Vendredi saint – La passion du Seigneur - 2 avril — Diocèse de Besançon

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Vendredi saint – La passion du Seigneur - 2 avril

Cathédrale Saint Jean-Saint Étienne

Le jour de la mort est un jour de tristesse. Nous peinons de passer des liens physiques à des liens de mémoire, de présence autre en nos cœurs et nos esprits. Nos attachements se sont tissés des multiples rencontres que nous construisons tout au long de la vie. Nos souvenirs rendent vivant celui qui est parti rejoindre la multitude qui nous précède. Le temps n’efface pas l’amour porté à ceux qui quittent cette terre.  

Le jour de la mort de Jésus est un jour de tristesse. Les ténèbres ont envahi la surface de la terre. Le maître de Nazareth est cloué sur le bois de la croix. Il meurt là dans la solitude des derniers instants. Trois femmes sont là près de la croix. Elles l’ont accompagné sur les routes de Galilée, de Judée et de Samarie. Leur cœur est profondément blessé. Elles sont désemparées. Elles se sentent déjà orphelines de celui qui les a tant aimées. Que vont-elles devenir sans ce témoin infatigable de l’amour de Dieu ?

Mais voici que Jésus confie à sa mère le disciple qu’il aimait en lui disant : « Femme, voici ton fils. » Et il ajoute au fils : « Voici ta mère. » Don réciproque. Don de filiation. Don de fraternité et don de maternité. Toute l’humanité est là dans ce don mutuel. Au pied de la croix, nous sommes confiés les uns aux autres. Au pied de la croix, nous sommes donnés aux uns et aux autres.

Après ce geste, Jésus entre dans le silence de la mort. La mort ne peut être que silencieuse puisqu’elle a tué la parole. La parole s’est tue et le fils unique s’en est allé au loin, allongé dans le tombeau. L’espérance s’est couchée au côté de celui qui a tant aimé l’humanité. Pourtant, l’espérance espère contre toute espérance. Lorsque le néant semble l’emporter, l’espérance est encore comme une braise qui couve sous le feu. Les cendres protègent ce qui n’attend qu’à reprendre vie. Le bois de la croix deviendra le bois tout en feu qui rayonnera au Royaume de la vie.

Frères et sœurs, combien d’hommes et de femmes meurent aujourd’hui dans la solitude de nos univers, dans la solitude de nos abandons. Dans les rues, dans les hôpitaux, dans les maisons, sur les champs de la faim et de la soif, sur les champs du terrorisme, sur les champs de la violence et de la guerre, hommes et femmes meurent de l’indifférence et de l’injustice. Sur la croix, Dieu assume les morts d’hier, ceux de ce temps du calvaire avec deux compagnons de crucifixion et ceux de demain. Dieu descend aux enfers du monde pour que aucune personne ni aucune créature ne soient oubliées.

Nous voici désormais dans l’attente. Le tombeau est dans le jardin. Dans le jardin, Jésus est semé comme le jardinier ensemence la terre de la graine. Du jardin de la genèse au jardin du tombeau puis à celui de la résurrection, le jardinier regarde pousser la vie. Après le froid de l’hiver, viennent les lueurs du printemps puis les chaleurs de l’été et enfin le temps de la récolte. N’est-il pas venu ce temps de la récolte ? La récolte de la vie peut-elle encore se faire en celui qui a donné la vie aux morts ?

Jésus est déposé dans le tombeau proche. Jésus est déposé dans nos tombeaux, c’est-à-dire là où la mort nous arrache à la vie. Prenons soin du corps de Jésus déposé en nous.  Prenons soin des blessures des clous et de la lance. Prenons soin des blessures de la couronne d’épines. Elles sont nos blessures. Combien de blessures ne portons-nous pas en nos vies ? Combien de blessures ne pèsent-elles pas sur nos vies ? Combien de blessures ne nous empêchent-elles pas de vivre ?

Frères et sœurs, accompagnons Jésus jusqu’en sa mort. Ne restons pas dehors. Entrons au tombeau avec lui et avec lui vivons dans l’attente de l’impossible. Dieu nous attend au plus profond de nos ténèbres. Ne désespérons jamais de nous-même. Ne désespérons jamais des autres.

Jésus a tout accompli. La vie est donnée. La vie surgira de la mort.

+ Jean-Luc BOUILLERET

Archevêque de Besançon

Télécharger l'homélie ici.