Homélie du père Michel Naas pour le 28ème dimanche du temps ordinaire - Année B — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 28ème dimanche du temps ordinaire - Année B

Homélie du 28ème dimanche ordinaire - Année B

(Sagesse 7, 7-111 ; Ps 89 ; Hébreux  4, 12-13 ; Marc  10, 17-30)

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Quelle est la vraie richesse ? C’est ainsi que nous questionnent les textes de la Parole de Dieu de ce jour.

    • Le livre de la Sagesse attribué fictivement au roi Salomon nous renvoie au livre des Rois, où, à Gabaon, Salomon ne demande à Yahvé, ni richesse ni gloire, il ne demande que la sagesse pour bien gouverner son peuple. Cette sagesse compte plus que richesse, santé et beauté, car elle est une image de Dieu ou plutôt une Personne qui en cheminant avec nous dans cette vie, nous conduira à la sainteté.

    • La lettre aux Hébreux ! Elle personnifie,elle, la Parole de Dieu, une Parole « énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants », une Parole qui sépare au livre de la Genèse la lumière des ténèbres, une Parole qui donne vie. Cette Parole a été si longtemps oubliée dans notre Église, car seule la messe importait. On voit bien depuis le Concile, que Parole et Eucharistie sont indissociables, car elles sont les deux faces du seul visage de Dieu qu’est Jésus-Christ.

    • L'évangile de saint Marc : ce jeune homme qui se présente devant Jésus, est un juif pieux, sincère qui pratique les commandements depuis sa jeunesse, et Jésus reconnaît tout cela : « Jésus posa son regard sur lui et il l’aima ».

Mais qu’elle est le vrai questionnement de ce jeune homme ? C’est : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Jésus lui fait comprendre que le salut n’est pas dans l’observation de la loi, mais que puisque Dieu est Bon, c’est lui qui ouvre à tout homme les portes de la vie ; il ne reste plus à chacun qu’à l’accueillir. Si l’évangéliste dit « que Jésus l’aima », c’est parce que l’Amour de Dieu est impartial, il aime ce jeune homme comme chacun d’entre nous, avec ce qu’il est, ses ardeurs et ses peurs, avec toutes ses limites. Jésus l’aime et lui révèle le vrai sens de la vie : « va vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, alors tu aura un trésor au ciel. Puis viens suis-moi ».

Qu’est-ce que Jésus dit en fait ? Il dit simplement défais-toi de tout ce qui t’enlise à la terre et t’empêche de regarder vers le ciel : tu as beau suivre toutes les règles de la loi, ce ne sont que des règles de la terre. Le jeune homme riche résiste à l’Esprit-même de la loi de Dieu qui est Amour et Liberté.

    • Ces textes déplacent les ressorts de la vie spirituelle ! Nous croyons que c’est dans la maîtrise de soi et des règles que nous  gagnerons la vie éternelle et que nous avançons vers Dieu, alors que c’est seulement dans l’abandon de toutes certitudes et de toutes règles que l’Esprit nous conduira vers Dieu.

Il est donc question d’oser autrement, de faire nôtre ce qui habituellement nous gène, nous fait honte ou nous pose problème parce que, pas conforme au droit moral ou canonique.

Attention de ne pas mieux savoir que Dieu qui a droit au salut !

Être sacrement, signe, c’est en quelque sorte vouloir le rétrécissement minimum qui nous permettra de passer par le chas d’une aiguille.
Justement, cette semaine, la dynamique sacramentelle de l’Église en a pris un sacré coup. Le journal La Croix titrait : « La douleur et la Honte ».

    • La douleur, nous l’avons tous éprouvée lors de cette annonce, mais je pense que les 300 000 victimes l’ont bien plus ressentie que nous, touchées qu’elles l’ont été dans leurs corps et dans leurs âmes. Elles ont été abusées par des prêtres tout-puissants, « alter christus », autre Christ qui se prenaient pour Dieu d’une certaine manière ; alors on n’osait par les dénoncer et l’on mettait toute cette horreur sous le tapis.
La commission Sauvé parle d’actes systémiques, c’est-à-dire que le système permet car personne n’ose parler : on attaque pas un homme de Dieu, mais l’étaient-ils vraiment hommes de Dieu ces hommes-là ? Hommes de pourvoir sans doute, mais de Dieu ?

    • Après la douleur vient la honte, la honte de faire partie de cette Église, d’un système qui permet, voire autorise, des horreurs pareilles.
Mais de cette Église j’en fait partie, nous en faisons partie, et nous devons assumer la douleur et la honte, et donner à cette Église que nous sommes un autre visage.

La commission Sauvé dit qu’il serait temps de faire un nouveau Concile pour accentuer la dimension synodale de l’Église, pour que l’on comprenne enfin que l’« alter christus » ne concerne pas les prêtres, amis la communauté des chrétiens toute entière, qui est l’autre Christ et que c’est à elle qu’il revient de témoigner d’un Dieu dont le prophète Jonas disait lors d’une eucharistie de cette semaine qu’il est « tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment », et non pas d’un Dieu autoritaire et abusif comme certains prêtres ou certaines idées dans l’Église voudraient nous faire croire.

Michel Naas

Marie-Noëlle Thabut lit et commente l'intégralité des lectures du 28ème dimanche du temps ordinaire, année B

 

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