Restauration du clocher — Cathédrale Saint-Jean Saint-Etienne

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Restauration du clocher

dépose de la croix.

Depuis plus d’un an, le clocher de la cathédrale est entouré d’un échafaudage qui dissimule aux passants les importants travaux de restauration réalisés sous la maîtrise d’ouvrage de la DRAC. Matthieu Fantoni, conservateur des monuments historique, répond à nos questions sur la restauration de cet incontournable bisontin.

- Quel est l’importance d’un tel chantier ?

Les travaux sur la cathédrale de Besançon s’inscrivent dans le plan quinquennal de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) en faveur des cathédrales dans la région Bourgogne-Franche-Comté. La DRAC mène simultanément plusieurs opérations à Autun, Besançon, Dijon, Nevers et Saint-Claude dans un double objectif de conservation du patrimoine de l’État et de valorisation et mise en accessibilité conformément aux objectifs d’éducation artistique et culturelle portés par le ministère de la Culture. Ce plan mobilise en moyenne 4 millions d’euros par an.

Les travaux menés sur le clocher de la cathédrale de Besançon sont très importants, à plusieurs titres. Le clocher marque la présence de la cathédrale dans le tissu urbain bisontin, dans le paysage proche, mais aussi dans la région. Il s’agit en effet du prototype des clochers comtois des églises reconstruites au XVIII e siècle. C’est donc un édifice emblématique du patrimoine régional, reconnu sur le plan national grâce à son classement monument historique dès 1875. Au-delà de l’œuvre architecturale, c’est symbole qu’il faut traiter avec beaucoup d’attention.

 

- Quelles sont les différentes étapes du chantier ? (comment cela se déroule ?) / -Quel est le rôle de la DRAC sur ce chantier ?

En amont du chantier, la DRAC, qui assure la maîtrise d’ouvrage, a commandé une étude de diagnostic et un projet architectural à Paul Barnoud, architecte en chef des monuments historiques. La phase de diagnostic a permis d’estimer le coût des opérations à 2,5 millions d’euros, financés à 100 % par l’État.

En parallèle, les échanges entre les agents de la DRAC (ingénieurs, conservateurs) et l’architecte en chef ont permis d’affiner le projet de restauration, avant que l’État ne délivre l’autorisation à travaux. Un des enjeux de cette réflexion collective était de déterminer un parti de restauration suffisamment documenté et cohérent. Fallait-il reconduire le dernier état connu du clocher ou restituer un état plus ancien ? Il a été décidé de restituer l’état de l’époque du Cardinal Mathieu, qui a fait restaurer le clocher entre 1845 et 1848, car il s’agit de l’état ancien le mieux documenté. Cela implique notamment un choix de tuiles vernissées brunes et jaunes aux teintes panachées en quatre variantes et le remplacement des arêtiers en cuivre oxydé par du fer blanc. Le dôme du clocher va gagner en richesse chromatique et en éclat !

Après consultation et recrutement des entreprises, la DRAC a décidé de découper les travaux en deux tranches, pour répartir les dépenses sur les exercices budgétaires 2017 et 2018. La première tranche concerne la couverture : restauration de la charpente du XVIII e siècle, dépose des tuiles et arêtiers du XX e siècle pour restituer le mode de couverture mis en place dans les années 1840. La croix sommitale et son piétement en forme de globe ont été démontés pour être restaurés en atelier. La seconde tranche, prévue en 2019-2020, concerne les parements des murs du clocher. Les pierres les plus abîmées vont être changées, les joints en ciment retirés et remplacés par de la chaux, selon les méthodes traditionnelles et les plus durables.

Tout au long des travaux, les agents de la DRAC opèrent un suivi attentif des opérations et répondent aux questions de l’architecte et des entreprises, au titre du contrôle scientifique et technique de l’État sur les chantiers monuments historiques. Actuellement, les débats portent sur l’aspect de finition du globe et de la croix sommitale : étaient-ils dorés ou non ? L’enquête est en cours à partir des documents d’archives et des traces matérielles dont nous disposons. La croix elle-même, en fer forgé, est datée par une inscription de 1808. Nous savons aujourd’hui grâce à une autre inscription découverte dans le globe que ce dernier et la croix furent dorés en 1846, selon des techniques qui n’ont pas tenu l’épreuve du temps. Nous cherchons actuellement un procédé technique pour permettre de respecter la cohérence de l’état historique que nous avons choisi, tout en nous assurant que notre intervention sera durable.

 

- Y a-t-il des particularités lorsqu’il s’agit de la préservation d’un patrimoine religieux ?

Le service des monuments historiques veille à maintenir l’usage des édifices protégés, qu’il s’agisse d’un usage religieux, d’habitation, ou de travail. Cela garantit leur entretien et, en quelque sorte, leur vie. La conservation du patrimoine religieux implique un dialogue incessant avec les affectataires, pour concilier restauration et exercice du culte, dont les formes sont en constante évolution.

Dans le cas particulier de la cathédrale de Besançon, le dialogue est riche, car le Diocèse et l’État poursuivent un même objectif de préservation et de valorisation du patrimoine. Ainsi, une fois la restauration du clocher achevée, nous pourrons nous atteler ensemble à un nouveau projet, encore plus ambitieux : la présentation du trésor de la cathédrale, un des plus riches de France.

 

Matthieu FANTONI
Conservateur des monuments historiques
Conservation régionale des monuments historiques

 

 

Le mardi 7 novembre 2017, la croix de St Jean a été déposée pour partir en restauration.