Hommage au père Pierre Chaillet — Diocèse de Besançon

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Hommage au père Pierre Chaillet

La mémoire de cette grande figure de la Résistance, originaire du diocèse, sera honorée cette année à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort. Cet hommage comptera trois temps forts : le premier sera une messe célébrée le 8 mai à l’église de Scey-en-Varais.

Trois phases sont prévues pour honorer le père Pierre Chaillet, jésuite, reconnu « Juste parmi les Nations » :

  • le 8 mai : la messe dominicale du 8 mai en l’église de Scey-en-Varais sera célébrée en sa mémoire
  • le 14 octobre : un colloque à la faculté des lettres à Besançon autour du thème « Pierre Chaillet, la résistance spirituelle »
  • le 30 octobre : un concert sera donné en l’église de Scey-en-Varais.

Ce projet est porté par l’association « L’entretien des muses »avec le soutien du Musée de la Résistance, du Centre universitaire Lucien Febvre et de diverses personnalités. Cette initiative se veut être « une belle et riche occasion de ne pas oublier Pierre Chaillet, de le faire connaître et de lui rendre hommage » mais aussi « de célébrer l’humilité, la solide grandeur d’un homme, honneur de la Franche-Comté comme de l’Église ».

La messe du 8 mai 

A l’initiative de l'association "L'Entretien des Muses", avec le soutien du père Théo Randriamahenina, curé/doyen, et de Laurent Brocard, maire du village, un devoir de mémoire et d’action de grâces sera rendu au Père Chaillet à l’occasion du cinquantenaire de sa mort (27 avril 1972), lors de la messe paroissiale du dimanche 8 mai 2022 à 10 h 30 en l’église de Scey-en-Varais.  La célébration sera présidée par le P. Jean-François Francisco, vicaire épiscopal, missionné  par Mgr Jean-Luc Bouilleret, archevêque de Besançon.

Le père Pierre Chaillet 

Originaire d’une vielle famille de Scey-en-Varais, le Père Chaillet participa au sauvetage de quatre-vingt-neuf enfants juifs durant la seconde guerre mondiale.

Nous devons à Monsieur Joseph Pinard, agrégé d’histoire, le récit de cet engagement. En voici quelques extraits :

 En août 1942, à Vénissieux, dans la banlieue de Lyon, des centaines de familles juives sont parquées dans un ancien camp militaire ; chez les résistants, on sait qu’un transfert pour la déportation se prépare. Un impératif s’impose : sauver les enfants. Une association « Les amitiés chrétiennes » va s’y employer. Le Père Chaillet en est la cheville ouvrière ; son plan est d’obtenir que les familles juives transfèrent l’autorité parentale à l’association, et du coup pouvoir exfiltrer les enfants du camp. Non sans les déchirements que l’on imagine, les parents acceptent, et c’est ainsi que 89 gamins seront sauvés. Le préfet du Rhône furieux exige que les enfants soient restitués à la police. Il s’adresse au cardinal Gerlier, Archevêque de Lyon. Mais le Père Chaillet avait obtenu du prélat qu’il accepte la présidence d’honneur des « amitiés chrétiennes ». De  fait, le Père Chaillet obtint que son président d’honneur couvre l’opération de sauvetage et refuse de livrer les enfants ; ceux-ci avaient déjà rejoint les caches préparées à l’avance.

Exaspéré, le préfet assigna le père Chaillet en résidence surveillée dans un hôpital psychiatrique. Ce prêtre, fondateur des « Cahiers du Témoignage Chrétien » échappa à ses surveillants et entra dans la clandestinité. Et les enfants ? Ils réussirent à échapper aux rafles.

Le sort d’un de ces rescapés, Jean Stern, est particulier : né en Autriche en 1927, de parents tchécoslovaques, Jean et sa famille émigrèrent en France en 1938  pour fuir les persécutions nazies. Ils s’installèrent à Paris, le jeune Jean devint lycéen. Hélas, la guerre arriva avec l’occupation et les mesures visant les juifs. Le père est arrêté, il mourra à Auschwitz. La mère et son fils arrivent à s’échapper pour s’installer à Grenoble. Mais, dans la nuit du 25 au 26 août 1942, c’est l’arrestation suivie du transfert à Vénitieux. Dans ce contexte terrible de séparation, la maman signe l’acceptation du transfert de l’autorité parentale à l’association « les amitiés chrétiennes », ce qui permet la sortie du camp et le refuge dans un collège religieux, puis au petit séminaire. Après la libération, le jeune Jean attendra l’âge de21 ans pour entrer au noviciat des Pères de la Salette. Il est devenu chrétien sans rien renier de ses origines juives. Comme disait le Cardinal Lustiger qui n’aimait pas le mot conversion, il préférait dire qu’il était un juif ayant reconnu la divinité du Christ.

Jean Stern a été ordonné prêtre en 1952, et plus tard il fut appelé à être archiviste attaché à la maison généraliste des Pères de la Salette à Rome.

Quant au père Chaillet, pouvait-il imaginer qu’un jour, l’un des enfants qu’il avait arraché à la mort deviendrait religieux, dans l’ordre des Pères de la Salette, qui aujourd’hui est présent à Notre-Dame du Chêne, tout près de sa maison natale de Scey-en Varais ?

A Pierre Chaillet, Maurice SCHUMANN, porte parole de la France libre, a écrit :

« Mon Père, vous avez été notre 18 juin Spirituel. C’est trop peu dire que nous vous lisions. Tandis que vous portiez Témoignage dans les soutes et les prisons, les pharisiens de Vichy perpétraient le pire des mensonges : d’une main, ils relevaient les autels, de l’autre, ils en éteignaient les lumières... Le jour où un missionnaire de la Résistance m’a mis votre Témoignage entre les mains, j’ai ressenti le même choc libérateur que le soir où, sur le chemin d’une retraite qui paraissait sans fin, la voix du Général de Gaulle était parvenue jusqu'à moi. »