Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 21 janvier 2024 – 3ème dimanche du Temps ordinaire - Année B

(Jonas 3, 1-5-10 ; Ps. 24 ; 1 Cor 7, 29-31 ; Marc 1, 14-20)

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Rien n’est joué d’avance !

« Il était une fois un homme assis près d’une oasis, à l’entrée d’une ville du Moyen-Orient.
Un jeune homme s’approche et lui demande : « Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? Le vieil homme répond par une question : « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? « Égoïstes et méchants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais content de partir »
Tu trouveras les mêmes ici, lui répondit le vieil homme.
Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et lui posa la même question : « Je viens d’arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? »
Le vieil homme répondit de même : « Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens d’où tu viens ? « Ils étaient bons, bienveillants, honnêtes. J’y avais de nombreux amis et j’ai eu beaucoup de mal à la quitter. »
Tu trouveras les mêmes ici, répondit le vieil homme.
Un marchand qui faisait boire ses chameaux, avait entendu les deux conversations. Dès que le second jeune homme s’éloigna, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche :
« Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux personnes ? »
« Mon fils, dit le vieil homme, chacun porte son univers dans son cœur. D’où qu’il vienne, celui qui n’a rien trouvé de bon par le passé ne trouve rien ici non plus. Par contre celui qui avait des amis dans l’autre ville trouvera ici aussi des amis loyaux et fidèles. Car, vois-tu, les gens sont vis-à-vis de nous ce que nous voulons trouver en eux. »

C’est le livre de Jonas qui introduit la liturgie de ce dimanche. C’est le plus petit livre de la Bible : on le connaît mal. C’est un conte. Je vous invite à le lire. Et comme tout conte, il contient un message. Écrit par des juifs au 5ème siècle avant notre ère, la lecture d’aujourd’hui, c’est le seul extrait que nous lisons un dimanche.

Dieu veut sauver les Ninivites. Donc, il envoie Jonas demander à ce peuple de se convertir. Cependant, Jonas ne veut pas y aller : Jonas est un raciste, il n’y a rien de bon à attendre de cette grande cité païenne, plongée dans l’ignorance et le péché. C’est là son sentiment. Il prendra le chemin contraire à Ninive et après quelques péripéties (Jonas dans le ventre d’une baleine, ou en plein soleil à l’ombre d’un riçin…)… Peut-il y avoir au cœur de ces gens dévoyés et ignorants des sentiments généreux et le désir de rencontrer Dieu ?

Nous connaissons la suite. Contre toute prévision, voici que grâce à la prédication de Jonas, qui n’en croit pas ses yeux, toute la ville, prince en tête, fait pénitence et se convertit, sans attendre l’expiration de l’ultimatum de 40 jours fixés par le prophète.

Quel démenti, à travers ce récit, lancé à tous ceux qui baissent les bras devant les innombrables Ninives modernes, apparemment loin de Dieu ?

Retenons que Celui qui porte la Parole du Seigneur ne choisit pas ses destinataires. Il doit aller partout même chez ceux qu’il n’aime pas. Car ce n’est pas lui qui agit, mais la force de la Parole de Dieu. Ce livre de Jonas montre avec humour que Dieu est le Dieu de tous, y compris de ses ennemis ! « Ma maison est une maison de prière pour tous les peuples ! », quels qu’ils soient !

N’est-ce pas le même défi que relève l’Évangile d’aujourd’hui où Jésus inaugure, comme par un fait exprès, son ministère en Galilée, cette contrée mal famée, Galilée des nations, carrefour des païens, terre de ténèbres et de débauche. Une de ses cités, Capharnaüm, n’est-elle pas devenue symbole des pires désordres ? Ne disons-nous pas : ici, c’est un véritable Capharnaüm ?

Dans l’Évangile de ce jour, ça bouge ! Il y a du mouvement. « Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André… en train de jeter les filets… » Il leur dit : « Venez… et ils le suivirent ». Un peu plus loin, deux autres, il les appelle et « ils partirent à sa suite ». Voilà ces travailleurs de la mer saisis par le Christ, ils ne le quitteront plus, on les verra toujours avec Jésus dans l’Évangile de Marc.

La foi ne porte pas sur une doctrine, ni sur des idées, mais sur une personne. Lorsque Jésus demande de croire à la Bonne Nouvelle, cela veut dire qu’il faut adhérer à lui, le suivre, s’attacher à sa personne. « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent… » ou « laissant leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui ».

Y-a-t-il encore une Bonne Nouvelle pour notre monde d’aujourd’hui ? Oui, dans la petite histoire du début de cette homélie, celui qui sait voir le bien, l’amour dans les autres saura bien découvrir que le Royaume  c’est quelqu’un : le Christ, qui est là, bien présent et agissant en nous et dans le monde et qu’il peut aller partout porter la Parole ! Qui n’est pas la sienne, mais celle de Dieu. La Parole n’est pas ma force personnelle, mais celle de Dieu.

Rappelons-nous, Bernadette Soubirous à Lourdes, va voir son curé : « La dame m’a dit de vous le dire, mais pas de vous faire croire ! » Osons dire la Parole de Dieu ! Elle fera bien son chemin dans l’autre qui écoute !

Maurice BEZ