Messe célébrée sans assemblée à la cathédrale — Cathédrale Saint-Jean Saint-Etienne

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Messe célébrée sans assemblée à la cathédrale

Homélie du dimanche 8 novembre 2020

Frères et sœurs, chers amis, nous voici de nouveau entrés dans le temps de la patience, de la solidarité et de la lutte. Ce nouveau confinement nous demande de la patience chaque jour, chaque heure, chaque minute de notre vie ordinaire. Nous nous étions déjà « entraînés » lors du premier confinement mais nous ne sommes jamais prêts à assumer un deuxième temps de confinement sans savoir exactement quand il se terminera. Les chiffres donnés par les instances de santé ne sont pas bons à ce jour. A l’issue de de la première vague, la plupart des scientifiques nous alertaient sur une deuxième vague. Inconsciemment, nous espérions y échapper. Nous avions repris nos activités comme si ce que nous avions vécu se trouvait derrière nous. Nous ne pouvions pas oublier les dizaines de milliers de morts et les séquelles de la pandémie sur les patients et sur la vie sociale de notre pays !

Au sein des communautés chrétiennes, de nombreuses propositions nous ont permis de garder les liens nécessaires à la vie chrétienne. Les outils numériques ont été d’un grand secours mais ils ne dispensent pas les petites communautés domestiques qui sont nées ici ou là.

Le temps de la solidarité est au cœur de la lutte contre la Covid19. Dans une société où l’individu est la mesure de toute décision, nous avons à réapprendre à vivre ensemble. Une société n’est pas la vie côte à côte des individus. Elle demande la conscience d’un corps social et les conséquences qui en découlent.

Nous entendons que la précarité et la pauvreté se développent et continueront à se développer. Qui prendra soin des délaissés si nous tournons le dos à notre prochain qui est notre frère ! La dernière encyclique du Pape François, Fratelli Tutti, nous invite à une longue et profonde méditation sur la parabole du Bon Samaritain. Etre solidaires aujourd’hui et demain est le seul chemin de salut pour toute l’humanité.

Depuis de nombreux mois maintenant, nous entendons cette consigne : « Prendre soin de soi pour prendre soin des autres et prendre soin des autres pour prendre soin de soi. ». Le prendre soin est un bien commun que nous avons à découvrir. Tous les acteurs du monde de la santé sont mobilisés encore et encore. Ils donnent sans compter… Ils sont inquiets. Ils tremblent. Ils ont peur. Ils sont en colère. Tout cela est bien légitime. Alors comment les aider, si ce n’est en évitant toute contamination et en respectant les gestes barrières.

Les lectures de ce jour revêtent une résonnance bien singulière. Elles nous invitent à la vigilance, la prévoyance et l’espérance. Nous connaissons bien la parabole des jeunes filles insouciantes et prévoyantes. Une première lecture peut nous étonner, nous scandaliser. « Nous n’aimons pas les portes qui se ferment brutalement devant nous. » (Luc Forestier). Le refus du partage n’est pas le message que Jésus proclame, au contraire.  Alors où est le message de l’Evangile ?

Il est dans l’invitation à se tenir prêt aux évènements de la vie qui ne surgissent qu’une seule fois. Il s’agit de ne pas laisser passer le temps opportun à une décision, une ouverture ou une action. Un temps favorable est un temps qui passe.

Nous savons aussi que nous fermons la porte à d’autres que nous. Jésus nous parle du Royaume des Cieux. Ce Royaume des Cieux est comparable à « dix jeunes filles invitées à des noces… » Toutes sont invitées mais toutes ne se préparent pas. Le Royaume des Cieux ne s’appuie pas sur notre insouciance ou notre impréparation ; il est là et il s’agit de l’accueillir quand il ouvre ses portes.

L’épidémie de la Covid19 nous a mis dans la même situation que ces jeunes filles. Nous étions prêts et en même temps impréparés à l’invasion nouvelle d’un tel virus. L’expérience nous a appris à être davantage préparés mais nous ne le sommes jamais suffisamment. Les moyens manquent et ce n’est pas en quelques jours qu’ils se construisent.

Tel est l’enseignement de la première lecture qui est un hymne à la Sagesse. La Sagesse est le fruit de l’expérience. Elle permet tout décision ajustée. « Penser à elle est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivrée du souci. »

En ces temps d’épreuves, laissons-nous réconforter par les paroles de l’Apôtre Paul. « Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que nous soyons abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. »

Voici une grande parole d’espérance.

Confions à la Vierge Marie, nos joies et nos peines. Qu’elle nous accompagne sur le chemin qui nous guide vers son Fils Jésus-Christ.

+ Jean-Luc BOUILLERET

Archevêque de Besançon