Voeux de Mgr Jean-Luc Bouilleret — Diocèse de Besançon

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Voeux de Mgr Jean-Luc Bouilleret

En raison des conditions sanitaires, la cérémonie des vœux de l'archevêque n'a pas eu lieu à Luxeuil comme prévu. Il était cependant possible de suivre en direct la présentation des vœux 2022 de Mgr Jean-Luc Bouilleret sur la chaîne YouTube du diocèse, le 7 janvier à 17h. Retrouvez ici le texte de ses vœux.

Chers amis,

 « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. » Saint Paul aux Romains 15,13.

Pour l’année 2022, je vous souhaite le goût de l’espérance.

J’aurais dû prononcer ces vœux à Luxeuil mais la crise sanitaire en ce début d’année m’a conduit à renoncer à ce déplacement afin de ne pas multiplier les très nombreuses contaminations qui submergent notre pays. Je le regrette et je salue particulièrement toutes les personnes du doyenné de Luxeuil qui se faisaient une joie de nous accueillir. Heureusement, par les médias, notre chaîne You Tube et RCF, je peux rejoindre les nombreux fidèles qui nous écoutent. Je vous salue très chaleureusement.

Nous voici entrés dans une nouvelle année. Le rythme des années construit le temps des hommes.  Nous sommes maintenant en 2022 et notre monde ainsi que l’Eglise sont traversés par des inquiétudes qui marquent nos existences. Que sera demain ? Nous ne le savons pas totalement mais nous pouvons prendre notre avenir en mains. La lumière de Noël brille sur la terre entière et dans nos cœurs.

 Tous les pays du monde n’ont jamais été aussi interdépendants. Notre horizon ne peut s’inscrire que dans le dialogue pour reprendre une conviction du Pape François. Le repli sur soi ne peut conduire qu’à l’augmentation de l’exclusion et de la violence. La solidarité de tous envers tous est le seul chemin qui conduit à la paix. Je suis convaincu que l’homme a les capacités de s’ouvrir à son prochain pour lui venir en aide.

Il y a quelques jours, nous avons fêté Noël, la naissance de Jésus-Christ, fils de Dieu et enfant de Marie. Nous nous sommes rassemblés lors de la nuit de la Nativité et le Jour de Noël. Nous sommes venus à la crèche pour adorer le Sauveur du monde. La fête de la Sainte Famille a suivi immédiatement la Nativité. Avec elle, nous avons célébré la confiance de Dieu en l’humanité vécue par Marie et Joseph.

La fête de l’Epiphanie nous a éveillés à la recherche de sens de tout homme et toute femme. Les mages sont venus de loin pour adorer l’enfant de la crèche, le Messie. Ils symbolisent tous ceux et celles qui se mettent en route dans l’espoir d’un bonheur durable.

En ce début d’année, permettez-moi d’évoquer quelques évènements qui ont marqué notre Eglise et notre société en 2021. Je le fais habituellement.

Le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise (CIASE) nous a plongés dans la stupeur. Comment cela a-t-il pu être possible ? Comment des ministres ordonnés ont-ils pu abuser de leur pouvoir pour prendre possession des corps de ceux qui leur ont fait confiance? Pourquoi la perversion s’est-elle saisie de ceux qui étaient les gardiens des plus petits ?

Nous avons mis trop de temps à prendre conscience des traumatismes subis par les victimes. Elles sont blessées à vie. Seule leur écoute nous a permis un chemin de conversion. Notre cellule d’écoute a fait un travail remarquable sous la responsabilité d’Eric Poinsot, vicaire général. Tous les membres de la commission ont été bouleversés par ce qu’ils ont entendu. Le temps de la reconstruction pour tous est venu.

Nous avons renouvelé notre commission et selon les recommandations de la CIASE, elle sera composée de laïcs. Cécile Cordelier, juriste de formation, démarre en ce début d’année, un contrat de mission afin d’assurer la coordination de la cellule d’écoute, du suivi des victimes et de la mise en place de formations sans oublier la prévention. Eric Poinsot sera le référent de cette cellule pour garder le lien institutionnel.

Comme vous l’avez entendu, nous, les évêques, avons reconnu notre responsabilité institutionnelle, le caractère systémique des abus et la nécessité de la réparation. Notre diocèse a abondé généreusement au fond d’indemnisation selon l’appel fait par la Conférence des Evêques de France. En aucun cas, nous ne prendrons sur le denier de l’Eglise, les quêtes et le casuel.

