5 mai 1148 - Dédicace de la cathédrale — Cathédrale Saint-Jean Saint-Etienne

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5 mai 1148 - Dédicace de la cathédrale

Cathédrale romane

Ce 5 mai 2021, nous fêtons les 852 ans de notre église-mère, l'occasion de remonter le temps pour découvrir les origines de cette fondation.

Querelle des chapitres

Après la reconstruction de l’église Saint-Etienne, Hugues de Salins l’a dote, comme Saint-Jean, d’un chapitre. Au XIIe siècle, les deux Chapitres se disputent la primauté sur le diocèse :

  • Saint-Etienne revendique la préséance, attribuée alors à Saint-Jean, et l’ancienneté.
  • Saint-Jean conteste le titre de cathédrale à Saint-Etienne, puisqu’elle détient le trône de l’évêque (la cathèdre).

 

En 1121 et 1122, Calixte II (le pape franc-comtois), contredisant son prédécesseur, tranche le conflit en faveur de Saint-Jean. Les difficultés perdureront cependant jusqu’en 1254, date de la fusion des deux chapitres.
 

Portrait du pape Calixte II (1060-1124), Archevêché de Besançon.

 

reconstruction et dédicace

L’archevêque Anséri (1117-1134) souhaite assoir cette décision. Il entreprend donc de reconstruire une nouvelle cathédrale digne de rivaliser par son ampleur avec l’église Saint-Etienne.

La primauté de l’église-mère est proclamée par la continuité historique de l’architecture avec un plan reprenant celui de la cathédrale antérieure et la reprise des vocables des autels antérieurs. Les travaux sont engagés au cours des années 1120.

Au terme d’une complète reconstruction, le pape Eugène III est appelé pour dédicacer la cathédrale au cours d’une cérémonie le 5 mai 1148.

 

Cette dédicace passe par l’aspersion des murs à l’eau bénite et la consécration des huit autels présents dans la cathédrale :

  • l’autel majeur dédié à saint Jean (abside occidentale)
  • l’autel de la Croix (à l’entrée du chœur des chanoines)
  • l’autel de la Vierge (chevet oriental)
  • les autels de saint Etienne, saint Vincent, saint Ferjeux, saint Ferréol et saint Irénée (dont la localisation est aujourd’hui approximative)

 Consécration par le Pape Eugène III, Jacques Le Chevallier, 1938-1939, vitrail de l’abside occidentale - Cathédrale Saint-Jean de Besançon

architecture

plan roman

Pour perpétuer le souvenir de la cathédrale précédente, Anséri conserve le plan à deux chevets opposés, ce qui constitue un anachronisme au XIIe siècle.

 

Plan restitué de la cathédrale du XIIe siècle

 


L’autel principal, à l’ouest, est dédié à saint Jean alors que l’autel à l’est reste dédié à la Vierge Marie. La création d’un transept est impossible en raison des contraintes topographiques.

clocher

Le chevet oriental était encadré de deux imposantes tours de clocher dominant la ville et affirmant avec force la présence de l’église-mère du diocèse dans le paysage urbain. Ces deux tours ont disparu depuis longtemps.
 
 

Abside orientale, Isaac de Robelin, 1699, Archives départementales du Doubs (Dessin réalisé avant l’effondrement du clocher nord. Le clocher sud avait depuis longtemps disparu.)


courant historiciste

À Besançon, on fait le choix d’une charpente en bois alors qu’au même moment les architectes rivalisent d’audace dans le voûtement des églises.

L’idée est ici de s’inscrire dans un idéal intemporel et insurpassable qu’est celui des églises des premiers temps chrétiens.

Ce courant historiciste se retrouve également dans les hautes piles circulaires qui évoquent les files de colonnettes. Des piliers cruciformes brisent la continuité de ses colonnes pour marquer les espaces : la travée encadrée de deux tours, côté oriental, et la séparation entre le chœur des chanoines (à l’ouest) et l’espace des laïcs (à l’est). Chaque moitié de la nef comptait 12 colonnes.

Il s’agit d’une symbolique récurrente au Moyen-âge : douze Apôtres, douze Prophètes, douze « piliers de l’église »

Les références à l’architecture paléochrétienne se retrouvent encore dans les arcs en plein cintre à angle vifs retombant sur les colonnes ou la forte corniche au-dessus des grandes arcades.

La qualité des parements est remarquable par la dimension inhabituelle des blocs dans le monde roman et la finesse des joints. C’est l’idéal antique du mur « monolithique » qui est recherché dans ces surfaces parfaitement lisses.
 

Restitution de l’élévation (XIIe siècle)

Le rythme ternaire des groupes de fenêtres, une grande encadrée de deux petites, est repris dans le niveau d’ouvertures sur combles (niveau fréquent dans les édifices de l’art roman et du premier art gothique)

Dans les parties hautes, on retrouve plus le modèle roman, notamment de Cluny III dont le chantier vient de s’achever. L’idée est d’alléger le mur au maximum – économie de matériau – et d’éclairer les combles.

 

Les deux absides à sept pans, délimités à l’extérieur par des contreforts, sont voûtées en cul-de-four. L’élévation romane est conservée jusqu’au cul-de-four. Deux niveaux de fenêtres se superposent au-dessus des petites fenêtres de la crypte (aujourd’hui au ras du sol). Les fenêtres du second niveau frappent par leur ampleur. Dans l’abside orientale, en revanche, se sont les fenêtres basses les plus amples. On conserve les deux registres d’ouvertures.

 

 

La partie basse de l'abside occidentale date du XIIe siècle

 

 

Par le raffinement du traitement des absides et de l’élévation intérieure de la nef et par la richesse du décor sculpté on affirme la prééminence de Saint-Jean en se conformant aux modes du temps