Homélie du père Maurice Bez pour le dimanche de la Sainte Trinité - Année B — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez pour le dimanche de la Sainte Trinité - Année B

LA SAINTE TRINITÉ (Année B) – 30 mai 2021

(Deutéronome 4, 32-43. 39-40 ; Ps 32 ; Romains 8, 14-17 ; Matthieu 28, 16-20)

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Dieu fait « portes ouvertes » !

 

La fête de la Sainte Trinité, que nous célébrons aujourd’hui, est la seule fête à ne pas commémorer un événement bien daté et bien localisé… dans l’histoire et la géographie. Noël, la Passion, Pâques, la Pentecôte sont des faits historiques, précis, concrets, qu’on peut mettre en image ou encore localiser...

Pourtant la Trinité, si importante pour nous, n’est pas une « idée ». Ce n’est pas une construction intellectuelle de théologiens ou de philosophes. La Trinité n’a pas été élaborée par de savants conciles. Elle s’impose à travers l’Évangile, ou les comportements de Jésus. Il faudrait relire tout l’Évangile, pour y découvrir comment Jésus est tourné vers le Père et promet d’envoyer leur Esprit commun.

Dieu n’est pas un majestueux solitaire… Rappelons-nous, « Faisons l’homme à notre image ! ». Ce pluriel : car si Dieu est « Amour », comment pourrait-il être une transcendante solitude ?

La Sainte Trinité - Eglise des Auxons TrinitéDe plus, avez-vous remarqué la formule qui ouvre nos célébrations ? « La grâce de Jésus notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous ». D’emblée, le Peuple de Dieu se trouve comme animé par la présence d’un Dieu Unique en 3 personnes ! Baptisés « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Nous avons là, une des caractéristiques du christianisme par rapport aux autres religions monothéistes : Dieu : une communion d’amour : La Trinité : c’est Dieu qui fait « portes ouvertes sur son intimité ! »

Et je me demande comment avons-nous pu, pendant des siècles, croire et penser un Dieu, Tout-Puissant, guerrier, vengeur, intolérant. Alors que, dès les premiers mots de la Bible, Dieu se présente lui-même, en disant son nom à Moïse : « Le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour et de vérité ».

C’est le Christ lui-même qui soulève le voile du mystère de l’être intime de Dieu. Il ne théorise rien. Il nous fait confidence d’un mystère de « communion » qui fait éclater nos catégories mentales incapables de penser à la fois l’Un et le multiple. Dieu est unique mais cela ne signifie pas solitaire. « Dieu-Un » ne signifie pas « Dieu-tout-seul » !

Si Dieu est « amour », comment pourrait-il être une transcendante solitude ? Ce mystère révélé du Dieu de Jésus-Christ éclaire l’identité profonde de l’homme, créé à « son image et à sa ressemblance ». L’homme ne peut exister et vivre que dans et par ses relations.

Révélation qui dévoile aussi la source et la finalité de toutes les relations humaines, au niveau du couple, de la famille, de la vie communautaire, ecclésiale.

Ce n’est pas non plus un hasard si Jésus, pour dévoiler ce mystère de la vie intérieure de Dieu, a utilisé des mots tirés de l’expérience relationnelle normalement la plus intime chez des hommes, celle de la vie familiale : le père, le fils, l’esprit de famille.

On se rappelle que dans la Bible Dieu est autant Père que mère !

À la lumière de cette révélation, nous sommes aussi invités à découvrir ce qu’il y a en chacun de nous de masculin et de féminin, de paternel et de maternel, et aussi de filial.

Devenir « père » ou « mère », n’est-ce pas apprendre à donner, à créer ? En chacun de nous, il y a un appel intérieur à être « père » ou « mère », à être créateur.

Chacun de nous l’est à chaque fois qu’il aide un autre à grandir, à être lui-même, à faire « naître » un peu plus d’amour, de vie, d’espérance autour de lui.

Devenir fils, n’est-ce pas apprendre à recevoir, à ne pas être autosuffisant, à accueillir l’estime, l’amitié, l’amour des autres, indispensables pour notre survie ?

L’Esprit qui unit le Père et le Fils est réciprocité amoureuse, échange interpersonnel qui comble l’un et l’autre. Vivre de l’Esprit, n’est-ce pas apprendre à vivre cet échange du don et de l’accueil ?

Nos relations humaines ne sont-elles pas éclairées par cette révélation de la vie intime de Dieu ?

Nous savons par expérience, que si l’amour ne fait que donner, il se dégrade en paternalisme et s’il se contente de recevoir, c’est l’infantilisme.

Chaque fois que j’accepte d’être source de vie pour les autres, chaque fois que j’accepte d’être enrichi par la vie ou l’amour d’un autre, chaque fois que je vis cet échange, je fais l’apprentissage de la vie de Dieu, de l’amour trinitaire.

Toute forme d’individualisme ou toute tentative de fusion est une négation du mystère de l’homme.

N’y a t-il pas une étroite corrélation entre notre conception de Dieu et celle de l’Église ?

Les chrétiens qui ont remplacé le Dieu d’Amour, relationnel, de Jésus-Christ par un Dieu absolu, abstrait, Être suprême, garant supérieur de l’Ordre et de l’individu, sont souvent les défenseurs d’une Église autoritaire et monolithique.

Le croyant qui accueille la révélation d’un Dieu trinitaire s’inclinera davantage à concevoir l’Église comme une « communion », une immense famille unie par de multiples relations fraternelles.

L’amour de Dieu est de se répandre, de se communiquer. Aussi l’Église ne saurait être, sans trahir Dieu, un monde clos, autosuffisant, une forteresse qui se défend des influences extérieures.

Elle doit au contraire, se penser comme le lieu privilégié du dialogue, de l’accueil, de la réciprocité et de la rencontre des hommes. Plus l’Église approfondira le mystère du Dieu trinitaire, mieux elle accomplira la mission que le Christ lui a confiée : « Allez baptiser toutes les nations au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Une fête des « mères », en ce jour, s’enracine dans cette relation d’amour entre les trois personnes divines où tout est don, échange, communion : chacun existe grâce à l’autre et fait exister l’autre… jusqu’à ne faire qu’un !

Bonne fête à toutes « les mères »…

Maurice BEZ

Faites des disciples - Mt 28, 16-20 (Théobule)

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