Cette crise majeure que traverse notre Eglise nous invite à une vigilance renforcée au sein de tous les groupes d’Eglise. Que chacun se sente le gardien de son frère ou de sa sœur. Prendre soin les uns des autres n’est pas un vain mot. Nous avons besoin de chacun dans cette lutte contre toutes les formes d’abus.

Nous sommes toujours dans l’étape de réception et d’appropriation des décrets synodaux.  Le premier décret sur les petites communautés fraternelles : S’enraciner dans le Christ en petites communautés fraternelles garde toute sa pertinence et son importance. Nous renouvellerons la vie de nos communautés quand nous saurons nous rassembler dans la proximité de nos lieux de vie pour partager la Parole de Dieu, notre quotidien et nous ouvrir à la prière. La diminution des lieux eucharistiques ne nous empêchera pas de nous rassembler autour de la Parole de Dieu, elle est présence de Jésus-Christ parmi nous.

Je souhaite que nous poursuivions le travail dans les lieux de co-responsabilité. Le Conseil Diocésain de Pastorale contribue à la responsabilité des laïcs. Je remercie son secrétaire, les membres du bureau et tous ceux qui ont participé aux différentes rencontres du Conseil Diocésain de Pastorale. En février 2023, nous arriverons au terme des trois années d’expérimentation du nouveau conseil diocésain de pastorale issu de notre synode. Nous devrons envisager son futur ensemble.

Pour mieux vivre le partage de gouvernance au sein de notre diocèse, les bureaux des conseils presbytéral, pastoral et de la vie consacrée se réuniront avec le conseil épiscopal pour deux jours de travail au début du mois de septembre de cette année 2022. Le conseil presbytéral qui a été renouvelé entend fournir un travail efficace et fécond. Merci à son secrétaire et les membres du bureau.

Selon les recommandations des actes du synode, nous avons effectué un audit de la catéchèse. A la suite de ce riche travail, sous la responsabilité d’Emmanuel Barsu et d’Isabelle Lab, une équipe a travaillé à la préparation d’Orientations diocésaines. Le travail est bien avancé et j’espère assez rapidement valider ces orientations et promulguer plusieurs « parcours » catéchétiques. Nous souhaitons redonner souffle à la dimension catéchétique de la vie des communautés chrétiennes. Je remercie tous ceux et celles qui sont engagés au sein des paroisses et en notre diocèse pour que Jésus-Christ soit connu et aimé.

Dans l’élan du synode, la première édition du rassemblement diocésain des 13-25 ans a eu lieu début juillet. 350 jeunes ont répondu présents. Désormais, chaque année, cette rencontre leur permettra, de se retrouver, de se ressourcer ensemble avant d’entrer ensemble dans le temps de l’été.

Dans la dynamique de la pastorale des jeunes, je n’oublie pas le grand travail accompli par l’enseignement catholique. Leur présence dans nos établissements nous offre la possibilité de leur annoncer Jésus-Christ.

Dans les doyennés, afin de favoriser l’entraide et la coopération, nous travaillons à mettre en place une caisse de solidarité entre les paroisses. Une commission composée de curés et trésoriers des deux départements sera constituée pour attribuer les fonds de solidarité aux paroisses en plus grande difficulté.

Parmi les défis que notre société et que notre Eglise doit relever, je n’oublie pas les crises écologique et migratoire. Nous ne pouvons les résoudre en quelques mois voire en quelques années. C’est un travail long et engagé que nous avons à effectuer. Notre conversion individuelle et collective est nécessaire à la préservation de la planète et à la lutte contre les inégalités chez nous et ailleurs.

Aujourd’hui encore, de nombreux migrants meurent en mer. Quelles que soient les raisons qui les ont poussés  à fuir leur pays, ils cherchent une vie meilleure. Ce n’est pas en fermant nos frontières et en érigeant des murs que nous pourrons travailler au respect des migrants. La coopération nationale et le respect de tout homme et de toute femme sont les deux actions à mettre en œuvre pour accueillir, accompagner et intégrer nos frères et sœurs migrants. Je me réjouis que notre diocèse soit engagé depuis de nombreuses années dans cet accueil.

