Fête de la Toussaint 2020 — Cathédrale Saint-Jean Saint-Etienne

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Fête de la Toussaint 2020

Homélie du dimanche 1er novembre 2020.

« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux êtes -vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. »

Frères et sœurs, ces paroles de l’évangile résonnent à nos oreilles, nos cœurs et nos intelligences quelques jours après l’attentat de Nice. Trois personnes ont été lâchement assassinées par un terroriste. Nous avons été bouleversés, horrifies et choqués par la violence, la haine manifestées par ces assassinats. Ces morts sont ceux de notre famille puisqu’ils étaient dans une église. Nous les portons dans notre prière.

 Aujourd’hui nous sommes rassemblés pour célébrer la vie et les vivants ; nous célébrons la sainteté de la vie et la sainteté des vivants. La fête de la Toussaint n’est pas la fête des morts mais des vivants. Les saints sont ceux qui tiennent l’humanité en vie. Ils se sont laissés transformer de l’intérieur pour devenir serviteurs de Dieu et serviteurs de leurs frères et sœurs. Ils ont mis en œuvre l’unique commandement, celui de l’amour de Dieu et de l’amour des autres. Le service de Dieu ne peut être que le service de l’humanité. Nul ne peut servir Dieu et tuer son frère. Nul ne peut tuer son frère au nom de Dieu.

En ces jours de confinement nouveau, comment ne pas avoir une pensée forte, une reconnaissance majeure et une admiration pour tous ceux et celles qui sont au service de la santé, de la vie quotidienne, de notre sécurité et de tous les gardiens des liens nécessaires à notre vie. Ils sont des lumières au cœur des ténèbres qui traversent notre société et qui gagnent nos vies quand nous nous replions sur nous.

L’Evangile de ce jour se situe au cœur du sermon sur la montagne dans le récit de Matthieu. « En ce temps-là, Jésus gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui. » Tel Moïse qui donne la loi au peuple de Dieu, Jésus s’adresse aux disciples en un enseignement nouveau. Premier testament et nouveau testament sont intimement liés. Le texte des Béatitudes est pétri d’enracinement dans la première alliance. Jésus, nourri de la Parole de Dieu, nous offre une nouvelle Parole qui accomplit la première.

Pour reprendre une réflexion d’un frère moine, écoutons ce qu’il nous partage : « Nous ne deviendrons jamais saints si nous n’assumons pas notre histoire, avec ce qu’elle comporte aussi de douloureux. Ce poids de péché qui affecte chacune de nos vies est assumé dans la nouveauté du Christ, tissée de sa fidélité au passé. »  Nous ne deviendrons pas saints en fuyant notre passé mais en laissant le Christ mort et ressuscité le transfigurer. La sainteté n’est pas un effort de notre volonté mais un abandon entre les mains de Dieu. La sainteté n’est pas la maîtrise de notre vie mais la dé-maîtrise totale comme Jésus de Nazareth. La sainteté n’est pas une vie extraordinaire mais une vie ordinaire donnée aux autres.

Comment ne pas entendre l’appel du Pape François dans le très beau texte sur la sainteté. « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5, 12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1).

Frères et sœurs, en ces jours de confinement où nous apprenons de nouveau à vivre autrement, allons sur la montagne de nos vies. Laissons toute parole de vie s’enraciner en nous. Laissons le silence nous parler. Laissons la Parole de Dieu irriguer nos vies. Laissons les cris de la terre nous bouleverser. Laisser de côté nos égoïsmes, nos repliements. Fuyons la violence et la haine. Cultivons la pauvreté de cœur, les larmes, la douceur, la justice, la miséricorde, la pureté de cœur.

Laissons Jésus Christ faire en nous sa demeure.

Je voudrais me tourner maintenant vers la Vierge Marie, secours de tout malheur.

« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre nous toujours, Vierge glorieuse, Vierge bienheureuse. » (Sub Tuum Praesidium)

 

+ Jean-Luc BOUILLERET

Archevêque de Besançon