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Diocèse de BesançonCentre Diocésain Antoine-Pierre 1er de Grammont - BESANCON

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La chapelle du Séminaire

La Chapelle est le premier bâtiment du nouveau séminaire à être construit pour montrer la priorité à la prière commune.

L'architecture

La première pierre a été posée en 1670 et elle fût consacrée en 1688 alors que les travaux n’étaient pas totalement terminés. Une chapelle est un établissement de formation professionnelle spécialisée pour les prêtres catholiques c’est pourquoi on n’y trouve pas de clocher pour appeler les fidèles, pas de chair pour enseigner, pas de confessionnal pour la pénitence ou pas de baptistère pour baptiser.

De la rue, sans recul, on ne voit que la façade de 1684, en légère avancée sur les maisons d’habitation. Elle présente une façade à la fois sobre et élégante – en belle pierre dure, bleue et ocre, dite de Chailluz – avec sa porte d’entrée encadrée de deux niches vides encadrés de pilastres et ornées de grandes fleurs stylisées, avec son second niveau reprenant le premier en écho, sans fronton.

La chapelle est organisée selon le modèle à retable du Concile de Trente qui place l’eucharistie au centre de la vie spirituelle. Quand on entre, le regard se porte naturellement sur le retable et l’autel surélevé de trois marches. Le maître-autel est en marbre polychrome avec de la pierre rouge de Sampans (Jura). Dans les deux niches latérales se trouvent les statues de saint Ferréol et saint Ferjeux, disciple de saint Irénée, qui auraient apporté le christianisme à Besançon à la fin du IIe siècle ap. JC.

La décoration

La nef combine des structures classiques, avec des pilastres corinthiens, et gothiques, avec des voûtes nervurées. La disposition intérieure répond aux formes préconisées par le Concile de Trente: la croix latine, les lignes classiques  et sobres sans autre déco que des fleurs stylisées.

Le reste de la décoration datant des années 1895 est liée à l’enseignement des prêtres. Les trois toiles monumentales du peintre comtois Aubert  représentent la « Présentation de Jésus au Temple » pour symboliser la présentation et le don de la vie du séminariste à l’Eglise, la « Mission des apôtres » par anticipation de la mission et de la prédication des prêtres et « La Cène » car c’est la première messe.

Les vitraux de Félix Gaudin, maitre verrier parisien, évoquent quant à eux les différentes étapes de la formation des séminaristes – du portier jusqu’au prêtre et à l’évêque – signifiées par les objets liturgiques correspondant à chaque fonction et une phrase des rituels d’ordination du Concile de Trente.

Les vitraux

Félix Gaudin, 1851-1930

Félix Gaudin est né à Paris en 1851. Après la guerre de 1870, il hérite de son beau-père une verrerie à Clermont-Ferrand qui devient la plus grosse maison de vitraux de la ville. Il est tout à la fois connu comme mosaïste : il réalise notamment le décor de la crypte de Lisieux, et en tant que maitre-verrier comme son fils Jean et son petit-fils Pierre.

En Auvergne, il réalise de nombreux vitraux pour des particuliers comme pour des maisons religieuses, mais sa production déborde vite le cadre local pour se répandre en France et à l’étranger : vitraux du séminaire d’Issy-les-Moulineaux, du temple de Saintes, du théâtre de Buenos-Aires, de l’hôtel de ville de Dunkerque ou ceux de l’ancienne chambre de commerce et d’industrie de Paris …

En Franche-Comté, il réalise les vitraux des églises de Seloncourt, de Bulle, du Pissoux, ceux de la chapelle de l’hôpital de Pontarlier.  Mais surtout, il reçoit les commandes de l’ensemble des verrières de la basilique des Saints-Ferréol-et-Ferjeux et de ceux de la chapelle du Grand séminaire de Besançon.

En 1890, il revient s’installer à Paris et obtient un grand prix, deux médailles d’or et d’argent à l’exposition universelle de 1900. En 1914, son fils est déclaré inapte au service national, il décide alors de s’engager à sa place : il a 63 ans ! Il meurt en 1930.

Un cahier des charges précis

Félix Gaudin fait ici preuve d’une grande originalité en proposant des créations bien éloignées du goût de son époque pour le style néogothique.

L’architecte Edouard Bérard (1843-1912) est élève de Viollet-le-Duc et de Delacroix. Formé à l’école des Beaux-Arts de Paris, architecte en chef des Monuments Historiques pour le Doubs et la Haute-Saône, architecte diocésain, il est chargé en 1894 du chantier de la chapelle du séminaire. Celle-ci a souffert sous la période révolutionnaire, un nettoyage s’impose. Il s’agit aussi de remplacer les vitres blanches de l’époque de la construction qui ne sont plus au goût du XIXe siècle.

Le cahier des charges est précis :

  • Créer une atmosphère colorée que l’on estime propice au recueillement
  • Le thème de ces vitraux doit être « un stimulant moral » pour les jeunes clercs qui se préparent à la prêtrise
  • Il est souhaité un enseignement esthétique « dont ils s’imprégnassent presque inconsciemment »
  • Il fallait encore rappeler les dévotions du diocèse : le miracle de Faverney de 1608 et le Saint -Suaire de Besançon
  • On tenait enfin à rendre hommage aux Grammont, fondateurs de la maison.
  • S’ajoutent aussi des raisons pratiques : laisser le plus de lumière possible puisque les fenêtres basses sont bouchées, et être suffisamment lisible aux regards situés huit mètres plus bas, « masquer la vue de certains voisinages peu intéressants » (!!).

Le thème des verrières de la nef et du transept

Le choix de Félix Gaudin est tout à fait original. Comment apporter un « stimulant moral » aux jeunes séminaristes ? Ainsi, choisit-il de représenter, dans la nef, les différentes étapes de la formation des élèves pendant leurs quatre années d’étude au Grand séminaire. Dans le transept, le sacerdoce et l’épiscopat représentent l’aboutissement du ministériat. Le miracle de Faverney et le Saint-Suaire de Besançon se situent de part et d’autre du chœur. Enfin, dans l’axe de la nef, dos à la rue, le vitrail fait honneur aux Grammont de Villersexel.

La construction est semblable pour l’ensemble des verrières : une bordure colorée et décorée de feuillage dont le détail diffère d’un vitrail à l’autre, un fond bleu sur lequel se détachent les instruments de la porrection (rite qui consiste à présenter et à faire toucher aux ordinands les instruments qui symbolisent leurs nouvelles fonctions), une phrase du rituel en latin.

Les dévotions du diocèse

De part et d’autre du chœur, les verrières font mémoire de deux dévotions du diocèse : le miracle eucharistique de Faverney de 1608 lorsque l’ostensoir resta suspendu dans les airs pendant trente-trois heures, et le Saint-Suaire de Besançon.

Dos à la rue, la verrière des fondateurs, offerte par le marquis de Villersesel, reprend la façade de la chapelle en y ajoutant dans les niches des statues qui, probablement, n’ont sans doute jamais existé. Les armoiries des Grammont et les G majuscules de la bordure rendent hommage à cette famille de Villersexel qui a donné trois archevêques à Besançon. Comme l’indiquent les inscriptions sur les bandeaux :

Antonius Petrus Fundavit 1670

Franciscus Josephus Ampliavit 1712

Antonius Petrus Perfecit 1740

 

Tout cet enseignement est exprimé dans une beauté simple : beauté en hommage à la Création et au Créateur, et simplicité évangélique, tout un programme.

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