Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon

Homélie du père Maurice Bez

 

Dimanche 28 janvier 2024 - 4ème dimanche du Temps ordinaire (Année B)

(Deutéronome 18, 15-20 ; Ps. 94 ; 1 Cor 7, 32-35; Marc 1, 21-28)

Télécharger l'homélie

Nous avons besoin de prophètes !

« Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi et vous l’écouterez ». Le peuple d’Israël ne veut plus d’un Dieu qui se manifeste comme au Sinaï, à travers le feu et cette voix jaillie dont on ne sait d’où ! Au contraire, Moïse, lui, annonce la venue de prophètes !

Et Moïse définit ce qu’est un prophète : « Je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai ». Donc, c’est quelqu’un qui parle au nom de Dieu. Il annonce et il dénonce.

Attention, ce n’est pas quelqu’un qui prédit l’avenir ! Quand on regarde tous ces prophètes que Israël va connaître, comme Amos et tant d’autres, ils ont le courage de dénoncer les injustices sociales, l’hypocrisie vécue dans la religion, Il rappelle, au risque de leur vie, que l’exploitation des plus pauvres par les plus riches est toujours le signe que l’Alliance entre Dieu et les hommes est rompue, et que dès lors, le culte est une parodie.

Notre monde a besoin de prophètes de cette trempe, enracinés dans l’histoire de l’humanité, attentifs à son présent et tournés vers son avenir. Dans cette première lecture, nous découvrons l’importance d’écouter la Parole de Dieu. Le prophète est un homme de foi qui a enraciné ses convictions et sa mission dans la méditation de la Parole de Dieu.

Regardons l’évangile de ce jour : on comprend que l’on dira de Jésus, qu’il est le nouveau Moïse.

« Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm… » Oui, Jésus a appelé 4 disciples (Évangile de dimanche dernier) et aujourd’hui Jésus est avec eux, d’ailleurs Marc nous les montrera toujours ensemble. Il y a, déjà là, l’Église. Capharnaüm… dans cette Galilée païenne, une ville cosmopolite, voilà le monde bigarré que Jésus rencontre ; d’ailleurs, il en fera sa ville. Ne dit-on pas « un vrai Capharnaüm ! »

Et que fait Jésus, comme c’est le jour du Sabbat, il se rend à la synagogue. Et Marc va nous dépeindre « une journée type de Jésus et de son équipe ».

On parlera de la fameuse journée de Capharnaüm avec quatre actions caractéristiques de Jésus : 1ère, Jésus enseigne ; 2ème, Jésus libère les démons ; 3ème, Jésus guérit les malades ; 4ème, Jésus prie. Jésus commence sa journée en allant à la Synagogue, un jour de Sabbat : c’est le lieu officiel du judaïsme, la Maison pour tous, il va là où se rassemblent le plus de gens. Il cherche le contact.

« Et là, il enseignait… » Il y a 3 fois de suite, le mot enseignement. Pour Jésus, c’est la Parole qui est première. Dommage que l’on n’aie pas le contenu de l’homélie. En tout cas, on est « frappé » par sa parole. Habituellement, ce sont les scribes qui ne faisaient que répéter une leçon apprise. Mais Jésus, lui, se fait remarquer d’emblée par « l’autorité » de sa parole. Ça veut dire quoi ? Que Jésus disait des paroles qui sortaient de lui, de l’intérieur, qu’il avait « digérées », mais n’est-il pas la Parole ? Quand quelqu’un parle avec conviction, ça se sent : « il y croit » ; il s’engage dans sa Parole.

Et moi, quand je parle de Dieu, de l’Église, est-ce que ça se sent que j’y crois ? Suis-je un « scribe », ou un « témoin » ? Est-ce que je me contente de répéter des leçons apprises ? Ou bien, la Parole de Dieu est-elle devenue mienne, intériorisée, méditée ?

« Un homme tourmenté par un esprit mauvais se mit à crier ». 23 fois, dans le Nouveau Testament, il est question de l’ « esprit impur »… celui qui s’oppose à la sainteté de Dieu. Cet homme tourmenté, c’est le symbole de l’homme « aliéné », « possédé », sur qui une sorte de force inhumaine a mis la main, en l’enchaînant !

En réalité, Marc fait commencer l’activité de Jésus par un exorcisme, parce qu’il y voit « le résumé » de l’activité de Jésus : il vient libérer l’homme esclave des puissances qui l’aliènent… Le monde change de maître, c’est le règne de Dieu qui commence !

« Jésus l’interpella vivement : Silence, sors de cet homme ! » Cet homme vient révéler avant l’heure qui est Jésus ! C’est trop tôt ! La vraie identité de Jésus ne peut se révéler que progressivement. Déjà, dès le début de sa vie publique, Jésus est affronté aux forces du mal, aux ténèbres… ce sera pour lui un combat permanent…

Ce sont les puissances qui gouvernent le monde. Nous les connaissons bien : elles s’appellent amour de l’argent, culte de notre propre image,  recherche du pouvoir…

À notre baptême, on nous a dit que nous devenions « Prêtre, Prophète, Roi »… Nous avons un rôle de prophète à vivre au milieu de ce monde. Nous regardons les hommes, les évènements, l’histoire dans la lumière de l’Alliance. St Paul, dans la 2ème lecture, nous dit que, quel que soit le choix de vie, nous avons à favoriser une unité de vie. « J’aimerais vous voir libres ». Et il ajoute que nous devons avoir « souci des choses du Seigneur » et non des « choses de ce monde », en un mot, il résume : « que vous soyez attachés au Seigneur sans partage » !

Maurice BEZ