Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

Homélie du 25ème dimanche ordinaire - Année C

(Am 8, 4-7 ; Ps 112 (113), 1-2, 5-6, 7-8 ; 1 Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13)

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Voici des textes très étranges que ceux de la liturgie d’aujourd’hui : ils nous renvoient à l’argent et à l’attitude que l’on doit avoir avec les plus pauvres. On pourrait presque dire que c’est la première ébauche de la doctrine sociale de l’Église qui ne prendra forme qu’au 19ème siècle avec le Pape Léon XIII et l’encyclique « Rerum Novarum », et qui ouvrira la porte aux mouvements d’action catholique quels qu’ils soient.

L’argent, il en est fait très souvent mention dans la Bible, comme de la manière de s’en servir. Mais n’oublions pas que dans l’antique Israël, avoir de l’argent, c’est être béni par Dieu. Richesse et fortune, fécondité sont les signes de la bienveillance de Dieu à l’égard de l’homme, tandis que la pauvreté et la stérilité sont les signes que Dieu nous a abandonnés. On peut faire aussi le lien avec la maladie qui est punition du divin. Mais dans le livre d’Amos, le prophète va plus loin, il met en œuvre la mesquinerie de l’homme qui bien sûr accomplit son devoir envers Dieu, mais trompe les hommes sur la marchandise en allant jusqu’à vendre les déchets du froment.

Le prophète a pour mission de rappeler l’absolu de Dieu, et cet absolu ne passe pas sans l’amour du prochain. Il n’est pas question « d’acheter le pauvre pour un peu d’argent ». Amos invite Israël, Amos nous invite à nous convertir dans le domaine de la justice sociale, à remettre au cœur de notre foi cette parole de Saint Jean dans sa première lettre : « celui qui dit aimer Dieu qu’il ne voit pas mais n’aime pas son frère qu’il voit est un menteur ».

Cette relation à l’argent a toujours été ambiguë dans l’Église. Au Moyen- Âge la fonction de banquier, d’usurier disait-on à l’époque était dévolue aux juifs, ces renégats. Et l’on s’étonne que des siècles plus tard la question de l’antisémitisme est souvent reliée à une question d’argent. Mais tout cela a quelque chose à voir avec l’esprit de propriété, qui souvent aveugle, nous fait exploiter le prochain, et le réduire en esclavage.

Et quand Jésus nous donne à penser avec cette parabole sur le gérant malhonnête, il y a en filigrane la parabole de l’impôt à César, du jeune homme riche, de l’amour des parents, des frères… Il est question d’argent certes, mais il est surtout question d’idolâtrie et de tout ce qui peut prendre la place de Dieu et l’amour du prochain. C’est tout simplement cela que veut dire on ne peut servir deux maîtres.

Michel Naas