La mystagogie
Et c'est bien une redécouverte car la mystagogie s'est développée initialement aux IVème et Vème siècles avec quelques uns des Pères de l'Église.
Voyons comment nous pouvons parler de "la mystagogie" mais aussi de "catéchèse mystagogique ou même de "temps de la mystagogie" pour notre Église aujourd'hui.
Le mot "mystagogie" est formé de deux termes issus du grec « mustes », mystère et « agein », conduire.
Conduire vers le mystère.
Rappelons immédiatement que le mystère dont nous parlons ici n'est pas la chose magique issue de je ne sais quelle source surnaturelle, non, il s'agit bien du mystère chrétien : ce que nous n'avons jamais fini de comprendre !
La mystagogie des Pères de l'Église
Pratiquée principalement aux IVème et Vème siècles de notre ère chrétienne dans le bassin méditerranéen lors des conversions massives au christianisme, la mystagogie était alors un enseignement sur les sacrements donnés aux nouveaux baptisés adultes par l'évêque durant la semaine de Pâques. Les Pères commentaient les Écritures en montrant comment, dans le rite, les Écritures s'accomplissaient pour le fidèle. La mystagogie montrait les Écritures en acte dans la liturgie, elle conduisait ainsi au mystère.
Les catéchèses mystagogiques les plus fameuses sont celles de Saint Cyrille de Jérusalem ; elles sont encore éditées de nos jours.
Pratique oubliée puis redécouverte
Avec la généralisation du baptême des petits enfants à partir du Haut Moyen-Âge, la pratique de la mystagogie s'est perdue.
Depuis un certain nombre d'année, la catéchèse (des adultes et des enfants) est invitée à transmettre non seulement les contenus de la foi et de la morale chrétienne mais elle doit permettre aussi aux catéchisés d'entrer dans l'intelligence des textes et des rites.
Ainsi, du fait de la forte augmentation du nombre de baptême d'adultes et par voie de conséquence de l'émergence du catéchuménat, le terme "mystagogie" a refait surface. Cependant, nous ne pouvons vivre stricto sensu la mystagogie antique dans notre Église contemporaine. Nous ne vivons bien-sûr plus dans le même monde et les attentes des néophytes, des enfants catéchisés ou même des acteurs pastoraux ne sont plus les mêmes.
La mystagogie
Nous l'avons vu plus haut, la définition de la mystagogie n'a pas changé depuis l'antiquité : la mystagogie est ce qui conduit au mystère.
Attention, la mystagogie n'est donc pas une explication car on n'explique pas les rites ; on vit les rites et ils nous transforment, chacun selon notre propre identité. La mystagogie n'est pas non plus une relecture de ce qui vient de se vivre. La mystagogie porte sur l'expérience de l'Église que Dieu nous fait vivre dans la foi.
La mystagogie « s’accomplit d’abord par la manière dont la liturgie est célébrée, en tant qu’elle est porteuse du mystère et introduit dans toute sa profondeur ». Le pape François dit ainsi que « dans la prière liturgique, nous expérimentons la communion signifiée non pas par une pensée abstraite, mais par une action qui a pour agents Dieu et nous, le Christ et l’Église » (discours du 24 août 2017). La liturgie nous fait ressentir l’amour de Dieu pour nous. Elle suscite une transformation de notre manière de penser et d’agir, qui s’inscrit « dans un chemin communautaire d’écoute et de réponse ». En ce sens, toute liturgie est mystagogie.
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Catéchèse mystagogique
La catéchèse mystagogique s'appuie sur les sacrements qu'une communauté célèbre et elle entre en résonnance avec les Écritures que les catéchisés peuvent recevoir lors des séances de catéchèse.
La mystagogie tient une place importante dans la pédagogie d'initiation développée dans le Texte National pour l'Orientation de la Catéchèse en France (2006) : la catéchèse doit développer une pédagogie qui aide à trouver dans l'expérience chrétienne de quoi se construire dans une identité chrétienne.
La catéchèse mystagogique est, quant à elle, une catéchèse qui « s’appuie sur les actes liturgiques pour en déployer la richesse de sens ». Dans la perspective du pape François, celle-ci est à comprendre comme « une école de vie chrétienne […] pour apprendre la vocation et la mission des disciples de Jésus » (discours du 24 août 2017).
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temps de la mystagogie
C’est, pour toute personne qui vient de recevoir un sacrement, un temps d’approfondissement de la foi et d’incorporation à la communauté chrétienne.
Temps spécifique du cheminement catéchuménal, le temps de la mystagogie arrive après avoir reçu les sacrements de l'initiation chrétienne (baptême, confirmation et eucharistie).
Par extension, on peut prendre un vrai temps de mystagogie après avoir vécu un autre sacrement ou une célébration liturgique en se posant la question : "Dans quel dynamisme de vie chrétienne avons-nous été plongés ?" .
J'insiste, ce temps de la mystagogie nous concerne donc tous :
- catéchistes de l'enfance pour accompagner les enfants après qu'ils ont reçu le sacrement de l'eucharistie (ou de la pénitence et de la réconciliation ou encore du baptême).
- catéchistes des adultes pour accompagner véritablement les néophytes et les confirmés adultes.
- et enfin nous tous, paroissiens, membres de l'Église, chrétiens dès lors que nous recevons un sacrement.
Enfin, ce temps de la mystagogie, à condition qu'il soit vécu en vérité et dans des rencontres de qualité, pourra nous permettre non plus de préparer "aux sacrements" mais de préparer les enfants et les catéchumènes "à la vie chrétienne".
Le temps de la mystagogie est le dernier temps de l’initiation. Le « moment principal » de ce temps est les messes des dimanches de Pâques, dites « messes des néophytes ». Dans ce
temps, les néophytes approfondissent leur apprentissage de la vocation baptismale et de l’appartenance à la communauté ecclésiale.Catéchèse et catéchuménat > Lexique : les mots de la catéchèse et du catéchuménat > M > Mystagogie
Isabelle Lab