Notre société est confrontée à une profonde évolution de ses modes de vie. Nous sommes entrés dans les temps des droits subjectifs. Chacun revendique le droit de réaliser ses désirs et ses souhaits. L’Etat doit pouvoir donner à chacun la satisfaction de ses désirs individuels. La seule valeur qui émerge de ce changement sociétal est la liberté. Aux dépens de la justice, de la solidarité et même de la charité, nous sommes confrontés à un ultralibéralisme concernant la vie de l’homme. Les revendications sont nombreuses : PMA, GPA, allongement du délai d’IVG, demande de suicide assisté, risque d’eugénisme, chimères, etc. Comment pourrons-nous encore élaborer ensemble un projet de société qui promeut la dignité humaine, le respect de la vie et la solidarité de chacun envers tous ?  Le principe de précaution qui est invoqué dans la préservation de la nature est absent de la réflexion sur l’homme.

Les élections présidentielles et législatives de l’année 2022 nous donnent l’opportunité de réfléchir ensemble à un projet de société. Les candidats se pressent aux portes du pouvoir.

Prenons le temps d’étudier leurs projets à la lumière de l’Evangile. La tentation de l’abstention est grande mais elle n’est pas une solution. Nous avons à prendre notre part dans l’avenir de notre pays. Le conseil permanent de la Conférence des Evêques de France publiera au cours de ce mois un texte qui aidera notre discernement.

Au cours de l’année 2021, nous avons appris le décès du Père Olivier MAIRE. Originaire de notre diocèse, il a donné sa vie en accueillant un migrant. Son hospitalité a été généreuse. Le don de sa vie a marqué sa congrégation montfortaine, notre diocèse, toute l’Eglise et la société.

Chers amis, nous pouvons avoir l’impression que notre société nous échappe et que notre Eglise a pris parfois de mauvais chemins qui conduisent à des impasses. Pourtant, les fêtes de Noël nous rappellent que Jésus-Christ est venu dans un pays en proie à un occupant installé et à des luttes religieuses profondes. En ce monde et dans le monde d’aujourd’hui, Dieu apporte une espérance enracinée dans l’amour d’un Dieu qui tient promesse. Notre Dieu ne fait pas défaut. IL chemine à nos côtés, tantôt devant, tantôt derrière ou encore nous portant quand le poids des jours est trop lourd.

Depuis maintenant deux ans, je suis heureux de rejoindre vos communautés par les visites pastorales, elles se poursuivent au rythme d’une visite par mois. Comme évêque et avec le conseil épiscopal, c’est pour moi, l’occasion de faire le point, de relire l’action pastorale, de soutenir et d’encourager vos communautés ainsi que tous les acteurs de l’annonce de l’Evangile et du service de la vie des hommes.

Permettez-moi de vous renouveler ce désir du goût de l’espérance.

Je vous souhaite cette envie d’aller les uns vers les autres, de vous mettre en mouvement, de porter autour de vous la bonne nouvelle de l’Évangile. L’Église c’est nous tous, ensemble, disciples-missionnaires. Les temps qui sont les nôtres ont besoin de baptisés qui s’appuient sur Jésus-Christ, qui se forment pour annoncer cette espérance, qui portent le souci de la mission, qui s’engagent dans l’Église et dans le monde, qui prennent soin des uns et des autres. Dans l’élan du Congrès Mission que nous avons vécu à l’automne, du Synode diocésain qui trace nos orientations locales et du Synode de l’Église universelle en cours, n’hésitez pas à contribuer à la vie de notre Église, d’une manière ou d’une autre, à la dynamiser, à y risquer une parole, une initiative, une rencontre pour qu’elle soit signe de Jésus-Christ. Ce sont ces élans de vie qui témoigneront de l’espérance qui est en nous. Comme le Pape François, je formule des vœux pour un « nouveau printemps missionnaire »[1] dans l’Église, un printemps au goût de l’espérance !

A vous tous, prêtres, diacres, consacrés, délégués pastoraux, laïcs en mission ecclésiale, membres des mouvements, des services diocésains, fidèles laïcs, je vous souhaite une année 2022 riche en créativité, en engagement, en solidarité, en espérance et en foi en Jésus-Christ, Sauveur.

A toutes et à tous, ma reconnaissance pour l’œuvre de l’Esprit en vous.

Ayons le goût de l’espérance si nécessaire à nos vies d’hommes et de femmes.

+ Jean-Luc BOUILLERET

Archevêque de Besançon

 

[1] Message du Pape François, le 6 janvier 2022, pour la Journée missionnaire mondiale,