Vitrail des catéchumènes dans la chapelle des fonts baptismaux de la cathédrale Saint-Jean Saint-étienne. — Pastorale liturgique et sacramentelle

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Pastorale liturgique et sacramentelle (PLS) Pastorale liturgique et sacramentelle (PLS)

Vitrail des catéchumènes dans la chapelle des fonts baptismaux de la cathédrale Saint-Jean Saint-étienne.

À l'occasion de la conférence de Carême ce dimanche 12 mars, Pascale Bonnet, membre de la Commission d'Art Sacré, a apporté ses éclairages sur le vitrail des catéchumènes dans la chapelle des fonts baptismaux de la cathédrale Saint- Jean Saint-Étienne. La conférence était donnée par Patricia Belluche, responsable de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle, et s'intitulait « Le baptême à la lumière des oraisons et des rites liturgiques »

Vitrail des catéchumènes dans la chapelle des fonts baptismaux de la cathédrale Saint-Jean Saint-étienne.

Nous sommes dans l’espace des fonts baptismaux se trouvant au début de la nef, un emplacement symbolique car avec le baptême le nouveau baptisé adulte passe de la condition humaine dans laquelle il naît comme fils d’Adam à l’état de grâce et d’adoption de fils de Dieu.


Ce qui se traduit par un déplacement spatial au cours de la liturgie : « Après avoir baigné celui qui croit et s’est agrégé à nous, nous le conduisons dans le lieu où sont assemblés ceux que nous appelons nos frères (Saint Justin, Apologie 65, 1). Le baptisé entre dans la communauté chrétienne.


Un emplacement qui évoque l’organisation de l’église au temps des premiers chrétiens : à Besançon, le chrétien du IVe siècle se rassemble dans différents bâtiments : une église dédiée à Sainte-Marie pour les catéchumènes, un baptistère dédié à Saint Jean-Baptiste (peut-être sous la chapelle Saint-Denis) et l’église Saint-Étienne (église-mère). Les deux églises sont situées dans le prolongement l’une de l’autre, à l’est Notre-Dame, à l’ouest Saint-Étienne. La titulature Saint-Jean l’apôtre est donnée lors de la réunion des deux églises par Bernoin au IXe siècle, le lieu du baptême fait corps avec celui de la communauté. Au fond de la chapelle est posé entre 1939-1941, au début de la guerre, un grand vitrail conçu et réalisé par Jean-Jacques Gruber.


Une image en deux parties : dans la partie supérieure : une jeune femme tient un enfant à bout de bras. Le regard de l’enfant sans auréole est tourné vers sa mère, le regard de la jeune femme elle-aussi sans auréole, est levé vers l’enfant. De chaque côté, deux anges agenouillés les mains jointes sont dits anges adorateurs. L’ensemble est surmonté de la colombe du Saint-Esprit avec en fond la croix entourée de la couronne d’épines - Dans la partie inférieure : Cerfs et biches s’abreuvent à une source d’eau vive.


Au centre, les armes de Monseigneur Dubourg portant la devise « De tout mon cœur ». Une riche bordure en file d’arceaux entremêlée occupe la partie supérieure dessinant l’arc en plein cintre de la verrière. Le motif est identique à celui de la couronne d’épines placée derrière la croix. Une bordure se poursuit dans la partie inférieure alternant épis de blé et grappes de raisins.


Une iconographie riche de symboles : la couronne d’épines souffrance et rachat des péchés, le pain et le vin, symboles eucharistiques « vous ferez cela en mémoire de moi ».

  • L’eau, l’eau vive expression de la victoire de la vie sur la mort. L'eau est l'élément central de ce rite, spécificité chrétienne : on ne se baigne pas, on est baigné par un autre. Et on l'est au nom du Christ.

Lors du baptême, le célébrant verse de l’eau, par trois fois, sur le front du baptisé, ou bien il le plonge dans l'eau, toujours par trois fois. On appelle aussi le baptême « baptême d’eau ». Le baptisé est plongé dans la mort et la Résurrection du Christ. Il meurt au péché. Renaît d'une vie nouvelle

« Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume des cieux » 

Jean 3, 1-8


Le baptême vient d’un mot grec signifiant  « plonger, immerger ». Être baptisé, c'est être plongé dans la mort et la résurrection du Christ. C’est le premier sacrement de l’initiation chrétienne :

  • La colombe, l’Esprit Saint descendant sur le nouveau baptisé. Baptisé, presque toujours lors de la nuit de Pâques, le fidèle nait de l'eau et de l'Esprit. Cela est traduit par des gestes qui complètent le bain d'eau : l’imposition des mains et l’onction du Saint chrême.
  • Le cerf, une figure symbolique du catéchumène La représentation du cerf dans l’art paléochrétien est moins connue que d’autres symboles. L’animal est devenu une belle métaphore du catéchumène qui aspire à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne :
    • baptême.
    • confirmation.
    • eucharistie.

L’image reprend les premiers versets du Psaume 41 :

« Comme un cerf altéré cherche l’eau vive,
ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu.
Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ;
quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? »

Psaume 41,2-3.

Le cerf s’abreuve : on peut y voir une représentation symbolique des fonts baptismaux et même une référence à la liturgie eucharistique. Quand saint Augustin commente le verset 3 du Psaume 41, il pense aux catéchumènes et à leur désir d’assister à la liturgie eucharistique ; pendant leur catéchuménat, ils devaient quitter l’assemblée après la proclamation de l’Évangile. Eucharistie évoquée dans la bordure…


D’autres textes viennent appuyer la représentation du cerf et son association avec l’eau ou la soif. Toujours dans le livre des Psaumes : « En toi est la source de vie. » (Ps 35,10a) Ce verset et le début du Psaume 4, trouvent un écho dans le récit du dialogue de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4,1-30) ou dans cette parole : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! » Comme dit l’Écriture : « De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. » (Jn 7,37-38).


Le vitrail conçu par Jean-Jacques Gruber, suit l’iconographie travaillée par l’entourage de l’archevêque Maurice-Louis Dubourg, renouant avec les thèmes des premiers temps de l’église et se substituant à l’habituel retable du Baptême de Jésus par Saint Jean-Baptiste placé non loin de l’entrée.


Les cerf et biche s’abreuvent à la fontaine d’eau vive, ce sont les catéchumènes recevant le baptême, qui lavés de leurs péchés, baptisés au nom du Père, du fils et du Saint-Esprit. Comme le Christ crucifié évoqué par la croix et la couronne d’épine a racheté nos fautes.

 

Cathédrale Saint-Jean-Saint-Étienne, Chapelle des Fonts Baptismaux (1939-1941),
Jean-Jacques Gruber, technique, verre teint dans la masse, plomb, grisaille.

Pour en apprendre plus sur Jean-Jacques Gruber.

Fils de Jacques Gruber, figure de proue de l’Art Nouveau et de l’École de Nancy, Jean-Jacques fait des études d’Histoire de l’Art et est élu à la présidence de la Chambre des verriers de France.


Il élabore des créations très personnelles à une époque où on ne recherche pas toujours à les intégrer à
l’architecture. Il travaille beaucoup pour les Monuments Historiques : abbatiale de Saint Denis, église d’Arcis-sur-Aube, vitrail de la cathédrale de Strasbourg non loin de l’horloge.

Pour écouter la conférence de carême et l'intervention de Pascale Bonnet.

 

Pour écouter les précédentes Conférences de Carême, c'est par ici !