22 novembre 2020 - Fête du Christ-Roi de l’Univers - Cathédrale St Jean
Frères et sœurs, chers amis, nous célébrons aujourd’hui le dernier dimanche de l’année liturgique. Nous aurions aimé le célébrer dans nos églises en présence des fidèles. Ils attendent de pouvoir se retrouver dès que possible pour prier ensemble. Nous demeurons solidaires de tous ceux et celles qui agissent contre le virus qui a fait tant de victimes. Nous prions pour tous les acteurs de la lutte sanitaire. Nous prions pour tous ceux qui sont touchés par le confinement nécessaire. Plus que jamais la solidarité de tous est nécessaire ; elle le sera encore longtemps pour éviter la précarité conséquente qui touche de nombreux habitants de notre pays.
Quand nous célébrons le dernier dimanche d’une année liturgique, nous pouvons faire œuvre de mémoire sur cette année écoulée. Ce fut une année difficile pour beaucoup. Nous avons vécu le premier confinement avec patience. Pour la première fois depuis des dizaines d’années, nous n’avons pas pu nous rassembler pour vivre la semaine sainte et particulièrement les trois jours saints du jeudi, vendredi et samedi pascal. Ce fut une épreuve qui nous a plongés dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le matin de Pâques célébré en confinement a ouvert au temps de l’espérance. Jésus Christ ressuscité est sorti du tombeau pour donner la vie en triomphant de la mort. « C’est dans le Christ que tous recevront la vie. » Paul aux Corinthiens.
Nous célébrons aujourd’hui le Christ Roi de l’Univers. De quelle royauté s’agit-il ? Nous avons en nous de nombreuses images de la royauté. Elles se sont élaborées par tout ce que la culture nous a apporté au fil de nos années de vie. Elle symbolise une forme de pouvoir que les hommes se sont donné pour régir leur pays et leur nation. Si l’Eglise célèbre la fête du Christ-Roi, c’est pour nous sortir des images pour entrer dans la sagesse des Ecritures.
Le Christ-Roi est le berger, homme simple qui prend soin de son troupeau. « Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elle. » Ezéchiel. Le Christ-Roi est le ressuscité. Il est passé par la passion et par la mort. Il est la vie donnée à tous. Il est le Fils de l’homme. Ce titre a été donné pour signifier que Jésus de Nazareth, le Christ est homme véritable et Dieu véritable. Roi de gloire, il choisit l’unique chemin digne de sa royauté : la charité envers les plus pauvres.
L’évangile nous bouscule car nous portons, nous aussi, ces mêmes paroles : « Seigneur quand est-ce que nous t’avons vu… » Nos yeux seraient-ils aveugles ? Nos oreilles sourdes ? Nos mains absentes ? Jésus-Christ nous invite à entrer dans son Royaume par la dimension de notre charité. Quand est-ce que nous avons donné à manger ? Quand est-ce que nous avons donné à boire ? Quand est-ce que nous avons accueilli l’étranger ? Quand est-ce que nous avons vêtu l’homme nu ? Quand est-ce que nous avons visité le prisonnier, le malade, le résident en EHPAD ?
« Quand est-ce que nous t’avons vu ? » « L’homme a besoin d’un regard extérieur pour faire la vérité sur lui-même, sur ce qu’il a fait ou pas fait. Ce regard le guérit de ses propres aveuglements et lui redit sa capacité de faire le bien. En annonçant le jugement des temps derniers, Dieu nous invite ainsi à donner, dès maintenant, le meilleur de nous-mêmes, pour le service des plus petits. » Dominique Greiner.
L’Evangile de ce jour ne nous tourne pas vers le Fils de l’homme qui vient en gloire mais vers nous-mêmes et les œuvres de charité. Dans ceux et celles qui crient vers nous, est le Christ Seigneur. Son règne est un règne de service. Le Roi est serviteur et le serviteur est le Roi.
Que le Seigneur notre Dieu ouvre nos yeux et nos oreilles pour entendre le bruit et le silence des pauvres. Qu’il convertisse notre cœur et nous donne l’audace de la charité.
+ Jean-Luc BOUILLERET
Archevêque de Besançon