Saint Martin — Cathédrale Saint-Jean Saint-Etienne

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Saint Martin

Homélie du mercredi 11 novembre 2020

Frères et sœurs, chers amis, chaque année nous faisons mémoire de l’armistice de 1918, le 11 novembre. La première guerre mondiale a ensanglanté les pays d’Europe et bien d’autres dans le monde. Aujourd’hui, nous faisons mémoire. La mémoire d’évènements tragiques revêt une fonction éducatrice. Nous ne souhaitons pas revivre ces temps dramatiques où les hommes se sont entretués. Les plus jeunes générations doivent apprendre que la paix entre les nations est un bien précieux et fragile. Nul pays n’est à l’abri de conflits qui conduisent à la perte de vie humaines.

La pandémie qui traverse toute la planète nous oblige à commémorer la fin de la première guerre mondiale dans une situation de confinement. L’oubli de notre histoire ne pourrait conduire qu’à fragiliser notre engagement à promouvoir la paix.

Aujourd’hui, trop de nations sont en guerre les unes contre les autres. Le cessez de feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en lutte pour le Nagorny-Karabakh est bien fragile. De nombreux combattants ont laissé leur vie dans ce conflit qui rappelle les luttes qui ont traversé toute cette région du Caucase depuis des siècles. La situation dans la région du Tigré en Ethiopie n’est pas brillante. Bien d’autre pays sont traversés par des guerres aux formes diverses. Comment ne pas penser à la Libye, à l’Irak, la Syrie et d’autres en Afrique sans parler des tensions au sein du Liban.

Le terrorisme sous toutes ses formes nous a apporté depuis des décennies des inquiétudes, des peurs, des désespoirs et des angoisses. Il frappe partout en Europe, France, Autriche, Allemagne, Grande Bretagne, etc.

Chrétiens, nous voulons que ce jour de mémoire soit un jour de prière pour la paix. La paix est le premier don du Christ au matin de sa résurrection : « La paix soit avec vous. » Telle est la salutation de Jésus venant à la rencontre de ses disciples.

Dans la constitution Gaudium et Spes, sur l’Eglise dans le monde de ce temps, le Concile Vatican II a développé sa réflexion sur la paix.

« La paix n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses ; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique, mais c’est en toute vérité qu’on la définit « œuvre de justice » (Is 32, 17) […] La paix n’est jamais chose acquise une fois pour toutes, mais sans cesse à construire. Comme de plus la volonté humaine est fragile et qu’elle est blessée par le péché, l’avènement de la paix exige de chacun le constant contrôle de ses passions et la vigilance de l’autorité légitime.

Mais ceci est encore insuffisant. La paix dont nous parlons ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde du bien des personnes, ni sans la libre et confiante communication entre les hommes des richesses de leur esprit et de leurs facultés créatrices. La ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité, la pratique assidue de la fraternité sont absolument indispensables à la construction de la paix. Ainsi la paix est-elle aussi le fruit de l’amour qui va bien au-delà de ce que la justice peut apporter. »

Nous sommes également témoins que la paix est à sauvegarder au sein des pays. Des forces de division traversent les nations. Les processus démocratiques lors des diverses élections sont secoués par des mises en cause diverses. Le dialogue nécessaire à la coexistence pacifique devient impossible. Le doute et la méfiance s’installent. Les légitimes différences d’opinion engendrent parfois des violences qui mettent en péril la paix sociale.

Aujourd’hui, nous faisons mémoire de Saint Martin, soldat, catéchumène,  ermite et évêque. Nous sommes au IVème siècle et Saint Martin n’a pas compté ses forces pour évangéliser la Gaule. Evêque de Tours, il a donné sa vie au Christ pour que tous puissent le connaître. Saint Martin nous montre que l’annonce de l’évangile est chemin de paix. Transformés par la présence du Christ en nous, nous devenons des artisans de paix.

Frères et sœurs, prions Marie, reine de la Paix. Associée à son Fils, Prince de la Paix, elle nous apporte son secours dans les œuvres de Paix que nous sommes appelés à accomplir.

+ Jean-Luc BOUILLERET

Archevêque de Besançon