Chapelle de la Mission à École-Valentin
© photos : Racines comtoises
Une chapelle affectée au culte… et un dépôt d’art sacré
En 1814, en vertu du Concordat, les Missionnaires diocésains font construire à École-Valentin (1816-1818) un vaste ensemble, avec chapelle, où ils sont restés jusqu’en 1977.
Qui sont les missionnaires diocésains ?
Les Missionnaires ont été créés par le franc-comtois Jacques Crétenet (1603-1666), né à Champlitte, médecin installé à Lyon. Ils sont des prédicateurs, des catéchistes, des confesseurs et directeurs de séminaires plus particulièrement destinés à préparer des prêtres missionnaires des campagnes.
Ils s’installent d’abord à Besançon (église Saint Pierre), puis à Beaupré (Thise) où ils résident jusqu’à la Révolution. Envoyés par leur évêque, les Missionnaires diocésains sont des prêtres qui se rendent dans les paroisses du diocèse pour y rencontrer les habitants dans un but pastoral. Cette « mission » de l’Église est supprimée en 1977. Les locaux ont été vendus, seule la chapelle a été conservée et reste la propriété du diocèse.
Un Conservatoire du Patrimoine religieux
La chapelle est mise à disposition de la Commission diocésaine d’art sacré. C’est là que sont mis en dépôt les objets qui, à la suite du renouveau liturgique décidé par le Concile Vatican II, ne sont plus utilisés et que les paroisses ne peuvent pas ou ne veulent pas garder ? L’Association de Bénévoles pour l’Entretien du Patrimoine (APEB) s’est alors constituée. Son but : trier, classer, réparer, entretenir, conserver ces objets : reliquaires (dont celui qui contient une ceinture de la Vierge), ostensoirs, vases sacrés, vêtements brodés, tableaux. Même si ces objets ne sont plus utilisés, ils restent le reflet de l’histoire du diocèse, un petit patrimoine qu’il faut conserver, entretenir pour qu’après nous, nos enfants, petits-enfants et bien plus encore puissent découvrir tous ces objets façonnés par « des petites mains », artisans d’art, couturières, pour la beauté de la liturgie et de la maison de Dieu.
Des vitraux témoins du renouveau de l’art sacré
Mais la chapelle est loin du passéisme. Elle est dotée d’un ensemble de vitraux conçus par Marie-Alain Couturier (1897-1954), peintre, prêtre dominicain et réalisés par Paul Bony (1911-1982), le maître-verrier d’Henri Matisse pour les vitraux de la chapelle du Rosaire à Vence.
Détruits par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, les vitraux de la chapelle de la Mission sont posés entre 1947 et 1950. Personnages bibliques, scènes historiées sont serties dans la lumière grâce aux couleurs vives. Le Père Couturier est un coloriste qui aime faire résonner des sonorités, vibrer des tons. Des rouges et ocres rouges caractérisent sa palette. Il recherche dans le vitrail à faire épanouir ses aspirations à la fois chrétiennes et picturales. Par le contraste entre les visages austères traités en grisaille, ces masques percés de regards profonds illuminés ou douloureux et les riches couleurs des fonds, des bordures et des personnages habillés somptueusement, se concentre une vie spirituelle intense. C’est l’artiste qu’il fallait pour la chapelle.
Les bénévoles de l’association proposent des visites plus particulièrement le 15 août où la chapelle est ouverte de 14h30 à 18h et pour les journées du patrimoine de 14h30 à 17h.
Pascale Bonnet,
Membre de la Commission diocésaine d’Art sacré
(Article publié dans Église de Besançon n° 13, juillet 2022)