DIMANCHE DE PAQUES - 4 AVRIL
Depuis ce vendredi de mort, la nuit s’est installée. Le silence a emporté le bruit des clous sur le corps du supplicié. Les cœurs et les intelligences se sont repliés au creux de l’intimité. Les larmes peinent à sécher. La parole ne trouve plus le chemin de la voix. Les amitiés se sont resserrées. Le chemin de l’après se cherche une issue. La mort a balayé l’espérance. Le corps de Jésus a été remis à la pierre. La pierre a reçu le corps inerte, déposé pour toujours dans le tombeau. Jésus emporte sa puissance et son autorité sur toutes les forces du mal. Combien de personnes n’a-t-il pas guéries ? Combien de démons n’a-t-il pas expulsés ? Combien d’hommes et de femmes n’ont-t-il pas été remis debout ? Combien de personnes n’ont-elles pas reçu la vie de son amour ? La vie est terminée ; la mémoire prend le relais ; les souvenirs se partagent.
Ce matin-là, il fait encore nuit quand elle se rend au tombeau. Voici maintenant quelques jours que son Seigneur a été déposé dans la nuit de la mort. Ses pensées sont encore bouleversées par toutes les rencontres lumineuses qu’elle a eues avec le rabbi de Nazareth. Il a su l’accueillir sans préjugés ; il a su la remettre debout ; il l’a reconnue comme une personne et non pas comme un objet ; il l’a invitée à prendre le chemin de la lumière et à quitter les ténèbres de sa vie. Marie-Madeleine est son nom.
Arrivée devant le lieu de sépulture de Jésus, elle s’aperçoit que le tombeau n’est plus fermé. Elle n’imagine pas un instant que la mort n’est plus là et que la vie est victorieuse. Vite, elle court avertir les amis les plus proches de Jésus, Simon-Pierre et le disciple bien-aimé. Ils sauront constater eux-mêmes l’évènement. Elle sait intuitivement que son témoignage unique et de femme aura peu de valeur dans la culture qui est la sienne.
La course a pris possession des deux amis. La distance n’est pas trop grande pour arriver rapidement sur les lieux du dépôt du corps. Bien naturellement, le plus jeune arrive le premier mais attend son aîné qu’il respecte. Il n’entre pas. Il voit depuis l’entrée du tombeau. Les linges sont là posés à plat ! L’autre disciple arrivé peu après, entre à son tour, fait la même constatation et remarque que le suaire de la tête est roulé à part à sa place. Quelle est donc cette place ? Le suaire ne repose plus sur la tête du crucifié ! Voici le signe donné pour conduire jusqu’à la foi.
Le premier disciple arrivé sur les lieux, entre, voit et croit. Il se rappelle que Jésus avait annoncé qu’Il ressusciterait d’entre les morts. Le tombeau vide et les paroles de Jésus font sens ensemble. Il sait que son Seigneur est resuscité et saura témoigner de Jésus- Christ vivant.
Frères et sœurs, aujourd’hui est un jour d’immense joie. La vie l’emporte sur la mort. Le Christ resuscité traverse nos ténèbres et les illumine de sa victoire. Chrétiens, nous croyons que nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ dans notre baptême. Laissons les puissances de vie envahir toute notre existence.
Nous nous réjouissons avec Rebecca qui va recevoir aujourd’hui les sacrements de l’initiation chrétienne. Elle devait être accompagnée de deux autres catéchumènes. Affectés par la covid19, ils ne peuvent être présents parmi nous ce matin. Nous les portons dans notre prière et nous prions pour leur guérison. Nous prions aussi pour tous les catéchumènes de notre diocèse qui reçoivent ce jour de Pâques le baptême. Que la force de Dieu les habite.
Frères et sœurs, ce matin, comme chaque année, avec nos frères orthodoxes et les frères issus de la réforme, nous avons proclamé la résurrection du Seigneur.
Christ est ressuscité ! Alléluia. Et notre réponse a retenti : Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !
Telle est notre foi, celle que nous avons reçue et celle que nous transmettons.
Joyeux matin de Pâques.
+ Jean-Luc BOUILLERET
Archevêque de Besançon