6ème dimanche de Pâques - 17 mai
CATHEDRALE SAINT JEAN – SAINT ETIENNE
6EME DIMANCHE DE PÂQUES - DIMANCHE 17 MAI 2020
JOUR DE DECONFINEMENT
Frères et sœurs, chers amis, durant le confinement que nous avons enduré, comment les familles ont vécu leur vie de foi ? Comment les familles ont pu se nourrir avec leurs enfants par la prière et la lecture de la Parole de Dieu ? Comment la rencontre avec Jésus-Christ a pu se proposer aux enfants qui ne se retrouvaient plus pour le temps de catéchèse ? Sommes en train de voir naître un autre visage d’Eglise ? L’Eglise de demain sera-t-elle davantage celle de petites communautés se réunissant dans le plus grand voisinage pour parler de la vie et parler de Dieu ? Le premier décret de notre synode n’est-il pas une invitation dans ce sens ?
Et pourtant, ne sommes-nous pas en attente de nous retrouver pour célébrer ensemble le Christ ressuscité ? Ne sommes-nous pas sans cesse interpellés pour lier eucharistie et charité, service du corps et du sang du Christ et service du corps et du sang du pauvre, cène et lavement des pieds ?
Tout au long de ces trop longues heures de confinement nous avons appris à vivre notre foi autrement. Ensemble, nous avons traversé ces jours par le soutien de la prière et de la Parole de Dieu. Certaines familles nous ont célébré des « liturgies domestiques ». Elles se sont retrouvées dans un coin prière de leur maison ou de leur appartement. Une croix, une icône, une bougie ont orné cet espace prière. D’autres se sont retrouvées à l’église proche de leur domicile. Pour d’autres encore, les différentes célébrations eucharistiques retransmises par les moyens numériques aux niveaux local, diocésain et national ont soutenu leur vie spirituelle.
Dans les paroisses, les catéchistes ont développé de nombreuses propositions pour garder le lien avec les enfants qui leur étaient confiés. Elles ont poursuivi le service premier de faire découvrir le Dieu de Jésus-Christ. Qu’elles et qu’ils soient vivement remerciés. De même, les services diocésains de la catéchèse et du catéchuménat ont développé des trésors de créativité pour nous aider à ouvrir les cœurs à la présence de Jésus.
Nous percevons bien que cette manière de vivre en Eglise aura à trouver un équilibre entre petites communautés fraternelles de proximité et rassemblement dans l’unité et la communion de la communauté de croyants. L’un et l’autre modalité de vivre en Eglise autour de son Seigneur auront à s’enrichir mutuellement.
Qui nous aidera à cette nouveauté ? Jésus-Christ, mort et ressuscité, certainement ! Mais qui d’autre ? Je crois que la réponse est donnée dans l’Evangile d’aujourd’hui. Jésus parle : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera toujours avec vous… il demeure auprès de vous, et il sera en vous. »
« A la différence des disciples, nous n’avons pas à faire le deuil de la présence corporelle de Jésus, puisque ne nous l’avons pas connu selon la chair. » Les disciples ont dû faire un autre passage après la résurrection de Jésus. Ils ont dû accepter de le laisser partir, de le laisser rentrer auprès du Père même s’Il ne l’a jamais quitté. Quant à nous, nous avons appris à laisser Jésus Christ naître en nous. Sa parole nous a été donnée. Son corps nous est livré ; son sang nous versé. L’Esprit de sainteté nous est donné.
Laissons le souffle de Dieu nous faire vivre. Le souffle est la vie. L’essoufflement corporel et spirituel conduit à la mort. Les patients atteints du covid-19 l’ont vécu dans leur chair.
La catéchèse est le chemin qui conduit à la rencontre de Jésus Christ sous le souffle de l’Esprit au cœur d’une communauté de croyants. C’est bien l’Esprit qui est présent en celui ou celle qui témoigne de sa foi et en celui ou celle qui reçois le témoignage.
Frères et sœurs, nous avons attendu longtemps la fin du confinement. Il requiert encore beaucoup de prudence et une autre manière de vivre la proximité. Nous attendons encore la fin de cette épidémie. Nous ne savons pas quand !
Puissions attendre avec force la venue de l’Esprit Saint en chacun de nous. Il est déjà présent en nous. Il le sera encore plus si nous sommes disposés à la recevoir sans cesse.
En ce mois de mai, que nous prière nous tourne vers Marie, comblée de grâce. Elle est notre modèle et la route qui nous conduit vers son Fils bien-aimé. Sachons la prier avec tous ceux qui espéraient partir en pèlerinage auprès de Notre Dame de Lourdes.
+ Jean-Luc BOUILLERET
Archevêque de Besançon