Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 3 mars 2024 - 3ème dimanche de Carême

(Exode 20, 1-17 ; Ps. 18 ; 1 Corinthiens 1, 22-25 ; Jean 2, 13-25)

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Dans la 1ère lecture, vous avez vu les mots par lesquels Dieu se présente : « Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi ». « Ton Dieu… ». Dieu se découvre comme un être de relation avec les hommes. Il est le Dieu d’une « Alliance », il veut faire de l’homme un partenaire libre et responsable, capable de répondre à son amour.

Pourquoi Dieu donne-t-il les 10 commandements ? C’est pour permettre à l’homme d’être libre et de manifester sa relation d’amour envers Dieu et envers les hommes. « Écoute, Israël, écoute les commandements et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples ». On sait qu’aujourd’hui la loi n’a pas bonne presse : « Il faut vivre sans contrainte … Je suis libre ! » dit-on.

Néanmoins on constate l’absence de repères chez bon nombre de jeunes ou moins jeunes, et le soupçon jeté sur toute forme d’interdit. On tue facilement, témoins ces derniers évènements dans la banlieue parisienne.

Pour le peuple d’Israël qui sortait de l’esclavage en Égypte, les dix commandements étaient « un passeport pour la liberté ». Seuls les peuples libres ont des lois ; les esclaves ou les peuples sous domination d’un despote, sont soumis à l’arbitraire. Toute loi est contraignante, il est vrai. Mais sans loi, un être humain ne peut pas se structurer, comme disent les psy. Un homme ne parvient pas à se construire si une voie ne lui est ouverte pour contrer et canaliser ses pulsions et ses instincts. Sans loi, on ne peut pas grandir en humanité et vivre ensemble. Sans code de la route, il n’y a plus de route possible !

Ce qui est vrai de la loi l’est aussi du Temple. Il ne peut être séparé de l’Alliance, et il est un lieu privilégié de la rencontre de Dieu et de son peuple. Ce passage d’évangile nous choque. Nous n’aimons pas voir Jésus en colère. Les 4 évangélistes ont raconté la scène. C’est dire l’enjeu… de taille. En tout cas, les témoins de la scène ont été horrifiés. Mais que voulait dire Jésus ? Pourquoi a-t-il mis tant d’acharnement contre les changeurs et les marchands ? Ils étaient indispensables pour que puisse exister le culte. Il fallait bien les bêtes à offrir en sacrifice. Mais Jésus, en faisant ce geste, s’en prenait au culte lui-même. En renversant les comptoirs, il renversait la religion. Pour comprendre, il faut savoir que Jésus se rattache à la grande lignée des prophètes. Bien avant lui, les prophètes n’y allaient pas de main morte pour dénoncer les pratiques du temple. Ainsi Isaïe : « Je suis rassasié de vos holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. N’apportez plus vos offrandes inutiles. C’est pour moi une fumée insupportable. Recherchez plutôt le droit et la justice ». Oui, les prophètes dénonçaient, et avec quelle vigueur, l’incohérence entre ce qu’on célébrait dans le temple et ce qu’on pratiquait dans la vie quotidienne.

Et voilà que Jésus annonce : « Détruisez ce temple, et moi, en 3 jours, je le rebâtirai ». « Le nouveau temple, c’est moi », dit Jésus. Il fait allusion à sa mort et à sa résurrection, le troisième jour. Personne ne comprend cette phrase, même pas ses disciples. En réalité, Jésus annonce à l’avance : « Vous pouvez détruire ce temple… désormais, le lieu de la rencontre de l’homme avec Dieu, ce ne sera plus le temple, ce ne sera plus un lieu, mais c’est quelqu’un : ce sera moi ». C’est le Corps du Christ.

Désormais, la présence de Dieu n’est pas dans une construction de pierre, mais au cœur de l’humanité, dans le corps du ressuscité. Saint Paul nous le rappelle : « Vous êtes le Corps du Christ » (1 Cor 12, 27). « Ne savez-vous pas que votre corps est le Temple du Saint-Esprit qui habite en vous ? » (1 Cor 6, 19).

Cependant, nos églises restent le lieu privilégié où ensemble nous formons le Corps du Christ.

Contrairement aux Juifs qui réclament des signes et aux Grecs qui recherchent une sagesse, entrons avec confiance, et avec tout nous-mêmes dans ce mystère du Messie crucifié.

Maurice B.